Question de Mme JASMIN Victoire (Guadeloupe - SER) publiée le 08/12/2022
Mme Victoire Jasmin souhaite attirer l'attention de M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion sur l'inadéquation de l'offre de formation et les perspectives d'insertion des jeunes en outre-mer.
En effet, les récentes études de l'institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) sur la projection de la population en Guadeloupe montre depuis plusieurs années une tendance au déclin démographique.
En 2018, la population guadeloupéenne était de 388 000 personnes et elle pourrait atteindre 314 000 habitants dans 20 ans (en 2042), puis 242 000 habitants en 2070, si les tendances démographiques actuelles se confirment.
Cette situation hautement préoccupante, dénote en réalité d'une inversion de la courbe des naissances, d'un vieillissement généralisé de la population et d'une migration massive des 18-35 ans.
Ce dépeuplement est principalement accentué par le départ de très nombreux jeunes qui partent pour se former ou pour travailler en hexagone ou à l'étranger, et qui ne reviennent pas ou presque pas.
La crise sociale et économique de ces dernières années à renforcer le sentiment d'une absence de perspectives pour nos jeunes, en dépit des dispositifs mis en œuvre par les collectivités territoriales.
De plus, il est souhaitable d'accorder une attention particulière envers les femmes, qui pâtissent toujours de diverses discriminations à l'embauche et à la rémunération.
En effet, au-delà des contraintes liées à l'employabilité et à la faiblesse de l'offre de formation, elles doivent être en capacité de concilier vie familiale et vie professionnelle.
Aussi, il devient urgent de répondre aux revendications légitimes de tous les acteurs de l'insertion, pour la mise en place de formations en adéquation avec la réalité des besoins exprimés par les entreprises, pour concourir à une meilleure employabilité des jeunes.
Pour cela, il est plus que nécessaire de prévoir des mesures fortes pour favoriser l'emploi des natifs et le retour des forces vives sur leurs territoires d'origine, afin d'enrayer la baisse de la démographie et le chômage de masse.
Les collectivités locales, ainsi que les acteurs de l'orientation, de l'emploi, et de l'insertion, attendent des moyens et des mesures d'accompagnement, pour mettre en évidence des potentialités de développement en matière d'agriculture et de pêche, de souveraineté alimentaire, de silver économie, de recherches fondamentales mais aussi, de l'économie sociale et solidaire.
Ainsi, elle souhaite connaitre quelles sont les mesures envisagées, par le Gouvernement pour favoriser la mise en place d'une offre de formation adaptée aux besoins de chaque territoire.
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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de la transition numérique et des télécommunications publiée le 14/12/2022
Réponse apportée en séance publique le 13/12/2022
M. le président. La parole est à Mme Victoire Jasmin, auteure de la question n° 308, adressée à M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion.
Mme Victoire Jasmin. Ma question, qui s'adresse au ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion, concerne l'inadéquation entre l'offre de formation et les perspectives d'insertion des jeunes en outre-mer, et singulièrement en Guadeloupe. Il faut apporter des solutions aux entreprises, certes, mais aussi aux jeunes et à leurs familles.
Les récentes études de l'Insee sur la population en Guadeloupe montrent depuis plusieurs années une tendance au déclin démographique. Cette situation, hautement préoccupante, résulte d'une inversion de la courbe des naissances, d'un vieillissement généralisé de la population et d'une émigration massive des jeunes âgés de 18 à 35 ans en âge de procréer, donc. Le dépeuplement est donc accentué par le départ de très nombreux jeunes, qui partent pour se former ou pour travailler dans l'Hexagone ou à l'étranger, et ne reviennent malheureusement pas.
Nous devons de surcroît porter une attention particulière aux femmes, qui pâtissent toujours de diverses discriminations à l'embauche et à la rémunération.
Nous pouvons résoudre ces problèmes si nous mettons les formations en adéquation avec les besoins des entreprises et des territoires.
Monsieur le ministre, quelles mesures le Gouvernement entend-il prendre pour mettre en place une offre de formation adaptée aux besoins de la Guadeloupe et de chaque territoire des outre-mer ?
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Jean-Noël Barrot, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de la transition numérique et des télécommunications. Madame la sénatrice, la question de la formation initiale et continue est capitale pour le développement des territoires ultramarins, en particulier de la Guadeloupe, dont vous avez rappelé l'important déficit démographique. Nous devons poursuivre nos efforts pour toujours mieux accompagner nos jeunes et les préparer aux compétences dont nos territoires ultramarins ont besoin.
L'apprentissage est l'un des leviers efficaces de formation des natifs sur leurs territoires, qui garantit de plus l'adéquation aux besoins des entreprises. Pour la Guadeloupe, ce ne sont pas moins de 2 570 apprentis qui se sont formés dans une entreprise du territoire, alors qu'ils n'étaient que 175 en 2017 !
Afin de permettre l'apprentissage de tous les gestes professionnels sans recourir à de la mobilité contrainte en métropole, nous allouons annuellement au conseil régional de Guadeloupe environ 6 millions d'euros pour soutenir les investissements et le fonctionnement des centres de formation d'apprentis (CFA). Par ailleurs, l'État s'engage durablement aux côtés des territoires pour le développement de l'apprentissage, en maintenant une aide à l'embauche d'apprentis de 6 000 euros, qui concernera bien entendu les entreprises de Guadeloupe.
La réforme que nous porterons sur le lycée professionnel s'accompagnera d'une réflexion sur la carte des formations pour ouvrir des filières davantage en adéquation avec le tissu économique du territoire et plus en cohérence avec les métiers de demain. L'État, via le plan France 2030, accompagnera les collectivités dans le renouvellement des plateaux techniques et la formation des professeurs aux métiers de demain pour accélérer le processus, garantir le maintien des jeunes sur les territoires et favoriser leur insertion dans les entreprises locales.
Par ailleurs, pour améliorer l'insertion professionnelle des jeunes, le contrat d'engagement jeune est déployé depuis le 1er mars 2022. Il vise à proposer un accompagnement adapté et personnalisé aux jeunes qui en ont besoin, avec une sécurisation financière quand cela est nécessaire.
Pour 2023, il est prévu de financer 300 000 entrées en contrat d'engagement jeune par le réseau des missions locales et de Pôle emploi.
Enfin, pour les jeunes les plus éloignés du service public de l'emploi, sans revenu et rencontrant des difficultés de plusieurs ordres, qu'elles soient sociales, éducatives ou de santé, des appels à projets régionaux ont été lancés et seront déployés sur l'ensemble du territoire.
M. le président. La parole est à Mme Victoire Jasmin, pour la réplique.
Mme Victoire Jasmin. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. J'espère vraiment que des actions concrètes seront menées.
Au-delà des problèmes rencontrés par les jeunes à la recherche d'un emploi se pose aussi la question des stages, car beaucoup d'entreprises n'acceptent pas de jouer le jeu de la gratification. Je tenais à attirer votre attention également sur ce sujet.
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