Question de Mme BOYER Valérie (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 20/04/2023
Mme Valérie Boyer attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer sur la lutte contre les trafics de drogue, notamment à Marseille. Mercredi 12 avril 2023, Marseille a connu de nouveaux règlements de comptes. Vers 23 heures, c'est à la cité Félix Pyat, dans le 3e arrondissement, qu'une fusillade a éclaté. Un mineur aurait été touché aux membres inférieurs dans l'échange. Peu de temps après, des tirs étaient signalés au niveau du boulevard Banon, dans le 4e arrondissement, où des hommes encagoulés dans une voiture auraient pris un second véhicule pour cible. Vers minuit, c'est à la Busserine (14e arrondissement) que des coups de feu ont retenti. Une fusillade a été signalée un peu plus tard du côté de la cité Consolat, dans le 15e. Enfin, trois personnes blessées seraient à recenser dans un échange de tirs rue Caussemille, dans le quartier de la Belle-de-Mai (3e).
Dans la nuit du 2 au 3 avril 2023, Marseille avait déjà été le théâtre d'un sanglant déferlement de violence. Trois fusillades dans le quartier des Aygalades, la cité du Castellas et la zone de la Joliette avaient laissé derrière elles trois morts et une dizaine de blessé.
Et cette « dynamique particulièrement inquiétante va se poursuivre dans les mois à venir », a estimé la procureure de Marseille.
Chiffres à l'appui, la procureure a mis en évidence « l'accélération » du nombre de ces drames, avec déjà 32 procédures ouvertes pour assassinat en bande organisée ou tentative d'assassinat en bande organisée depuis le début de l'année, « toutes sur Marseille ».
Des dossiers qui ont fait 14 morts - 13 tués par balles et un jeune lynché à mort, à la cité de la Paternelle - et 43 blessés.
En 2021 et 2022, sur le ressort du tribunal judiciaire de Marseille, 30 et 46 procédures de ce type avaient été ouvertes, pour respectivement 25 et 32 morts.
« Le rajeunissement des victimes nous inquiète beaucoup », a également précisé la procureure.
Âgées de 27 ans en moyenne il y a une dizaine d'années, les victimes des règlements de comptes entre gangs à Marseille sont désormais quatre ans plus jeunes, selon une étude faite sur les neuf premiers mois de 2022.
Crise sociale, éducation, santé, insécurité, immigration : la lutte contre ces trafics touchent l'ensemble de ces sujets.
Aussi, selon les services du ministère de l'intérieur : « Les mis en cause étrangers sont surreprésentés par rapport à l'ensemble des mis en cause avec une infraction associée. » Cela se traduit, selon eux, par « un quart des mis en cause pour usage de stupéfiants et vols sans violence (24 %) et 15 % des mis en cause sont de nationalité algérienne, marocaine ou tunisienne. ».
Ils estiment, par ailleurs, que « la surreprésentation de mineurs étrangers pour les vols sans violence est en lien avec l'existence de filières de criminalité organisée exploitant notamment des mineurs isolés ». Et ils l'affirment : « Les étrangers sont aussi surreprésentés parmi les mis en cause pour des infractions d'usage et de recel avec un mis en cause sur cinq (19 %) », tandis que «12 % des mis en cause sont de nationalité algérienne, marocaine ou tunisienne ».
Autre constat : « Les mis en cause de nationalité d'un pays d'Europe hors Union européenne (comme certains pays de l'Est ou des Balkans) et d'Amérique sont surreprésentés parmi les infractions de blanchiment ou de participation à une association de malfaiteurs ».
Aussi estime-t-elle qu'il faut aller plus loin.
Elle considère que si un état d'urgence sanitaire a été voté pour protéger les ainés, un état d'urgence pourrait être déclaré contre les trafics de drogue pour protéger les jeunes.
C'est pourquoi elle souhaite savoir ce que le Gouvernement compte faire pour garantir la sécurité des Français.
- page 2602
Transmise au Ministère de l'intérieur
La question est caduque
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