Question de M. BACCHI Jérémy (Bouches-du-Rhône - CRCE) publiée le 02/02/2023
M. Jérémy Bacchi attire l'attention de Mme la ministre déléguée auprès du ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargée de l'enseignement et de la formation professionnels sur le déséquilibre entre offre de formation publique et offre de formation privée dans le domaine du jeu vidéo.
Alors qu'il existe des écoles publiques d'exception d'art en France (Femis, Les Gobelins, école du Louvre, école Boule), aucune ne concerne les jeux vidéo. Pourtant, ils constituent l'une des industries culturelles les plus rentables.
Les établissements formant les futurs professionnels du jeu vidéo fleurissent en grande majorité dans le secteur privé. Les formations publiques qui ont vu le jour dans ce domaine restent très généralistes et aucune n'est accessible directement en sortie de lycée. La répartition actuelle de l'offre publique/privée pousse les élèves soit vers un autre secteur, soit vers des écoles privées.
Face à ce constat, trois problèmes majeurs se posent.
Tout d'abord, le coût d'une année d'étude dans ces établissements s'élève entre 6 000 et 10 000 euros l'année, elles sont ainsi inaccessibles à une partie de la jeunesse qui n'en a pas les moyens.
Ensuite, il a été révélé, à plusieurs niveaux, le traitement inhumain des étudiants dans ces écoles privées : violences sexistes dans un milieu hyper-masculin, culture du surtravail et du « crunch », semaine de 90 heures ou plus, entrainent épuisement, manque de sommeil, souffrance voire détresse étudiante.
Enfin, au-delà de quelques établissements célèbres, ce sont plus d'une centaine de formations privées qui promettent aux étudiants l'accès à l'industrie du jeu vidéo. Un tel fleurissement, sans limite, de l'offre privée rend invisible les formations publiques, entraîne une perte des compétences et constitue un obstacle au développement qualitatif et réel de ce secteur. Il n'existe, à ce jour, qu'une seule école publique de formation française dédiée aux jeux vidéo : l'école nationale du jeu et des médias interactifs numériques du conservatoire national des arts et métiers (Cnam Enjmin). L'Allemagne, quant à elle, en compte 63 contre 24 écoles privées.
Face à ce constat, il lui demande si elle envisage d'étendre l'offre de formation publique par la création de formation directement accessible en sortie de lycée. Une offre complète de formation publique dans ce domaine permettrait de développer les talents de cette jeunesse passionnée par l'art, le design ou encore la programmation de jeux vidéo, en leur proposant un parcours universitaire épanouissant et porteur d'espoir, et enfin ne pas laisser la liberté totale à un secteur privé avide uniquement de rentabilité.
- page 674
Transmise au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche
Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 20/04/2023
Depuis 2015, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche s'est engagé dans la rénovation de la filière design et des métiers d'arts, en ayant notamment pour objectif de former des professionnels à des métiers d'avenirs et innovants, dans de nouvelles industries telles que celle du jeu vidéo. Depuis la rentrée universitaire 2018, a ainsi été créé le diplôme national des métiers d'arts et du design (DNMADE). Conférant le grade de licence, ce diplôme permet de valider une formation post-baccalauréat, organisée en 180 crédits européens. Cette formation comporte 14 spécialités, dont deux (DNMADE animation et DNMADE numérique) certifient les compétences des futurs professionnels du secteur du jeux vidéo. A la rentrée 2022, 22 établissements répartis sur l'ensemble du territoire, dispensaient ces formations. Cette évolution s'inscrit également dans le plan global France 2030, dont l'axe stratégique premier du 8ème objectif est « adapter la formation aux nouveaux besoins des filières de l'image et du son » (cf : dossier de presse France 2030 « un an d'actions pour mieux vivre, mieux produire et mieux comprendre »), en donnant des moyens aux établissements de développer ces formations. Le ministère a également pour objectif de garantir un équilibre entre offre de formation publique et privée afin de permettre à chaque étudiant de se former dans le domaine qu'il souhaite et porte également un plan de lutte contre tous les types de violences, qu'il s'agisse de harcèlement ou de violences sexuelles et sexistes, au sein des établissements de formation.
- page 2678
Page mise à jour le