Question de M. PIEDNOIR Stéphane (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 09/02/2023
Question posée en séance publique le 08/02/2023
M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Stéphane Piednoir. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, chaque nouvelle évaluation du niveau des élèves scolarisés en France révèle un peu plus les carences de notre système éducatif.
Ainsi, selon une étude récente, à l'entrée en classe de sixième, 27 % des élèves n'ont pas le niveau requis en français et un élève sur trois ne maîtrise pas les fondamentaux en mathématiques.
Prenant conscience, semble-t-il, un peu tardivement de cette triste réalité, vous avez annoncé le 4 janvier une énième réforme ou plutôt une mesurette cosmétique consistant à ajouter une heure de renforcement dans ces deux disciplines, sans que l'on sache très bien qui assurera ces heures de soutien, sans aucune considération pour l'école primaire, où se créent les décrochages, et avec pour effet collatéral surprise la suppression de l'enseignement de la technologie.
Monsieur le ministre, pouvez-vous révéler à la représentation nationale la méthode de concertation et la stratégie, que j'imagine profonde, vous ayant conduit à prendre une telle décision ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 09/02/2023
Réponse apportée en séance publique le 08/02/2023
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Piednoir, vous l'avez dit, les évaluations de sixième ne sont pas satisfaisantes pour un quart des élèves en français et pour un tiers d'entre eux en mathématiques. Cela nous oblige à réfléchir à cette classe de transition, dont les études montrent qu'elle est décisive pour l'avenir des élèves et leur bonne continuité scolaire tout au long du collège et au-delà.
Toutefois, nous réfléchissons à cette question non pas de manière isolée, mais sur l'ensemble du cycle III. J'ai ainsi annoncé une série de mesures pour les classes de CM1 et CM2, ainsi que pour celles de sixième. S'agissant des classes de cours moyen, nous mettons l'accent sur l'enseignement du français et des mathématiques, en particulier sur l'écriture.
Un rapport récent de l'inspection générale a révélé que les élèves consacrent 7 % de leur temps hebdomadaire à l'écriture. Il est nécessaire d'insister sur cette discipline, qui recouvre non seulement la dictée, mais les travaux d'écriture, les rédactions le terme est peut-être ancien,
M. François Bonhomme. Ça nous va !
M. Pap Ndiaye, ministre. mais l'exercice est essentiel en recourant notamment aux « cahiers d'écrivain ». En somme, tout ce qui fait écrire les élèves plutôt que de remplir des phrases à trous, comme c'est souvent le cas.
De même, l'inspection générale de mathématiques nous a montré que le calcul mental était essentiel en cours moyen, aussi insistons-nous également sur ce point des circulaires ont été envoyées à cet effet. Nous suivrons de près ce qui se fera en cours moyen.
S'agissant de la classe de sixième, une heure supplémentaire sera consacrée au français et aux mathématiques : nous travaillons sur la situation existante, c'est-à-dire avec des professeurs des écoles. Nous suivons en cela l'expérimentation de la « sixième tremplin », qui a donné de bons résultats dans l'académie d'Amiens.
En parallèle, nous rendons obligatoire le dispositif « devoirs faits », qui permet aux élèves de travailler sous la conduite des professeurs au sein du collège.
Comme vous pouvez le voir, monsieur le sénateur, il s'agit d'un dispositif global s'attaquant à la question essentielle des savoirs fondamentaux. Pour ce qui concerne l'enseignement de la technologie, il est renforcé de la cinquième à la troisième. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour la réplique.
M. Stéphane Piednoir. Monsieur le ministre, à l'épreuve du grand oral de bac instaurée par votre prédécesseur, votre prestation du jour serait sans doute sévèrement évaluée (Protestations sur les travées du groupe RDPI.) Aucune thèse dans votre propos, par conséquent pas d'antithèse et encore moins de synthèse !
En réalité, l'éducation nationale prend l'eau de toutes parts et vous écopez à la petite cuillère, dans une forme d'improvisation permanente dont les cobayes sont les élèves eux-mêmes !
De leur côté, les enseignants sont lassés des annonces ministérielles à répétition ne remettant jamais à plat l'ensemble du système éducatif. Il est grand temps de prendre conscience de l'incurie des concepteurs de nos programmes scolaires, qui fabriquent des générations certes sensibilisées à un tas d'enjeux sociétaux tous plus importants les uns que les autres, mais incapables de calculer un pourcentage et prenant un alexandrin pour un habitant d'Alexandrie. Si vous pensez vraiment qu'il faut changer cela, proposez autre chose que de l'enfumage d'hémicycle ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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