Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 01/06/2023
M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur les dangers des édulcorants artificiels.
Dans une directive rendue publique le 15 mai 2023, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde contre l'utilisation des édulcorants sans sucre : l'acésulfame de potassium, l'aspartame, l'advantame, les cyclamates, le néotame, la saccharine, le sucralose, la stevia et ses dérivés.
Non seulement ces produits de substitution au sucre ne permettent pas de perdre du poids, mais ils peuvent présenter des risques pour la santé sur le long terme, qu'ils soient présents dans des produits de consommation ou utilisés pour « sucrer » des aliments. En effet, ils augmenteraient la survenue de diabète de type 2, de maladies cardio-vasculaires et de mortalité chez les adultes.
Déjà, en mars 2022, des chercheurs de l'Inserm, de l'INRAE, de l'Université Sorbonne Paris Nord et du Cnam avaient analysé les données de santé et de consommation d'édulcorants de 102 865 adultes français participants à l'étude de cohorte NutriNet-Santé. Il en ressortait une association entre la consommation d'édulcorants et un risque accru de cancer.
C'est pourquoi il lui demande quel est l'état des connaissances sur la toxicité des édulcorants sans sucre et comment faire en sorte que les consommateurs soient explicitement informés de leur présence et des suspicions répétées dont ils font l'objet.
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Transmise au Ministère de la santé et de la prévention
Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 28/09/2023
Les édulcorants intenses sont autorisés en Europe dans l'alimentation humaine en tant qu'additifs alimentaires, après évaluation par l'Autorité européenne de sécurité des aliments. Leur utilisation est encadrée par le règlement (CE) n° 1333/2008 sur les additifs alimentaires. Tous les additifs alimentaires doivent figurer dans la liste des ingrédients figurant sur l'étiquetage des produits. Leur utilisation dans un objectif de contrôle du poids et de lutte contre les maladies non transmissibles a été remise en cause par l'Organisation mondiale de la santé en mai 2023. Par ailleurs, la cancérogénicité de certains additifs alimentaires a été suggérée par plusieurs études expérimentales, et la cohorte Nutrinet-Santé a permis de mettre en exergue que les personnes qui consommaient le plus d'édulcorants, en particulier d'aspartame et d'acésulfame-K avaient un risque plus élevé de développer un cancer, tout type de cancers confondus. Le ministère de la santé et de la prévention ainsi que le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sont particulièrement attentifs à ce sujet et portent une approche globale sur les risques liés à leur consommation. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail a ainsi été saisie en août 2022 au sujet de la caractérisation et de l'évaluation des impacts sur la santé de la consommation d'aliments ultra-transformés. L'avis, attendu pour août 2024, permettra d'identifier d'éventuels procédés ou ingrédients à l'origine d'impacts sanitaires, et d'adopter des mesures de prévention adaptées, le cas échéant. Toutefois, les recommandations nutritionnelles portées par Santé publique France, notamment via le site mangerbouger.fr, invitent d'ores et déjà à limiter les produits ultra-transformés, reconnaissables à leur longue liste d'ingrédients, dont font généralement partie les produits contenant des édulcorants de synthèse. De plus, au regard des éléments de la littérature scientifique quant aux associations entre la consommation régulière de produits contenant des édulcorants et le risque de maladies chroniques, le comité scientifique européen en charge d'évaluer le Nutri-Score a recommandé la prise en compte des édulcorants de synthèse dans l'algorithme pour les boissons, secteur dans lequel ils sont majoritairement utilisés à ce jour. Cette évolution du Nutri-Score permettra d'aider les consommateurs à réaliser des choix alimentaires plus éclairés et d'éviter l'incitation à la substitution du sucre par des édulcorants par les industriels.
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