Question de M. ROJOUAN Bruno (Allier - Les Républicains-R) publiée le 18/05/2023

M. Bruno Rojouan attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur l'augmentation des troubles dépressifs chez les jeunes en France, qui est devenue une préoccupation majeure pour de nombreux citoyens.

Selon des études récentes, le nombre de personnes souffrant de dépression en France a augmenté de manière significative au cours des dernières années, en particulier pendant la pandémie de covid-19.

Cette augmentation de la dépression a des conséquences graves pour la santé et le bien-être de la population française, ainsi que pour l'économie générale du pays. En effet, les personnes qui souffrent de dépression rencontrent des difficultés à travailler ou à mener une vie normale, ce qui peut entraîner des conséquences économiques et sociales importantes.

Selon les dernières données de l'organisation mondiale de la santé (OMS), la dépression est la première cause de maladie et d'invalidité chez les adolescents âgés de 15 à 19 ans dans le monde. En France, une enquête menée par l'institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) en 2021 a révélé que 18 % des jeunes âgés de 15 à 34 ans ont déclaré avoir souffert de troubles dépressifs au cours des 12 derniers mois.

Cette augmentation des troubles dépressifs chez les jeunes est préoccupante et nécessite une action urgente pour prévenir et traiter ces troubles. Les conséquences de la dépression peuvent être graves et avoir un impact sur la santé mentale et physique des jeunes, ainsi que sur leur vie sociale, scolaire et professionnelle.

Ainsi, il souhaite savoir quelles dispositions le Gouvernement compte mettre en place afin de prévenir et limiter la croissance des troubles dépressifs chez les jeunes en France.

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Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 06/07/2023

La crise de la Covid-19 a eu un impact négatif sur la santé mentale des Français. On a ainsi observé une augmentation quasi générale et durable des troubles anxio-dépressifs, des troubles du sommeil et des idées suicidaires, notamment chez les jeunes filles de 10 à 14 ans. A noter que, si l'impact de la Covid-19 a mis en évidence la santé mentale comme déterminant majeur de la santé globale, le Gouvernement s'est mobilisé bien avant la crise sanitaire pour l'inscrire comme une priorité de sa politique de santé. Dès juin 2018, et en cohérence avec les objectifs de la stratégie nationale de santé, le Gouvernement a adopté une Feuille de route santé mentale et psychiatrie organisée autour de trois axes : la prévention, le parcours de soins et l'insertion sociale. Forte déjà de 37 actions concrètes, elle a été encore enrichie en 2020 par des mesures complémentaires du Ségur de la santé, et en 2021 par les 30 mesures issues des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, avec de nombreuses actions ciblant les enfants et les jeunes. Au sein de cette feuille de route, la prévention du suicide figure en bonne place, en tant qu'enjeu majeur de santé publique et priorité pour le ministère de la santé et de la prévention. La stratégie nationale de prévention du suicide est décrite dans le cadre de l'instruction du 10 septembre 2019, actualisée par l'instruction du 6 juillet 2022. Son objectif consiste à mettre en oeuvre de façon coordonnée dans les territoires un ensemble d'actions intégrées de prévention du suicide : maintien du contact avec les personnes ayant fait une tentative de suicide via le déploiement du dispositif VigilanS, formation d'intervenants en prévention du suicide, accès au numéro national de prévention du suicide, le 3114, etc. Cette stratégie a été récemment renforcée sur son volet « jeunes » avec des actions visant à généraliser la prise en charge des mineurs par les centres VigilanS, à expérimenter le programme de recherche « Equipe en Ligne d'Intervention et d'Orientation pour les adolescents et les jeunes adultes en Souffrance » (ELIOS) qui prévoit l'intervention de web-cliniciens formés à la prévention du suicide directement sur les réseaux sociaux pour venir en aide aux jeunes en proie à des idées suicidaires, et à adosser un tchat au 3114 afin d'en faciliter l'accès à ce public. Parmi les autres actions prioritaires du Gouvernement en faveur de la santé mentale des enfants et des jeunes, on peut rappeler le lancement de la stratégie multi sectorielle de développement des compétences psycho sociales chez les enfants et les jeunes 2022-2037, publiée en août 2022 et signée par neuf départements ministériels (dont l'Education nationale). Cette stratégie fixe un objectif générationnel, à savoir que les enfants qui naîtront en 2037 appartiendront à la première génération à grandir dans un environnement continu de soutien au développement des compétences psycho-sociales. Elle définit pour les 15 prochaines années un cadre commun à tous les secteurs, incluant les étapes et les moyens à mobiliser, et prévoit une déclinaison opérationnelle au travers de feuilles de route pour chaque secteur par période de 5 ans (à paraître d'ici fin 2023). Le remboursement par l'Assurance maladie d'une prestation d'accompagnement psychologique réalisée par un psychologue en ville. Ce dispositif, appelé MonSoutienPsy, s'adresse à toute la population dès l'âge de 3 ans, pour prendre en charge des troubles psychiques d'intensité légère à modérée, sur orientation médicale. Des campagnes de communication sur la santé mentale ciblant spécifiquement les jeunes. Afin de libérer la parole en matière de santé mentale et de lutter contre la stigmatisation des troubles psychiques, Santé publique France a lancé en 2021 puis reconduit en 2022 une campagne de communication et d'information pour les jeunes de 11-17 ans (#JEnParleA) ; une action d'affichage a également été organisée au printemps 2022 au sein des établissements d'enseignement, en partenariat avec l'Education nationale et l'enseignement agricole. Le renforcement de l'offre en maisons des adolescents, avec l'objectif d'en implanter au minimum une par département. Le déploiement du secourisme en santé mentale, notamment en milieu étudiant. Conçu sur le modèle des gestes qui sauvent, il permet de repérer une personne en détresse psychologique et de l'orienter vers des ressources adaptées. Enfin, des Assises de la santé de l'enfant sont prévues au cours du 2ème semestre 2023 : elles seront l'occasion d'une large concertation associant professionnels et usagers, et donneront lieu à des annonces concernant la santé mentale des enfants et des jeunes.

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