Question de Mme BERTHET Martine (Savoie - Les Républicains) publiée le 13/04/2023

Mme Martine Berthet attire l'attention de M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion sur la place des missions locales jeunes dans le futur organisme France Travail.

En effet, le projet « France Travail » tel qu'esquissé jusqu'à présent génère de nombreuses inquiétudes pour les missions locales jeunes (MLJ). Dès mars 2022, lors du lancement des contrats d'engagement jeune pour lesquels elles partagent leurs missions avec Pôle emploi, les MLJ avaient alerté sur une potentielle mise en concurrence entre acteurs, nuisible au bon accompagnement de nos jeunes, alors qu'il serait souhaitable d'aller vers une coopération renouvelée et amplifiée.

Pourtant, les MLJ jouent un rôle essentiel dans la prise en charge de tous les aspects de la vie sociale des jeunes. En Savoie par exemple, elles animent des « chantiers jeunes » qui permettent de faire découvrir les métiers du bâtiment. Elles interviennent aux côtés du département pour une gestion optimale du fonds d'aide aux jeunes (FAJ) et un accompagnement global tant vers l'emploi, que vers la mobilité et le logement.

Ainsi, au moment où le rapport final sur « France Travail » va être publié, les MLJ appellent à assurer une place importante pour les élus des collectivités locales, annuler le projet d'algorithme d'orientation, donner aux MLJ un rôle d'animateur sur les questions de jeunesse au sein de « France Travail », confier le portage du contrat d'engagement jeune au seul réseau des MLJ, préserver l'autonomie du réseau des MLJ dans sa stratégie partenariale pour ne pas nuire à son agilité.

Les missions locales jeunes ont prouvé leur expertise et leur efficacité, il serait regrettable de leur retirer leur rôle primordial auprès des jeunes. Aussi, elle souhaite savoir quelles dispositions le Gouvernement compte prendre pour répondre à leurs attentes dans le cadre de la création de « France Travail ».

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Réponse du Ministère du travail, du plein emploi et de l'insertion publiée le 07/09/2023

L'examen en première lecture du projet de loi pour le plein emploi par le Sénat a été l'occasion de rappeler ce que le rapport de la mission de préfiguration affirmait déjà : le projet France Travail a pour ambition de consolider le rôle des missions locales, reconnues comme un opérateur jouant un rôle majeur pour les jeunes ayant besoin d'un accompagnement socio-professionnel. Il n'a ainsi jamais été question de fusion ni même de remettre en cause le statut et l'autonomie des missions locales, qui jouent et continueront de jouer un rôle central auprès des jeunes en difficultés. A cet égard, les inquiétudes qui ont pu être exprimées ont été entendues. Ainsi a été retirée du texte une mention relative à l'exercice des compétences des missions locales par délégation de France Travail et leur rôle en matière de réorientation vers l'opérateur le plus adapté à l'accompagnement vers l'emploi du bénéficiaire a été affirmé. Par ailleurs, l'État continuera de conventionner directement avec les missions locales pour ce qui concerne leur financement, et les collectivités seront toujours aussi présentes dans leurs instances de gouvernance et de coordination. Une gouvernance territorialisée du réseau France Travail est prévue. Reposant sur un copilotage entre l'État et les collectivités locales, des comités territoriaux assureront un pilotage régional, départemental, mais aussi au niveau des bassins d'emploi. Une instance de gouvernance nationale, le comité national France Travail, définira quant à elle les orientations stratégiques et les modalités de pilotage du patrimoine commun. Les missions locales ainsi que leurs représentants prendront toute leur place dans cette gouvernance. Pour atteindre l'objectif premier du projet de loi, le plein emploi pour tous, il importe en effet que les missions locales, comme les Cap emploi et Pôle emploi renforcent la coordination de leurs actions et de leurs outils, entre eux et avec tous les autres acteurs de l'insertion et de l'emploi. C'est pourquoi, le projet de loi prévoit la définition d'un patrimoine commun à chacun des membres du réseau France Travail. Il s'agit de méthodes et de règles de coordination, de critères d'orientation, de référentiels métiers et de référentiels de formations, qui seront partagés, au service des usagers. Dans le cadre de ce patrimoine commun, les critères d'orientation des personnes vers l'organisme référent chargé d'assurer leur accompagnement personnalisé, seront ainsi définis collectivement, dans le carde du comité national France Travail, au sein duquel participera l'Union nationale des missions locales. A la suite de cette orientation, un diagnostic global de la situation de la personne sera réalisé, conjointement avec elle. Si le besoin apparaît, la personne concernée pourra être orientée vers un autre organisme référent. Elle signera ensuite, sauf cas particuliers, un contrat d'engagement. Ce contrat désignera le référent chargé de son accompagnement et définira le plan d'action, personnalisé et élaboré en fonction de ses besoins, destiné à lui permettre d'atteindre son objectif d'insertion sociale ou professionnelle. Dans ce cadre, les missions locales pourront proposer l'un ou l'autre des deux parcours contractualisés qui matérialisent le droit à l'accompagnement des jeunes en difficultés qu'elles mettent en oeuvre, le parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie ou le contrat d'engagement jeune. Ainsi, le rôle des missions locales en soutien des jeunes et leur place sont confortés, au sein d'une architecture permettant une plus grande coopération et efficacité de l'accompagnement vers une insertion solide et durable dans l'emploi de toutes les personnes qui en ont besoin.

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