Question de Mme DOINEAU Élisabeth (Mayenne - UC) publiée le 27/04/2023
Mme Élisabeth Doineau attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la perte de souveraineté alimentaire de notre pays.
Le salon de l'agriculture de l'année 2023 a fermé ses portes. Pour la première fois dans son édition, la question de la souveraineté alimentaire était abordée. Son président alerte à ce sujet : « Il faut que la France arrête de perdre sa souveraineté alimentaire et qu'elle évite de manquer d'agriculteurs comme elle manque de médecins. » La question de la formation des jeunes dans la filière agricole est au coeur des enjeux à venir. Selon un rapport sénatorial de septembre 2022 intitulé « Compétitivité de la ferme France », le constat est sans équivoque. La France, première puissance agricole européenne importe 71 % de ses fruits, 56 % de ses viandes ovines, 28 % de ses légumes, 26 % de ses viandes de porc. La liste est longue, le constat lui, est laconique. Nous sommes en train de perdre notre souveraineté alimentaire.
Dans le département rural et agricole de la Mayenne, elle le constate chaque jour. 30 % des exploitants agricoles ont plus de 55 ans, 850 agriculteurs cesseront leur exploitation cette année ou l'année prochaine. Le déficit s'alourdit chaque année de plus de 200 agriculteurs.
L'avenir de l'agriculture française dépend du renouvellement des générations. À Laval, il y a un déficit de places en bac professionnel conduite et gestion des entreprises agricoles. Cela ne peut durer. Il faut des places et vite.
Elle lui demande donc s'il ne serait pas temps de revaloriser les places disponibles dans les établissements professionnels, s'il ne serait pas temps de prouver aux jeunes Français, cherchant leur voie, que l'agriculture en est une au même titre que les autres. Pour récolter, il faut semer. Préparons les futures générations d'agriculteurs !
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Transmise au Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire
Réponse du Ministère auprès du ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 05/06/2024
Réponse apportée en séance publique le 04/06/2024
M. le président. La parole est à Mme Élisabeth Doineau, auteure de la question n° 652, transmise à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Mme Élisabeth Doineau. Madame la ministre, je connais votre engagement non seulement pour la réindustrialisation de la France, mais aussi pour sa sécurité alimentaire : cette question vous est donc bel et bien destinée.
Lors de l'édition 2023 du salon de l'agriculture, dont il était alors président, Jean-Luc Poulain déclarait : « Il faut que la France arrête de perdre sa souveraineté alimentaire et qu'elle évite de manquer d'agriculteurs comme elle manque de médecins. »
La formation des jeunes dans la filière agricole est au coeur des enjeux à venir. (Mme la ministre déléguée le confirme.) Or, selon un rapport sénatorial daté de septembre 2022 et intitulé Compétitivité de la ferme France, le constat est sans équivoque : nous sommes en train de perdre notre souveraineté alimentaire.
Je le constate chaque jour dans mon département de la Mayenne, où 30 % des exploitants agricoles ont plus de 55 ans et où, pour les années 2023 et 2024, 850 agriculteurs au total auront cessé leur activité. Chaque année en moyenne, notre département perd plus de 200 agriculteurs, ce qui est tout à fait considérable.
L'avenir de l'agriculture française dépend du renouvellement des générations ; pourtant, à Laval, on constate un véritable déficit de places en bac pro conduite et gestion de l'entreprise agricole. N'est-il pas temps d'augmenter le nombre de places proposées dans les établissements professionnels ? N'est-il pas temps de prouver aux jeunes Français que l'agriculture est une voie d'avenir au même titre que les autres ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Madame la sénatrice Doineau, la souveraineté est bien le fil rouge de notre politique économique ; et, en matière agricole, la souveraineté alimentaire est réellement la priorité du Gouvernement. C'est d'ailleurs l'enjeu du projet de loi d'orientation agricole, que le Sénat va bientôt examiner.
La formation des jeunes est un enjeu clé de notre souveraineté alimentaire : vous l'avez également rappelé. Il y va de notre capacité à opérer la transition agroécologique.
Le ministère de l'agriculture est donc pleinement mobilisé pour offrir la meilleure formation possible aux futurs agriculteurs et encourager pleinement le renouvellement des générations : ce sera l'un des grands enjeux de l'examen du projet de loi d'orientation agricole.
Avec ce texte, nous entendons en particulier augmenter le nombre d'apprenants dans l'enseignement agricole de 30 % en 2030 par rapport à 2017. Comme l'a annoncé le Président de la République, les moyens nécessaires sont mis en oeuvre pour permettre l'accueil de ces jeunes dans les meilleures conditions.
Vous mentionnez une section de baccalauréat professionnel à Laval et je prends bonne note de votre remarque. Je puis vous assurer que Marc Fesneau, qui suit plus particulièrement le dossier de l'enseignement agricole, travaille sur ce cas précis.
D'ailleurs, le projet de loi d'orientation agricole traite des ouvertures de sections et du renforcement de certaines classes. Ainsi, en vertu de son article 4, lorsque des besoins supplémentaires de formation dans les secteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire sont identifiés par le contrat de plan État-région, des contrats territoriaux sont signés entre l'établissement, l'État, la région et les représentants locaux des branches professionnelles pour définir, au plus près du terrain, un plan d'action détaillant les engagements de chacune des parties. Ainsi, les élèves pourront être accueillis dans des filières porteuses, connectées au monde du travail et pourvoyeuses d'emplois.
Enfin, le diplôme de niveau bac+3 instauré par le projet de loi qui vous sera bientôt soumis permettra de développer les compétences techniques et l'excellence académique de nos jeunes.
Vous le voyez, nous prenons pleinement la mesure de cet enjeu d'avenir qu'est la formation des jeunes agriculteurs. Vous serez appelés à enrichir le projet de loi pour promouvoir davantage encore ces filières spécifiques. Nous sommes, comme vous, convaincus de leur importance.
M. le président. La parole est à Mme Élisabeth Doineau, pour la réplique.
Mme Élisabeth Doineau. Pour récolter, il faut semer : je vous remercie de vos annonces, madame la ministre !
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