Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 13/04/2023

Question posée en séance publique le 12/04/2023

M. le président. La parole est à M. Pascal Allizard, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Pascal Allizard. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le 8 janvier 1964 il y aura bientôt soixante ans le général de Gaulle, en conseil des ministres, déclarait : « La Chine est là. Vivre comme si elle n'existait pas, c'est être aveugle ». Le 27 janvier suivant, la reconnaissance par la France de la République populaire de Chine était annoncée, dans un environnement international pas forcément plus conciliant que celui que nous connaissons aujourd'hui. Quelle vision !

Le Président de la République rentre de Chine. Nous approuvons ce voyage, qui nous confirme que, finalement, la Chine garde son cap, en fonction de ses seuls intérêts stratégiques.

Dès lors, monsieur le ministre, pourquoi cette déclaration à l'emporte-pièce sur Taïwan ? Entre Europe, Chine et États-Unis, quelle est la stratégie française ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe SER. M. André Gattolin applaudit également.)

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Réponse du Ministère auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement publiée le 13/04/2023

Réponse apportée en séance publique le 12/04/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement.

M. Olivier Véran, ministre délégué auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur Pascal Allizard, de nouveau, je vous prie d'excuser l'absence de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères Catherine Colonna, qui est en déplacement.

En matière diplomatique, j'ai tendance à me référer aux éléments mûrement réfléchis qui me sont fournis.

M. Jérôme Bascher. Pas comme le Président de la République !

M. Olivier Véran, ministre délégué. Je vais donc vous les communiquer.

Comme vous l'avez rappelé, le Président de la République a effectué une visite d'État en Chine du 5 au 8 avril dernier. Il était accompagné par la présidente de la Commission européenne.

Cette visite avait plusieurs objectifs.

D'une part, il s'agissait de relancer la relation, en particulier dans le domaine des échanges humains. À ce titre, des accords ont été conclus dans le domaine du développement durable, de la coopération culturelle et de l'économie agroalimentaire et aéronautique.

M. Rachid Temal. Nous avons lu le journal !

M. Olivier Véran, ministre délégué. D'autre part, l'enjeu était d'avoir un dialogue franc sur l'Ukraine. Le Président de la République a fait valoir les positions européennes, a appelé la Chine à s'engager dans la recherche d'une solution et a alerté son homologue chinois sur les conséquences que tout soutien militaire à la Russie aurait sur la relation entre Union européenne et Chine.

Des points de convergence sont ainsi apparus : l'opposition à l'emploi de l'arme nucléaire, le respect du droit international humanitaire et la nécessité de trouver une issue au conflit sur la base du droit international.

M. Rachid Temal. Et Taïwan ?

M. Olivier Véran, ministre délégué. Un autre enjeu de ce déplacement était de marquer notre unité européenne. La présence de la présidente de la Commission était un point essentiel pour le Président de la République, qui tenait à montrer que les Européens ont leurs propres intérêts et qu'ils les assument dans un dialogue exigeant avec Pékin.

M. Rachid Temal. Et Taïwan ?

M. Olivier Véran, ministre délégué. Enfin, monsieur le sénateur, vous connaissez le souhait de la France de travailler à un agenda commun avec la Chine sur les enjeux globaux.

M. Rachid Temal. Et Taïwan ?

M. Olivier Véran, ministre délégué. Le Président de la République a ainsi souligné la dynamique positive qui prévaut dans le domaine du climat et de la biodiversité. Il a invité la Chine au sommet de juin prochain sur le nouveau pacte financier, et on lui a indiqué qu'elle y serait représentée à haut niveau.

M. Rachid Temal. Et Taïwan ?

M. Olivier Véran, ministre délégué. En ce qui concerne Taïwan, j'ai eu l'occasion de répondre à l'occasion d'une précédente question. J'ai donc souhaité éviter une redite, monsieur le sénateur.

M. le président. La parole est à M. Pascal Allizard, pour la réplique.

M. Pascal Allizard. Le rapprochement russo-chinois est un fait géopolitique sur lequel nous n'avons eu aucune prise, monsieur le ministre.

La France qui, je le crois, est fermement attachée au droit, à la liberté de navigation et à l'avenir de l'Indopacifique ne peut rester étrangère à la montée des tensions autour de Taïwan, où les incursions militaires chinoises sont de plus en plus fréquentes et structurées.

Sur les États-Unis, j'avais publié avec plusieurs de mes collègues du Sénat un rapport intitulé, pour illustrer notre relation, Amis, alliés, mais pas alignés. Malgré leurs inélégances australiennes, les Américains demeurent nos alliés ultimes. Dans les faits, nous ne sommes pas capables de soutenir un conflit de haute intensité, et nos partenaires de l'Union européenne le sont encore moins.

Une tentative d'action de vive force sur Taïwan par la Chine, comme celle qui a été perpétrée en Ukraine par la Russie, n'est plus à exclure. L'Armée populaire s'y prépare au quotidien. Nous devons donc rester extrêmement prudents dans toutes nos déclarations. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe SER. MM. Julien Bargeton, André Gattolin et Claude Malhuret applaudissent également.)

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