Question de Mme ESTROSI SASSONE Dominique (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 19/01/2023
Mme Dominique Estrosi Sassone interroge Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité, au sujet de la compétence zone d'activités économiques (ZAE).
Si la loi n° 2022-217 du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale (dite loi 3DS) apporte un certain nombre de nouveaux assouplissements pour les transferts de compétences, celle concernant la ZAE n'a pas fait l'objet de modification. En effet, depuis la loi n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, la compétence est obligatoirement transférée des communes aux établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre.
Pourtant, il existe des cas de figure pour lesquels le transfert permettrait aux communes de porter des projets plus efficacement que l'EPCI. En l'espèce, la commune de Touet-sur-Var est propriétaire d'un terrain classé zone d'activité au plan local d'urbanisme (PLU) en cohérence avec le schéma de cohérence territoriale (SCOT) de la communauté de communes des Alpes d'Azur.
La commune souhaite réaliser une zone artisanale. Par conséquent, le maire a sollicité et obtenu une subvention de l'État et de la Région. Mais lorsqu'il a été question de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) puisque les opérations d'aménagement comportant des cessions de terrains sont assujetties de plein droit à la TVA, il a été précisé au maire que cela est impossible puisque la compétence relève de l'EPCI. Or, la communauté de communes ne dispose pas des fonds pour réaliser cette zone artisanale, le terrain appartient toujours à la commune et les subventions obtenues sont au nom de la commune.
Elle souhaite savoir si le Gouvernement entend revoir la législation afin que le transfert de compétence soit possible dans la cas d'une commune volontaire souhaitant porter un projet ou bien s'il est envisagé une possibilité de subdélégation de l'EPCI à la commune en vue d'obtenir une autorisation pour réaliser la zone artisanale.
Ainsi, aucun des outils de territorialisation des compétences prévu dans la loi dite 3DS n'est malheureusement applicable à ce cas d'espèce.
Elle lui demande si elle entend proposer un assouplissement afin de permettre le transfert de la compétence ZAE d'une communauté de communes à une commune porteuse d'un projet de zone d'activité.
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Réponse du Ministère auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville et du logement publiée le 15/02/2023
Réponse apportée en séance publique le 14/02/2023
Mme le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, auteur de la question n° 370, adressée à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité.
Mme Dominique Estrosi Sassone. Ma question porte sur la délégation aux communes de la compétence zone d'activités économiques (ZAE).
Si la loi 3DS apporte un certain nombre d'assouplissements pour les transferts de compétences, la compétence concernant les ZAE n'a fait l'objet, à ce jour, d'aucune modification. Depuis la loi NOTRe du 7 août 2015, elle est obligatoirement transférée des communes aux EPCI à fiscalité propre.
Pourtant, il existe des cas de figure dans lesquels le transfert permettrait aux communes de porter des projets plus efficacement que l'EPCI. Par exemple, la commune de Touët-sur-Var, dans mon département, est propriétaire d'un terrain classé zone d'activités au plan local d'urbanisme (PLU), en cohérence avec le schéma de cohérence territoriale (SCoT) de la communauté de communes des Alpes d'Azur. La commune souhaite y réaliser une zone artisanale, et le maire a déjà obtenu une subvention de l'État et de la région. Mais, lorsqu'il a été question de la TVA, à laquelle les opérations d'aménagement comportant des cessions de terrains sont assujetties de plein droit, il a été précisé au maire que l'opération était impossible puisque la compétence relève de l'EPCI. Or la communauté de communes ne dispose pas des fonds pour réaliser cette zone artisanale. Le terrain appartient toujours à la commune, et les subventions obtenues le sont au nom de la commune.
Entendez-vous revoir la législation, monsieur le ministre, afin que le transfert de compétence soit possible dans le cas d'une commune volontaire ou, au moins, afin de créer une possibilité de subdélégation de l'EPCI à la commune en vue d'obtenir l'autorisation de réaliser certains aménagements, comme une ZAE ?
Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Olivier Klein, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville et du logement. Madame la sénatrice Dominique Estrosi Sassone, depuis la loi NOTRe, les EPCI à fiscalité propre exercent la compétence obligatoire de création, d'aménagement, d'entretien et de gestion des ZAE. En effet, ils sont identifiés comme l'échelon le plus à même de créer et de gérer des zones d'activités à l'échelle pertinente du bassin de vie économique, pour un développement équilibré du territoire.
La loi 3DS du 21 février 2022, que vous citez, permet à un EPCI à fiscalité propre, avec l'accord de ses communes membres, de déléguer à un département ou à une région tout ou partie d'une compétence qui lui a été transférée. Cette possibilité concerne les compétences facultatives.
Vous le comprendrez, et la position du Gouvernement est constante sur ce point, il n'est pas envisagé de revenir sur l'attribution de la compétence de développement économique au niveau intercommunal. Cet acquis de la loi NOTRe permet de porter des projets plus ambitieux et de rationaliser la création de zones d'activités à l'échelle de territoires plus vastes.
De nombreux outils existent toutefois pour assurer une meilleure association des maires à la décision au sein des EPCI à fiscalité propre. La loi du 27 décembre 2019 relative à l'engagement dans la vie locale et à la proximité de l'action publique a permis, par exemple, l'élaboration d'un pacte de gouvernance entre les EPCI et leurs communes membres, ce qui peut favoriser une meilleure concertation en amont sur ce type de projet. Le dialogue entre la commune et l'EPCI concernés devrait permettre de statuer sur l'avenir de ce projet ou d'en organiser la reprise par l'EPCI.
Mme le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour la réplique.
Mme Dominique Estrosi Sassone. J'entends ces arguments, et je sais qu'un tel changement n'est pas à l'ordre du jour, mais il faudrait regarder les choses dans le détail. En l'espèce, il s'agit d'une communauté de communes de taille modeste, comportant des communes qui, elles, ont la possibilité de créer une zone artisanale. Un assouplissement des règles serait donc bienvenu.
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