Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 18/05/2023

Question posée en séance publique le 17/05/2023

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Max Brisson. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, après un long silence, votre entrée en scène était particulièrement attendue.

Or vos annonces, loin de répondre au besoin de réforme de l'école, furent plus polémiques que saluées. Elles ont cependant ouvert de nouveaux débats sur la laïcité et la mixité sociale.

J'ai donc trois questions à vous poser.

À l'aune de la composition du nouveau Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République, entendez-vous redéfinir ce principe fondamental de notre République qui prévaut jusqu'à présent à l'école publique ?

Alors que le chef de l'État vous invite à ne pas « réveiller de vieux conflits », pourrez-vous mettre en oeuvre votre plan sur la mixité sociale à l'école ?

Enfin, avez-vous la confiance du Président de la République pour réformer et diriger l'éducation nationale ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

- page 4405


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 18/05/2023

Réponse apportée en séance publique le 17/05/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Brisson, trois questions... ou plutôt deux auxquelles je répondrai.

La première porte sur la laïcité.

D'abord, j'ai déjà eu l'occasion de dire devant vous que la laïcité doit être observée de manière ferme et stricte. Nous devons respecter strictement la loi de 2004, qui est notre boussole en la matière, et être fermes à l'égard de celles et de ceux qui contreviennent au principe de laïcité. Depuis l'automne dernier, des conseils de discipline se sont ainsi tenus et des sanctions ont été prononcées.

Ensuite, comme je vous l'ai déjà également indiqué, la laïcité est aussi une pédagogie. Elle doit être non pas seulement crainte, mais aimée - comme le disaient les républicains à la fin du XIXe siècle de la République. Il est donc très important que nous développions une pédagogie de la laïcité pour convaincre, afin de ne pas simplement faire respecter au sens strict du terme la laïcité.

Pour cela, nous disposons d'un Conseil des sages qui oriente l'action du ministre, et qui fournit des éléments intellectuels et de doctrine. En parallèle, nous avons aussi une administration, comptant plus de 600 personnes au sein des équipes Valeurs de la République qui travaillent à faire respecter la laïcité sur le terrain, en faisant preuve de discernement, mais de manière très ferme.

Pour ce qui concerne votre deuxième question, je dévoilerai ce soir le plan pour la mixité sociale. Nous allons en effet signer un accord avec le Secrétariat général de l'enseignement catholique pour ce qui concerne l'enseignement privé, et j'annoncerai une batterie de mesures de nature à favoriser la mixité dans les établissements publics.

La mixité, c'est bon pour le climat scolaire, pour le climat social et pour le niveau des élèves, et c'est aussi bon pour la laïcité. (M. François Patriat applaudit.)

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Mais sans rien de contraignant !

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour la réplique.

M. Max Brisson. Acte I : le Président de la République, face caméra, multiplie depuis un an les annonces sur l'organisation scolaire et son évolution.

Acte II, seul et en militant, pour enfin exister, vous vous concentrez, monsieur le ministre, sur deux sujets. Une laïcité à géométrie variable, qui conduit au torpillage du Conseil des sages et qui laisse sans directive professeurs et proviseurs, et un ciblage éculé de l'enseignement privé, qui serait - vieux fantasme de la gauche - la source des défaillances de l'enseignement public.

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Non, mais de l'absence de mixité sociale, oui !

M. Max Brisson. Acte III : le Président de la République vous rappelle à l'ordre et vos plans sont rangés au placard.

Le problème est qu'à force de tirer à hue et à dia, la rue de Grenelle et l'Élysée passent à côté de l'essentiel : la réforme d'un service public à bout de souffle.

Cessez donc de jouer avec l'Élysée ce bien mauvais vaudeville !

Monsieur le ministre, au-delà de vos idées personnelles et clivantes, la France a besoin d'un élan réformateur pour son école. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

- page 4405

Page mise à jour le