Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 23/02/2023
M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les inquiétudes soulevées par le projet de réforme des classes préparatoires aux grandes écoles de commerce et de management (CPGE ECG).
Les propositions envisagées, telles la fermeture des classes préparatoires en-dessous de 38 élèves, la diminution par deux de l'horaire de mathématiques et informatique, ou la création d'une option « maths expertes » dans les « grandes prépas » soulèvent beaucoup de questions.
En effet, la filière ECG repose actuellement sur quatre piliers : les langues vivantes, les lettres et la philosophie, les mathématiques et les sciences humaines. Les mathématiques permettent aux étudiants des poursuites d'étude en comptabilité, finance, contrôle de gestion, systèmes d'information, actuariat, mais aussi dans des masters qui nécessitent de plus en plus d'algèbre, de statistiques et d'informatique, en lien avec la gestion de données massives, les questions liées à l'intelligence artificielle ou encore la logistique. Ces poursuites d'études sont plébiscitées par beaucoup d'élèves, pour la qualité et la sûreté des emplois qu'elles leur offrent pour ceux dont les origines sont les plus modestes.
Ce projet de réforme paraît, en outre, en totale contradiction avec la volonté gouvernementale d'intensifier l'enseignement des mathématiques et avec les demandes actuelles des entreprises.
Enfin, l'option « mathématiques expertes » ne serait plus proposée que dans les « grandes prépas », fermant ainsi peu ou prou aux élèves des « petites prépas » de province l'accès aux écoles du top 5, ainsi qu'à la poursuite d'études dans certaines filières.
Par conséquent, il lui demande de bâtir, en concertation avec le corps enseignant, une autre réforme digne du rôle important que les CPGE jouent, tant pour la promotion de l'égalité des chances que pour le maintien de l'offre d'éducation dans les territoires.
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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 20/04/2023
Entre 2018 et 2021, les effectifs des classes préparatoires économiques générales (ECG) ont connu une baisse de 11,7 %, qui ne s'est pas résorbée en 2022, le taux de vacance ayant même eu tendance à augmenter entre 2021 et 2022, passant de 27,9 à 29,1 %. Près d'un tiers des parcours ECG ouverts en 2022 ne remplissent pas à plus de 50 %, et si on la compare aux autres voies de CPGE, c'est la voie ECG qui connaît le taux de remplissage le plus faible en 2022. La situation varie cependant selon les parcours : le parcours Mathématiques appliquées Histoire-géographie-géopolitique ne remplit guère au-dessus de 60 % (61,2 %), quand le parcours Mathématiques approfondies Économie-sociologie-histoire du monde contemporain est plus attractif, sans toutefois atteindre les 80 % de remplissage (76,7 %). La baisse des effectifs dans la filière économique concerne essentiellement les étudiantes (respectivement - 8,1 % et - 5,5 % en 2021 et 2022, contre - 0,6 % et - 0,2 % pour les étudiants). Elle affecte prioritairement les classes préparatoires de proximité. Face à ce constat, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, a décidé, en accord avec le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, de constituer un comité de pilotage. Ce dernier, composé des différents acteurs concernés (associations de proviseurs et de professeurs, écoles de management, opérateurs de concours, recteurs, inspecteurs généraux de l'éducation, du sport et de la recherche, direction générale de l'enseignement scolaire, direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle), est chargé d'étudier les possibles voies d'évolution ou les aménagements susceptibles de renforcer l'attractivité des classes ECG et de mobiliser des viviers d'élèves jusqu'à présent peu intéressés par la voie. Si les propositions sur le contenu des enseignements et les horaires, en particulier de mathématiques ont emporté la conviction d'une large partie du comité, l'opposition de certains, cristallisée et exprimée par communiqués de presse, ont empêché la nécessaire sérénité à la conduite de travaux sur un sujet aussi important et sensible. Le MESR et le MENJ ont donc suspendu les discussions afin de restaurer le cadre d'un dialogue serein et efficace. Les situations des classes préparatoires seront donc traitées au cas par cas au regard de leurs effectifs et des besoins de l'enseignement scolaire conformément au principe d'équité qui doit prévaloir dans l'ensemble du système éducatif. Le MESR et le MENJ continueront à explorer avec l'ensemble des acteurs concernés, les pistes d'améliorations pour attirer les profils les plus adaptés à ces filières.
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