Question de Mme BORCHIO FONTIMP Alexandra (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 29/06/2023
Question posée en séance publique le 28/06/2023
M. le président. La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Alexandra Borchio Fontimp. Madame la ministre, en France, plus de la moitié des étudiants en première année de licence échouent.
Dès lors, que pensez-vous de la casse organisée par Parcoursup ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 29/06/2023
Réponse apportée en séance publique le 28/06/2023
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la sénatrice, votre question était à la fois claire et concise. Je vais tâcher d'y répondre aussi clairement dans le temps qui m'est imparti.
Tout d'abord, je voudrais vous dire que Parcoursup est un outil au sujet duquel nous sommes, et vous l'êtes probablement aussi, très sollicités en cette période, sollicitations auxquelles nous devons répondre, notamment pour ce qui touche aux questions d'orientation.
C'est précisément à cette problématique, à celle de la réussite de nos étudiants, qui est liée au volet « orientation » de la loi du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants, que je travaille avec le ministre de l'éducation nationale.
Le ministre a, par exemple, décidé de généraliser l'an prochain l'expérimentation de la découverte des métiers au collège, et ce dès les classes de cinquième, de quatrième et de troisième. Plus tard, au lycée, les professeurs principaux de terminale accompagnent aussi les élèves dans leur orientation.
Nous continuons également à faire en sorte de fournir les ressources nécessaires pour mieux personnaliser et rendre cette orientation plus humaine : il s'agit de permettre aux élèves, et donc aux futurs étudiants, de trouver leur voie propre, en vue d'exercer le métier de leur choix.
Dans le supérieur, enfin, je rappelle que la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants a créé des outils et fourni des moyens aux établissements.
Je vous rejoins d'ailleurs, madame la sénatrice, lorsque vous soulignez que le premier cycle représente un enjeu particulier pour nos établissements : nous accompagnons les élèves, en regardant les débouchés, l'insertion professionnelle.
C'est aussi pourquoi nous avons renforcé la transparence, non seulement sur les critères d'examen des voeux - c'est important de savoir -, mais aussi sur l'orientation, en publiant les taux de réussite et d'insertion des différentes filières dans Parcoursup.
Nous avons travaillé tous ensemble pour mieux accompagner les jeunes et « humaniser » en quelque sorte le volet relatif à l'orientation et à l'accompagnement.
M. le président. La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp, pour la réplique.
Mme Alexandra Borchio Fontimp. Madame la ministre, je précise que ma question s'adressait également, bien évidemment, au ministre de l'éducation nationale.
Vous vous cantonnez encore une fois à des annonces conjuguées au futur : on s'y attendait, d'autant que le Président de la République en a fait autant avant-hier, à Marseille.
Depuis cinq ans maintenant, les étudiants cherchent des stratégies pour déjouer le dispositif.
Les enseignants essaient eux aussi de donner les moyens à leurs élèves d'accéder à leur projet : inflation inouïe de la notation dans les bulletins scolaires, surenchère des appréciations, qui font du dithyrambe la règle générale. Certains lycées pratiquent même le double bulletin, c'est-à-dire une note « vitrine » pour Parcoursup et une note véritable pour informer l'élève de son niveau réel...
Quant au système lui-même, il se caractérise par la complexité technique de la plateforme, l'absence d'examen des lettres de motivation ou encore la totale opacité des critères de sélection.
Parcoursup a renversé le bac, déjà affaibli par le contrôle continu et les notes qui varient d'un établissement à l'autre, et par l'angoisse de l'arbitraire froid de l'algorithme. On a déshumanisé cette dernière étape de la vie scolaire au nom d'un impératif technocratique.
Parcoursup a également désorganisé l'année de terminale. Les élèves ont désormais cinq mois pour se préparer aux épreuves, une incongruité supplémentaire qui accentue l'absentéisme lors du dernier trimestre - mais après tout, ce ne sont que trois mois d'apprentissage perdus... S'ajoute à cela l'épreuve de philosophie dévalorisée.
Il s'agit d'une régression pédagogique, qui aggrave les inégalités et obère les chances de réussite d'une jeunesse sacrifiée sur l'autel de Parcoursup.
Madame la ministre, le 1er juin est devenu la journée nationale de l'angoisse ! Cessons cette absurdité bureaucratique pour l'accès au savoir !
Nous, sénateurs du groupe Les Républicains, demandons la création d'un véritable service public de l'orientation, dont le but n'est pas d'avoir 100 % de réussite au bac, mais d'instruire, de bien former et de mieux orienter.
Cette ambition éducative est aussi humaniste.
M. le président. Veuillez conclure.
Mme Alexandra Borchio Fontimp. Servons-nous des outils numériques pour garantir un processus d'orientation équitable et pour documenter vos travaux. Je vous propose à cet égard de suivre les recommandations...
M. le président. Il faut conclure !
Mme Alexandra Borchio Fontimp. ... du rapport de notre collègue Jacques Grosperrin. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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