Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 09/03/2023
M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur la dengue autochtone en France métropolitaine.
Le système de surveillance de cet arbovirus amène à constater son extension géographique et l'augmentation de son incidence, en raison de l'expansion de son vecteur, le moustique tigre (aedes albopictus).
En effet, depuis les premières identifications de cas autochtones en 2010, les transmissions sur le territoire national tendent à augmenter chaque année. C'est particulièrement notable en 2022 où l'on a déterminé 65 cas autochtones correspondant à neuf foyers de transmission (chiffres arrêtés fin octobre 2022), alors qu'il n'y avait eu que 48 cas au cours des dix dernières années. Ces chiffres paraissent d'autant plus exceptionnels que la France est le seul pays européen à avoir rapporté des cas autochtones en 2022.
Dans un article publié par Santé publique France le 26 décembre 2022, les responsables des cellules Occitanie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA) appellent de leurs voeux des recherches complémentaires pour mieux caractériser les déterminants (climatiques, socio-économiques, environnementaux) des épisodes de transmission locale et de leur extension.
En conséquence, il lui demande s'il compte inspirer son action de leurs préconisations et ce qu'il entend mettre en oeuvre afin d'éradiquer les transmissions de dengue en France métropolitaine.
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Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 20/07/2023
Les arboviroses, et en premier lieu la dengue, représentent une menace pour la santé publique qu'il convient de prendre au sérieux. La dengue est le plus souvent asymptomatique, et les cas symptomatiques sont souvent bénins. Des formes graves sont toutefois possibles et justifient des mesures de santé publique. Le moustique tigre (Aedes albopictus), vecteur de la dengue du chikungunya et du zika, est un insecte invasif très largement implanté dans le monde et présent en France dans 71 départements métropolitains au 1er janvier 2023. A l'heure actuelle la présence de ce moustique n'a jamais pu être éradiquée des zones où il était implanté. La France métropolitaine n'est pas un territoire d'endémie, c'est-à-dire que les virus n'y circulent pas en hiver. Les cas de dengue sont toujours consécutifs à une importation par des patients revenant infectés d'une zone de circulation virale. Ainsi, en 2022, plus de 200 cas importés ont été signalés. Les cas étant souvent asymptomatiques, il n'est pas surprenant que certaines personnes, ne se sachant pas malades, transmettent à leur insu le virus à un moustique présent dans leur environnement. Le moustique peut ensuite transmettre le virus à une ou des personnes n'ayant pas voyagé. La lutte contre la dengue repose sur la prévention, la surveillance et les actions autour des cas. La prévention est avant tout celle de la reproduction des moustiques, avec la détection et l'élimination de tous les réceptacles, grands ou petits, propices à la stagnation de l'eau. Cette lutte préventive est l'affaire de tous : particuliers, collectivités territoriales, entreprises etc. La présence du moustique est surveillée sur certains points stratégiques, comme les points d'entrée du territoire (au sens du Règlement sanitaire international) et les établissements de santé. L'application Signalement Moustique (1) permet aux particuliers de signaler la présence dans leur environnement du moustique tigre. L'Agence régionale de santé (ARS), destinataire des signalements, mettra en oeuvre les mesures d'investigation qui s'imposent selon le statut, colonisé ou non, de la commune. La surveillance des cas repose sur le système de la déclaration obligatoire par les médecins et les biologistes. En début de saison, les ARS des régions les plus concernées communiquent vers les professionnels de santé pour les inciter à la vigilance. A réception des signalements, les ARS déclenchent des investigations épidémiologiques à la recherche d'autres cas dans l'entourage ainsi que des actions de lutte antivectorielle (LAV). La LAV chimique utilise les produits autorisés par la réglementation. Les activités se heurtent parfois à l'incompréhension des riverains, inquiets de l'usage de produits chimiques. Des recherches vers des méthodes alternatives sont en cours, ainsi que des recherches sur les déterminants des épisodes de transmission et sur la participation des citoyens. Le ministre de la santé et de prévention et la ministre de la recherche et de l'enseignement supérieur ont saisi le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires pour faire le point sur le risque de diffusion de la dengue. L'avis du comité, daté du 3 avril 20232, constitue une orientation pour renforcer la prévention et la lutte contre les arboviroses. (1)https://signalement-moustique.anses.fr/ 
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