Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 22/12/2022

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur le rapport annuel de Reporters sans frontières (RSF), établi chaque année depuis 1995.
Au 1er décembre 2022, 533 journalistes étaient incarcérés pour avoir exercé leur métier, dont plus d'un quart a été emprisonné au cours de l'année. Jamais RSF n'avait enregistré un nombre aussi élevé de journalistes emprisonnés. Cette nouvelle hausse du nombre de journalistes détenus (+ 13,4 % en 2022) confirme que les régimes autoritaires continuent d'emprisonner de façon de plus en plus décomplexée les journalistes qui les dérangent et ce, le plus souvent, sans se donner même la peine de les juger…
Parmi les journalistes privés de liberté, plus de la moitié le sont dans cinq pays : la Chine, la Birmanie, l'Iran, le Vietnam et la Biélorussie. L'Iran, qui ne faisait pas partie desdits pays en 2021, a incarcéré un nombre de professionnels des médias « sans précédent » depuis le début du mouvement de contestation en septembre 2022.
En outre, le nombre de journalistes tués est également en hausse, notamment à cause de la guerre en Ukraine. Huit d'entre eux sont morts en couvrant le conflit cette année. Près de 80 % des professionnels des médias tués en 2022 ont été, quant à eux, sciemment visés en raison de leur profession et des sujets sur lesquels ils travaillaient (crime organisé et corruption).
Enfin, 65 journalistes et collaborateurs de médias au moins sont actuellement retenus en otages dans le monde. Ce nombre reste équivalent à celui de l'année dernière. Tous les otages se concentrent dans trois pays du Moyen-Orient, à l'exception du cas du journaliste français enlevé au Sahel.
Pour rappel, depuis maintenant plus de 20 mois, celui-ci est aux mains du groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM), un groupe affilié à Al-Qaïda au Mali.
Alors que les organisations professionnelles de journalistes ne cessent d'alerter sur une réalité de terrain dramatique pour l'exercice de la liberté d'information comme pour l'intégrité physique et psychologique des journalistes, il lui demande de quelle manière le Gouvernement français se positionne par rapport à ce rapport, une nouvelle fois alarmant, de RSF.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 29/12/2022

La France est vivement préoccupée par les restrictions croissantes à la liberté de la presse dans le monde et déplore le nombre alarmant de détentions de journalistes souligné dans le rapport annuel de Reporters sans fropntières (RSF) .


La France est engagée de façon constante et déterminée en faveur de la liberté de la presse, de la liberté d'expression et de la protection des journalistes dans le monde entier. La France agit pour permettre à des journalistes menacés de poursuivre leur mission. Elle a ainsi accordé accueil et protection à un grand nombre de journalistes d'Afghanistan menacés en raison de leur activité. Elle soutient les initiatives visant à accueillir, accompagner et former les journalistes et médias ukrainiens. Plusieurs d'entre eux sont menacés et souhaitent venir en France. A cet égard, la diplomatie française s'est fortement mobilisée pour la mise en place par France Médias Monde et l'agence de coopération médias CFI d'une plateforme de soutien et d'appui aux journalistes ukrainiens à Bucarest.


La France rappelle que l'accès à une information libre, fiable et de qualité constitue une condition indispensable au fonctionnement des démocraties et du système international. Elle est déterminée à agir en faveur d'un espace mondial de l'information libre, démocratique et de confiance, notamment dans le cadre du Partenariat pour l'information et la démocratie, lancé en 2019 avec Reporters sans frontières et signé à ce jour par 50 États de toutes les régions du monde.


A l'occasion du Forum de Paris sur la Paix en novembre 2022, la Ministre de l'Europe et des affaires étrangères a annoncé un soutien politique et financier au Fonds international pour les médias d'intérêt public (International fund for public interest media - IFPIM) en appui aux médias indépendants en difficulté, en coopération avec les opérateurs et médias publics français et les acteurs francophones.


La France a demandé que toute la lumière soit faite sur le décès de Frédéric Leclerc-Imhoff, journaliste de BFM TV tué en Ukraine.


Tous les efforts sont déployés par la diplomatie française pour obtenir la libération de notre compatriote Olivier Dubois.

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