Question de M. BELIN Bruno (Vienne - Les Républicains-R) publiée le 10/11/2022

Question posée en séance publique le 09/11/2022

M. le président. La parole est à M. Bruno Belin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Belin. Monsieur le président, mes chers collègues, la France est à sec !

À sec d'argent, à sec d'eau, à sec d'électricité, à sec de gaz, à sec de nucléaire, à sec de médecins… Et maintenant à sec de certains médicaments : Spasfon et Gaviscon, nous cherchons ; amoxicilline et paracétamol aussi rares que le pétrole ; en cette période d'épidémie de bronchiolite, c'est dramatique !

Ce sont pourtant des médicaments matures, peu onéreux et essentiels tout au long de l'année.

Monsieur le ministre de la santé, ma question est si simple qu'elle inquiète les professionnels de santé et les patients : quelle est votre stratégie pour que la France puisse retrouver sa souveraineté sur les produits de santé ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC. – Mme Marie-Noëlle Lienemann et M. Pierre Ouzoulias applaudissent également.)


Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 10/11/2022

Réponse apportée en séance publique le 09/11/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention. (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. François Braun, ministre de la santé et de la prévention. Monsieur le sénateur Belin, le Président de la République a fixé un cap lors du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) de 2021. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Il s'agit de réindustrialiser et de garantir notre capacité d'approvisionnement et notre souveraineté, tout en maintenant un taux de croissance de l'industrie du médicament supérieur à 2 %.

Nous avons deux objectifs : favoriser l'innovation et soutenir l'accès aux médicaments innovants, d'une part, maintenir l'accès à des médicaments plus anciens, mais particulièrement utiles, tels que le paracétamol, vous en avez parlé, d'autre part. C'est un enjeu majeur de santé publique, bien sûr. S'agissant des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM), nous avons renforcé les obligations, qu'il s'agisse du volume des stocks ou des moyens et des dispositifs d'alerte en cas de crainte de rupture.

Toutefois nous connaissons en ce moment – j'en conviens – des tensions sur certaines formes de médicaments, en raison de la reprise du covid-19. Par exemple, l'amoxicilline sous forme de sirop est difficile d'accès, alors que les autres formes sont facilement accessibles.

M. Bruno Belin. Pour les bébés, ce n'est pas pratique !

M. François Braun, ministre. Vous avez évoqué la bronchiolite. Je suis obligé, en cette semaine de l'antibiorésistance, de bien préciser que la bronchiolite est une maladie virale pour laquelle il ne faut pas prescrire d'antibiotiques, au risque de développer l'antibiorésistance.

M. Bruno Belin. Merci docteur !

M. François Braun, ministre. Je suis en temps réel, bien sûr, ces situations complexes, en lien avec l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

J'ai demandé aux industriels de faire preuve de transparence. Il est difficile de faire la part des choses entre la déficience de produit actif et la déficience de capacité d'emballage, aussi bien en verre qu'en carton.

Mme Cécile Cukierman. Une plateforme est disponible en Isère !

M. François Braun, ministre. Nous avons un plan pénurie, vous le savez, sur lequel je ferai bientôt le point.

En ce qui concerne le développement d'une filière française de l'industrie du médicament, également voulue par le Président de la République, je vous rappelle que, dans le cadre du plan France 2030, quelque 7,5 milliards d'euros ont été investis dans cette filière.

Monsieur le sénateur, pour reprendre l'exemple du paracétamol dont vous avez parlé, une nouvelle usine, qui produira 10 000 tonnes de paracétamol, ouvrira l'année prochaine en Isère,…

M. Michel Savin. Très bien !

M. François Braun, ministre. … afin de couvrir largement le marché français. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Bruno Belin, pour la réplique.

M. Bruno Belin. Dont acte ! Je pense que vous-même, monsieur le ministre, ainsi que votre collègue Agnès Firmin Le Bodo êtes de bonne volonté, mais Le sirop typhon, c'est fini !

À force d'avoir asphyxié, depuis des années, le prix du médicament, Bercy a tué une industrie nationale stratégique. (M. Gérard Longuet applaudit.) Le coup de la panne du Doliprane est révélateur d'une France exsangue.

Voici la réalité : Sanofi est incapable de faire un vaccin ; des médicaments sont contingentés tous les matins ; l'accès à la santé est plus compliqué… La réalité, c'est la régression indiscutable de la puissance sanitaire de la France ! La mascarade des masques a illustré de façon insoutenable cette impuissance – cette faiblesse –, et aujourd'hui, ce sont des médicaments qui manquent !

Il faut réindustrialiser la France, car c'est par là que passe le combat pour la santé – et donc pour la vie. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC. – Mmes Cathy Apourceau-Poly et Cécile Cukierman applaudissent également.)

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