Question de M. LAUGIER Michel (Yvelines - UC-A) publiée le 19/01/2023
M. Michel Laugier attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur la stagnation préoccupante de la prévalence tabagique en France en 2021 et sur les solutions envisagées pour faire baisser le nombre de fumeurs.
Alors que le taux de prévalence tabagique était sur une tendance baissière ces dernières années, la récente publication du baromètre annuel de Santé publique France a confirmé le rebond du nombre de fumeurs en France, déjà observé en 2020. En 2021, 31,9 % de la population âgée de 18 à 75 ans déclare fumer, dont 25,3 % de façon quotidienne. Le nombre de fumeurs est ainsi estimé à 15 millions en France, dont 12 millions de fumeurs quotidiens. Les dernières estimations montrent également une hausse inquiétante du tabagisme quotidien chez les femmes et chez les personnes les moins diplômées entre 2019 et 2021. Il semble que la politique de hausse continue du prix du paquet de cigarettes et les campagnes de sensibilisation ne suffisent plus, à elles seules, à décourager les fumeurs.
Certains de nos voisins européens obtiennent pourtant des résultats encourageants. Les chiffres de la prévalence tabagique au Royaume Uni atteignent ainsi, en 2021, un niveau historiquement bas (13,3 %), alors que nos deux pays avaient le même nombre de fumeurs dans leur population il y a 20 ans. L'Office of national statistics attribue cette baisse du nombre de fumeurs britanniques, en partie, à l'utilisation de la cigarette électronique et à l'incitation qui en est faite par les autorités de santé de ce pays. La France s'inscrit à rebours de cette approche puisque le Haut conseil de la santé publique, dans son dernier avis de début 2022 sur les bénéfices risques de la cigarette électronique, considère que celle-ci ne doit pas être proposée comme outil de sevrage par les professionnels de santé tout en reconnaissant dans le même temps qu'elle peut représenter une aide pour certains consommateurs. Santé publique France avait d'ailleurs estimé en 2017 que 700 000 personnes avaient déjà à l'époque arrêté de fumer grâce à l'e-cigarette, seule ou combinée à d'autres aides.
À l'occasion de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, de nombreux parlementaires ont rappelé la nécessité d'évaluer davantage les nouvelles alternatives à la cigarette pour pouvoir, dans le cas où la science française viendrait confirmer leur moindre nocivité, orienter vers ces produits les fumeurs qui ne s'inscrivent pas dans une démarche de cessation et ainsi faire baisser la prévalence tabagique dans notre pays. Durant l'examen du texte, le Sénat a d'ailleurs adopté une demande de rapport sur l'évaluation scientifique de la nocivité des produits du tabac à chauffer en comparaison avec celle des autres produits du tabac et de la nicotine.
Qu'il s'agisse de la cigarette électronique ou du tabac à chauffer, tout le monde s'accorde à dire qu'il faut plus de science française pour déterminer si ces alternatives sont, oui ou non, moins nocives pour les fumeurs, comme le prétendent les fabricants de ces produits. Ce manque d'études est également souligné par l'organisation mondiale de la santé (OMS) qui appelle à en produire davantage. Bien que certaines études indépendantes existent, telles qu'une étude de l'institut Pasteur sur financement de l'institut national du cancer (Inca), leurs résultats mériteraient d'être approfondis comme le mentionnait le rapport de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale sur le PLFSS.
Aussi, à la veille du renouvellement du programme national de lutte contre le tabac, il demande quels moyens seront mis en oeuvre par le Gouvernement pour évaluer davantage les nouveaux produits du tabac et de la nicotine qui sont disponibles en France dans l'optique de parvenir à l'objectif d'une génération de non-fumeurs en 2032.
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Transmise au Ministère de la santé et de l'accès aux soins
La question est caduque
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