Question de M. MALHURET Claude (Allier - Les Indépendants) publiée le 30/03/2023
Question posée en séance publique le 29/03/2023
M. le président. La parole est à M. Claude Malhuret, pour le groupe Les Indépendants République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées des groupes RDPI, RDSE et UC.)
M. Claude Malhuret. Madame la Première ministre, les scènes de guerre civile qui se sont déroulées samedi dernier à Sainte-Soline ont scandalisé les Français. (Exclamations agacées sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.) Des cars de gendarmes en feu, des hordes de Black Blocs venus de toute l'Europe bottés, casqués et cagoulés, armés de cocktails Molotov, de boules de pétanque, de couteaux, de machettes et de mortiers
Cette ultragauche européenne a fait de la France son terrain de jeu favori, car elle sait qu'elle y trouvera un relais politique : le relais de ceux qui expliquent qu'il faut transformer les révoltes en révolution par un slogan radical, « tout conflictualiser », le relais de ceux qui défilaient samedi avec leurs écharpes tricolores dans une manifestation interdite, illégale et ultraviolente, pistant les forces de l'ordre par des textos sous les hashtags #ToutCramer et #CestLaGuerre.
Alors que, depuis plusieurs semaines, les organisations syndicales défilent dans le calme et la responsabilité, les émeutiers organisent désormais partout des cortèges parallèles, brûlent les ordures et les kiosques, les portes des mairies et des préfectures, cassent les vitrines des commerçants, saccagent les permanences des parlementaires, menacent de mort les jeunes enfants des députés, frappent des maires dont les projets ne leur plaisent pas et, en définitive, finissent par terroriser les manifestants pacifiques. (M. David Assouline s'exclame.)
L'ultragauche pyromane se moque des retraites et des mégabassines. Son objectif, c'est l'insurrection. Sa cible, c'est la République, qu'elle est bien décidée à abattre pour faire de la France un nouveau Venezuela. (Exclamations ironiques sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)
Le ministre de l'intérieur a annoncé hier à l'Assemblée nationale de premières sanctions contre certains des traîne-savates incendiaires. Je voudrais que vous nous assuriez, madame la Première ministre, que votre gouvernement prendra toutes les mesures politiques, réglementaires et judiciaires pour protéger ceux qui nous protègent : policiers, gendarmes, pompiers, élus et, plus généralement, toutes les personnes menacées par ces factieux.
Les forces de l'ordre ont eu au cours des dernières semaines plus de 400 blessés, dont 47 ce week-end à Sainte-Soline. C'est à ce prix qu'elles nous protègent, et je voudrais qu'ici c'est la moindre des choses , nous leur rendions hommage par nos applaudissements. (Mmes et MM. les sénateurs des groupes INDEP, Les Républicains, UC, RDSE et RDPI se lèvent et applaudissent longuement. Mmes et MM. les ministres, à leur tour, se lèvent et applaudissent.)
M. Philippe Mouiller. À gauche, vous devriez avoir honte de rester assis !
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Réponse du Première ministre publiée le 30/03/2023
Réponse apportée en séance publique le 29/03/2023
M. le président. La parole est à Mme la Première ministre. (Des sénateurs des groupes SER, CRCE et GEST se lèvent et applaudissent ironiquement. Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Laurence Rossignol. Nous avons bien le droit d'applaudir !
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur Claude Malhuret, comme vous et comme bon nombre de nos compatriotes, j'ai été profondément choquée par le déchaînement de violence samedi dernier, à Sainte-Soline, contre les gendarmes et contre l'ordre républicain.
J'ai été choquée de voir des élus se rendre en écharpe tricolore à une manifestation interdite. (Vifs applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, RDSE, UC et Les Républicains.)
M. Olivier Paccaud. Nous aussi !
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. J'ai été choquée ces dernières semaines d'entendre des élus multiplier les propos incendiaires et parfois même justifier les violences. Renvoyer dos à dos casseurs et forces de l'ordre, c'est indigne de la part d'élus de la République ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, RDSE, UC et Les Républicains.)
Aujourd'hui, avec vous, avec les Français, je veux à mon tour rendre hommage aux forces de l'ordre, à leur courage et à leur engagement. (Mêmes mouvements.) Je veux dire ma solidarité avec les gendarmes et les policiers qui ont été blessés à Sainte-Soline ou dans les débordements qui ont malheureusement parfois entouré les mobilisations ces derniers jours.
Mesdames, messieurs les sénateurs, les policiers et les gendarmes connaissent leur devoir d'exemplarité et de respect de la déontologie. Le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, l'a encore rappelé hier. (Exclamations sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)
Des casseurs et des militants radicalisés venus chercher l'affrontement et défier nos institutions sont à l'origine des scènes que nous avons vues ces derniers jours, notamment à Sainte-Soline. C'est leur comportement qui met en danger chacun : les policiers, les gendarmes, les sapeurs-pompiers, les secours et même les manifestants.
De notre côté, nous faisons tout pour éviter que des débordements ne surviennent. Comme vous tous ici, j'ai une pensée pour les deux manifestants hospitalisés dans un état très grave depuis samedi.
M. Thomas Dossus. À cause de qui ?
M. Guy Benarroche. À cause du ministre de l'intérieur !
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Depuis des semaines, le ministre de l'intérieur, les préfets et les forces de l'ordre, au contact des organisations syndicales, travaillent ensemble et ont permis que la grande majorité des mobilisations se tiennent sans heurts. Nous continuerons de nous adapter et de réagir, pour que la violence ne supplante jamais l'expression des revendications.
C'est le sens du dispositif qui encadrait la journée d'hier. Il a permis d'éviter de nombreux débordements, affrontements et dégradations. C'est le sens de la procédure de dissolution du groupuscule Soulèvements de la Terre annoncée hier par le ministre de l'intérieur.
Mme Sophie Primas. Très bien !
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Mesdames, messieurs les sénateurs, la violence n'a pas sa place dans les cortèges. Nous sommes déterminés à continuer de protéger tous ceux qui veulent exprimer pacifiquement leurs idées et à continuer de protéger les Françaises et les Français. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, RDSE, UC et Les Républicains.)
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