Question de Mme JACQUEMET Annick (Doubs - UC) publiée le 25/05/2023

Mme Annick Jacquemet attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur la nécessité de renforcer l'accompagnement psychologique des personnes victimes d'un accident vasculaire cérébral (AVC).

Selon les chiffres publiés par le Gouvernement, parmi les 150 000 victimes d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) recensées chaque année en France, environ 120 000 personnes survivent. Toutefois, de nombreuses séquelles, à la fois physiques et psychologiques, persistent bien souvent après l'accident.

Ces réactions provoquées par l'AVC sont généralement liées au stress de la blessure, à l'invalidité ou au contact avec la mort. Dans d'autres cas, elles peuvent être causées par des modifications structurelles, électriques ou biochimiques du cerveau.

Comme le démontrent les conclusions d'une analyse d'études, publiée en mars 2023 dans la revue scientifique « PLOS Medecine », près d'un tiers des survivants d'un AVC souffrent de dépression lors de la première année suivant l'événement.

Contrairement aux États-Unis où un service de soutien en ligne prévoit une aide à destination des patients et de leur famille afin d'affronter les suites psychologiques d'un AVC, cette problématique n'est pas encore suffisamment prise en compte dans notre pays où les séquelles physiques retiennent davantage l'attention des pouvoirs publics.

Or, si elle n'est pas repérée et soignée, cette « dépression post-AVC » peut réduire l'efficacité de la récupération après l'accident et les récidives sont plus fréquentes.

En France, un programme ambitieux d'accompagnement baptisé « Avancer avec vous » a été mis en place afin de surveiller et détecter des signes de spasticité, et de proposer une prise en charge la plus adaptée possible. Comme le recommande la Haute autorité de santé, en plus d'un suivi rééducatif, il est essentiel de proposer si besoin un accompagnement psychologique.

Elle souhaite donc savoir dans quelles mesures le Gouvernement envisage de compléter le programme « Avancer avec vous » afin de renforcer l'accompagnement psychologique des victimes d'AVC qui souffrent de dépression.

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Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 05/10/2023

L'amélioration des prises en charge des personnes victimes d'accident vasculaire cérébral (AVC) est un enjeu fort pour le ministère de la santé et de la prévention. L'organisation des filières régionales de prise en charge des patients victimes d'AVC intègre la dimension psychologique aux différentes étapes de prise en charge des patients, en aigu comme au sein du suivi rééducatif du patient. La circulaire du 6 mars 2012 relative à l'organisation de ces filières précise que lors de la phase aiguë de prise en charge en Unité NeuroVasculaire (UNV), la prise en charge psychologique du patient doit être initiée le plus précocement possible selon ses besoins de façon à prévenir et/ou réduire les séquelles. C'est à ce titre que l'équipe non-médicale d'une Unité de Soins Intensifs de Neurologie Vasculaire (USINV) comprend, en tant que de besoin, un psychologue en conformité avec l'article D. 6124-30-3 du Code de la santé publique. Pour les AVC dont la prise en charge nécessite une intervention de neuroradiologie interventionnelle, le décret n° 2022-22 du 10 janvier 2022 relatif aux conditions techniques de fonctionnement de l'activité interventionnelle sous imagerie médicale en neuroradiologie fixe, comme pour l'USINV, l'intervention, en tant que de besoin d'un psychologue au sein du personnel non médical (art. D. 6124-149-III). Pour les UNV, qui relèvent des autorisations relatives à l'activité de médecine, elles mobilisent, en conformité avec l'art D. 6124-217 du décret n° 2022-1047 du 25 juillet 2022, une équipe pluridisciplinaire composée en tant que de besoin « de tout autre professionnel nécessaire à la prise en charge du patient ». Par ailleurs, l'établissement de santé est chargé d'organiser le soutien aux familles et aux aidants des patients, en lien avec un psychologue et, en tant que de besoin, avec le concours d'un psychiatre (art D.6124-219). Ainsi, les équipes pluridisciplinaires responsables du traitement de la phase aiguë des AVC peuvent mobiliser, selon les besoins des patients, des compétences en psychologie intervenant tant pour l'évaluation initiale que pour la prise en charge. La prise en charge post-aiguë des personnes victimes d'AVC implique ensuite les établissements de soins médicaux et de réadaptations (SMR) dont la réforme des autorisations intègre la dimension psychologique comme constitutive des prises en charge en SMR en fixant par le biais de l'art. R. 6123-118 que « l'activité de soins médicaux et de réadaptation a pour objet de prévenir ou de réduire les conséquences fonctionnelles, déficiences et limitations d'activité, soit dans le cadre de la prise en charge de patients atteints de pathologies chroniques, soit en amont ou dans les suites d'épisodes de soins aigus, que ces conséquences soient physiques, cognitives, psychologiques ou sociales ». La réforme des autorisations des établissements SMR rend ainsi obligatoire la compétence en psychologie au sein de l'équipe pluridisciplinaire pour l'ensemble des mentions de recours. Les AVC peuvent relever d'une prise en charge SMR autorisée à la mention « polyvalent » au sein de laquelle, selon les besoins du patient, la prise en charge psychologique est incluse (art. D. 6124-177- 9). Pour les établissements SMR titulaires de la mention « système nerveux » prenant notamment en charge les AVC avec ou sans troubles cognitifs de moins de trois mois ou les AVC au-delà de 6 mois dans le cadre d'objectifs thérapeutiques définis, l'article D. 6124-177-25 impose la constitution d'une équipe pluridisciplinaire comprenant « un ou plusieurs psychologues, dont au moins un justifie d'une formation ou d'une expérience attestée en neuropsychologie ». La mise en oeuvre progressive des éléments constitutifs de cette réforme permettra d'améliorer la qualité et la prise en charge globale des patients en assurant au-delà de la rééducation physique, une réponse aux besoins cognitifs et psychologiques de rééducation. De plus, l'éducation thérapeutique du patient devant être initiée dès le passage en UNV constitue un complément indispensable de prise en charge au décours de l'AVC, en termes de gestion du risque neuro-cardio-vasculaire mais également d'un handicap post-AVC dans un objectif d'atténuer les conséquences de l'AVC et leur retentissement sur la vie quotidienne. Enfin, le suivi post-AVC maintient la dimension psychologique dans les soins notamment en évaluant les besoins du patient lors du bilan post AVC. Cette consultation médicale effectuée par un neurologue, un gériatre ou médecin de médecine physique et réadaptation a lieu deux à six mois après l'AVC. Selon l'évolution des séquelles de l'AVC, il est également recommandé d'explorer en comparaison au bilan de sortie et notamment par l'équipe l'ayant réalisé, les différentes dimensions (psychologique, physique, cognitive, viscérale) de la situation. Tout au long du parcours du patient victime d'AVC, en conformité avec les textes réglementaires et la circulaire relative à l'organisation des filières régionales de prise en charge de l'AVC, une attention particulière doit donc être portée à l'évaluation de la situation psychologique et le cas échéant, au déclenchement d'une prise en charge adaptée.

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