Question de M. GAY Fabien (Seine-Saint-Denis - CRCE) publiée le 30/03/2023
M. Fabien Gay attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique sur la composition des paniers dits anti-inflation.
Alors que l'inflation alimentaire atteint des proportions sans précédent - +14,5% depuis février 2022 -, le Gouvernement a répété sa volonté de parvenir à un accord avec les enseignes de grande distribution pour garantir des produits plus accessibles en supermarché.
Ce choix a été porté et assumé en lieu et place de nombreuses mesures législatives qui auraient permis de limiter l'effet de l'inflation sur les Françaises et Français, telles que l'augmentation des salaires, la limitation des marges de la grande distribution ou encore la taxation des dividendes réalisés en pleine crise.
Le mois de mars 2023 offre les premiers éléments de bilan de la voie suivie par le Gouvernement sur un sujet aussi crucial que celui de l'accès à une alimentation en quantité et en qualité suffisante. L'ambition initiale qui consistait à mettre en place un panier commun et uniforme proposé par toutes les enseignes de grande distribution a échoué, ces dernières ayant refusé de le faire. Le Gouvernement a donc décidé de laisser à chacune d'entre elles la liberté d'établir une sélection de produits, avec pour seule condition celle de proposer les prix « les plus bas possible ».
Plusieurs associations de consommateurs se sont donc livrées à un exercice d'analyse des paniers proposés par les enseignes les plus prisées des Français. Le résultat est sans appel ; moins d'un quart de la sélection remporte la note de A ou B sur l'échelle du Nutriscore. L'essentiel des produits se situe plutôt au niveau des notes D, E et F, ce qui n'a rien d'étonnant au regard des proportions très importantes de sodas, boissons alcoolisées, biscuits, chips et produits ultra-transformés qui composent ces paniers. Les fruits et légumes y sont, pour leur part, très rares ou absents.
Les premiers résultats de ce « panier anti-inflation » sont consternants. Ils renvoient l'idée qu'une alimentation à prix accessible passe nécessairement par des produits de piètre qualité nutritionnelle, voire dangereux pour la santé. Interrogés sur le sujet, plusieurs représentants de ces chaînes de grande distribution ont répondu qu'il s'agissait des produits les plus achetés dans leurs rayons et que cela constituait, en conséquence, une réponse logique et pertinente à l'inflation alimentaire.
Ce raisonnement démontre en substance qu'il est nécessaire que des politiques publiques claires et définies accompagnent l'économie face aux chocs qui la traversent. En l'occurrence, la demande de prix « les plus bas possible » formulée par le Gouvernement aux grandes enseignes de distribution aurait dû poser des objectifs de qualité nutritionnelle, voire cibler certains produits essentiels du quotidien. En l'état, la présence (voire l'abondance) de boissons alcoolisées, sodas et sucreries dans ces paniers pose d'évidents problèmes de santé publique.
Outre leur composition, ces paniers anti-inflation posent un second problème : il s'agit de l'utilisation d'un logo « anti-inflation », dont les couleurs bleu-blanc-rouge laissent supposer qu'il pourrait s'agir de produits français. Il s'agit d'un problème manifeste pour la clarté et la lisibilité de l'information par les consommateurs, qui peut par ailleurs défavoriser des produits réellement issus du sol français (et non pas simplement transformés sur celui-ci).
Il souhaite ainsi savoir ce qui empêcherait le Gouvernement d'imposer des critères de qualité nutritionnelle non négociables aux chaînes de grande distribution proposant ces paniers anti-inflation.
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Transmise au Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
La question est caduque
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