Question de M. COZIC Thierry (Sarthe - SER) publiée le 30/03/2023

Question posée en séance publique le 29/03/2023

M. le président. La parole est à M. Thierry Cozic, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Thierry Cozic. Ma question, à laquelle j'associe mon collègue Rachid Temal, s'adresse à M. le ministre de l'économie.

Depuis l'an dernier, l'inflation n'en finit plus de ne plus finir ! Les prix des produits alimentaires ont grimpé de 14,5 % en un an, et une nouvelle hausse de 10 % est à prévoir lors des deux prochains mois. Ce chiffre est le plus élevé depuis 1985.

Face à cela, quelle réponse apportez-vous aux Français ? Vous demandez aux enseignes de pratiquer, pendant trois mois, « les prix les plus bas possible » sur un ensemble de produits de leur choix. Je suis sceptique quant à la crédibilité à accorder à ce genre de déclarations, qui traduisent davantage un vœu pieux que l'institution d'une mesure concrète.

Cette volonté de ne rien imposer aux distributeurs est incompréhensible, car, de l'aveu même de la Banque centrale européenne (BCE), une grande partie de l'inflation serait tirée par la volonté des entreprises de sauvegarder leurs marges, afin de maintenir leurs profits.

Le candidat Macron nous parlait de mettre en place pour les ménages les plus modestes un chèque alimentaire. Ma question est simple : quels engagements comptez-vous prendre devant la représentation nationale, afin de donner à nos concitoyens un cap lisible et clair, qui ne soit pas l'otage de vos revirements incessants et de vos renoncements permanents ?

Ce cap, vous le devez à nos concitoyens, tant la situation est difficile pour les plus précaires d'entre eux. (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées du groupe GEST.)

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme publiée le 30/03/2023

Réponse apportée en séance publique le 29/03/2023

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme.

Mme Olivia Grégoire, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme. Monsieur le sénateur, mais de quels revirements parlez-vous ?

Depuis octobre 2021, le Premier ministre de l'époque, Jean Castex, puis la Première ministre Élisabeth Borne, ont engagé 110 milliards d'euros pour soutenir les factures d'électricité de nos concitoyens. Pas un pays européen n'a autant soutenu le pouvoir d'achat ! On peut être en désaccord sur bien des points, mais pas sur celui-là… (M. Rachid Temal le conteste. – M. Éric Jeansannetas fait mine de jouer du pipeau.)

Non, ce n'est pas de la flûte, monsieur le sénateur : ayez au moins le respect de m'écouter, ce serait sympathique !

Ce montant de 110 milliards d'euros peut se vérifier, de même que les 46 milliards d'euros destinés pour la seule année 2023 au paiement des factures d'énergie. (Exclamations sur les travées du groupe SER.)

M. Hussein Bourgi. Regardez monsieur Cozic !

Mme Olivia Grégoire, ministre déléguée. Monsieur le sénateur, j'ai encore la liberté de regarder où je veux !

M. Hussein Bourgi. Quel manque de respect et de politesse !

Mme Olivia Grégoire, ministre déléguée. Il n'y a jamais eu de revirement de ce gouvernement en matière de soutien au pouvoir d'achat des Français, et vous le savez très bien ! Ce soutien massif, vous l'avez voté ici.

Vous critiquez avec force le trimestre anti-inflation que nous avons mis en place avec la grande distribution.

Or c'est la première fois – vous le savez, car vous connaissez ces sujets, monsieur le sénateur Cozic – que la grande distribution, de façon unanime, s'engage sur une période de trois mois ; en général, les promotions ne durent que deux à quinze jours.

Ces distributeurs, avec lesquels Bruno Le Maire et moi-même avons beaucoup travaillé durant trois mois, ont pris un engagement rapide, collectif et juste : réduire leurs marges pour garantir que les prix n'augmenteront pas.

Lors de ce trimestre anti-inflation, des centaines de produits sont proposées à nos compatriotes. La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) surveille d'ailleurs, aux côtés des distributeurs, que les efforts sont bien réalisés sur ces marges.

Avec Bruno Le Maire, je souhaite que s'ouvre une négociation avec les industriels, dans le courant du mois de mai, en vue de faire baisser les prix des matières premières.

Je ne vois donc aucun revirement, mais plutôt de la volonté, de la détermination et une inflation qui, globalement, demeure l'une des plus faibles d'Europe ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Rachid Temal. Où est le chèque alimentaire ?

M. le président. La parole est à M. Thierry Cozic, pour la réplique.

M. Thierry Cozic. Madame la ministre, les Français ont besoin de stabilité. Chèque alimentaire abandonné, panier anti-inflation abandonné… À la fin, je crains que les Français eux-mêmes ne soient abandonnés !

Avec vos dispositifs montés comme une usine à gaz, c'est 50 nuances de prix… dans un panier percé. (M. Bruno Sido sourit.)

Avec l'abandon du panier anti-inflation, vous placez le pays dans les mains de la grande distribution, dont les marges ne faiblissent pas, tout en faisant passer cette dernière pour le principal acteur de la lutte contre la vie chère.

La République En Marche se mue en République en marges… (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Sido. Joli !

M. le président. Il faut conclure !

M. Thierry Cozic. On pourrait en rire si, à la fin, le consommateur ne payait pas la note de tous vos revirements ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées du groupe CRCE.)

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