Question de M. PEMEZEC Philippe (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 23/03/2023

Question posée en séance publique le 22/03/2023

M. le président. La parole est à M. Philippe Pemezec, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Philippe Pemezec. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la terre d'Arménie brûle et nous regardons ailleurs. Depuis l'automne 2020, l'Arménie est en état de siège, après l'invasion de l'enclave arménienne de l'Artsakh par l'armée d'Azerbaïdjan, soutenue par la Turquie, qui s'en sert comme avant-garde pour poursuivre et achever l'éradication du peuple arménien entamée en 1915.

Alors que la guerre civile a déjà fait 5 000 morts et 15 000 blessés en trois ans, on assiste aujourd'hui à un véritable blocus orchestré par l'Azerbaïdjan pour empêcher les vivres et les médicaments d'arriver jusque dans l'enclave arménienne.

Les seuls qui aient droit de passage sont les Arméniens qui fuient la guerre, la famine et la misère, mais ils n'ont droit qu'à un aller simple, l'Azerbaïdjan comptant sur le départ des 120 000 Arméniens restants pour établir définitivement son joug sur ce territoire.

Il ne s'agit là que d'une première étape pour rayer de la carte cette terre chrétienne qu'est l'Arménie, la plus ancienne du monde, aujourd'hui encerclée par l'expansion musulmane.

Depuis nos villes des Hauts-de-Seine, qui accueillent une forte communauté d'origine arménienne, nous envoyons des vivres, des médicaments, et aussi des médecins, en partenariat avec l'association Lumière Française. Ainsi, nous essayons de forcer le blocus.

Mais qu'attend le Gouvernement, au-delà des messages d'amitié, pour demander le respect des règles internationales et du droit des peuples ?

L'Arménie, ce petit pays, porte les mêmes valeurs que les nôtres. C'est vrai que l'Arménie, ce n'est pas l'Ukraine, et qu'on n'y trouve ni pétrole ni gaz, contrairement à l'Azerbaïdjan. L'Arménie n'a rien, hormis sa foi et son courage.

Ma question, madame la ministre, est donc la suivante : la France est-elle prête à mobiliser, pour défendre en Arménie un peuple ami qui est en train de mourir, les mêmes moyens diplomatiques, voire militaires, qu'elle a mis en œuvre en Ukraine ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et SER. – Mme Cathy Apourceau-Poly applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 23/03/2023

Réponse apportée en séance publique le 22/03/2023

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Merci de votre question, monsieur le sénateur Pemezec, qui me permet de rappeler que, depuis le premier jour, c'est-à-dire depuis le 12 décembre, la France dénonce le blocage du corridor de Latchine par l'Azerbaïdjan et ses conséquences économiques et humanitaires.

En effet, depuis cette date, la population ne peut plus circuler librement. Les vivres arrivent de façon parcimonieuse, grâce au Comité international de la Croix-Rouge, que la France aide, monsieur le sénateur, tout comme ses partenaires de l'Union européenne.

Cette situation ne peut plus durer. La libre circulation doit être rétablie sans tarder et l'approvisionnement des populations du Haut-Karabagh doit être mieux assuré, d'abord parce que c'est le droit – la Cour internationale de justice s'est prononcée par référé il y a quelques semaines –, ensuite parce que ce blocage alimente les tensions et éloigne les perspectives d'un règlement politique, qui est le seul possible.

C'est un accord de paix que nous recherchons, et que l'Arménie recherche, monsieur le sénateur, avec son voisin. Je prévois de me rendre à Bakou et à Erevan dans le courant du mois d'avril pour porter ce message et rappeler la nécessité d'une solution politique.

J'y rappellerai également la nécessité de respecter le cessez-le-feu auquel les deux parties se sont engagées et je soulignerai combien les menaces d'emploi de la force sont inacceptables.

Je le redis, monsieur le sénateur : nous sommes déterminés, je suis déterminée. La France agit, elle ne regarde pas ailleurs ; elle ne parle pas, mais elle agit !

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