Question de M. BURGOA Laurent (Gard - Les Républicains) publiée le 01/06/2023
M. Laurent Burgoa indique à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire que les exploitations agricoles d'Occitanie, et plus globalement les exploitations françaises et européennes, sont déjà fortement engagées dans la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre et dans la préservation de l'environnement.
La Commission européenne a engagé une révision de la directive 2010/75/UE du Parlement européen et du Conseil du 24 novembre 2010 relative aux émissions industrielles (IED) qui pourrait être très pénalisante pour la filière. Son projet initial prévoit notamment : un abaissement très important des seuils IED à 150 « unités de gros bétail » (UGB), augmentant drastiquement le nombre d'élevages familiaux concernés ; l'introduction d'une règle de cumul des espèces sur une même exploitation pour le calcul du seuil IED, qui renforce encore son impact en intégrant les exploitations diversifiées ; une complexification sans précédent des règles administratives d'autorisation des élevages inadaptées pour des entreprises familiales.
Les conséquences de ce projet de révision appliqué en l'état ont été chiffrées pour la France par les instituts techniques du secteur de l'élevage. Pour la seule production avicole, la proposition de la Commission conduirait à classer sous réglementation « IED » 72 % des élevages avicoles, contre 18 % qui le sont actuellement. Pour les élevages sous signe de qualité, le nombre d'exploitations qui serait sous règlementation IED passerait même de 0,7 % à 79 %. Le coût estimatif, pour la filière avicole française, s'élèverait en l'état à 1,2 milliard d'euros.
Il attire son attention sur les conséquences de ce projet de texte sur l'agriculture et l'encourage à défendre le maintien des seuils IED existants, à savoir pour la production avicole, un maintien du seuil de 40 000 places de volailles et le non-cumul entre espèces au sein d'une même exploitation ou à proximité.
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Transmise au Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires
Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 10/08/2023
La directive 2010/75/UE relative aux émissions industrielles (dite « directive IED ») s'applique aujourd'hui uniquement aux élevages de volailles, de porcs et de truies. Elle a pour objectif de réduire les émissions des exploitations concernées notamment par la mise en oeuvre de mesures environnementales définies au niveau européen. La Commission européenne a présenté le 5 avril 2022 un projet de modification de cette directive intégrant dans son champ d'application les élevages de volailles, porcins et bovins à partir du seuil de 150 unités de gros bétail (UGB), sur le fondement d'une étude d'impact mettant notamment en exergue l'importance des émissions d'ammoniac et de méthane issues de l'ensemble de ces élevages. Dans le cadre des négociations au Conseil de l'Union européenne, le Gouvernement a porté une position visant à tenir compte des contraintes, notamment financières, que la révision de la directive engendrerait pour la profession agricole. Ces négociations ont abouti à une orientation générale du Conseil le 16 mars 2023 incluant des seuils de 280 UGB pour les élevages de volailles et de 350 UGB pour les élevages porcins, bovins et les exploitations mixtes ainsi qu'une exclusion des élevages extensifs porcins et bovins (dans lesquels la densité est inférieure à 2 UGB par hectare servant uniquement au pâturage ou à la culture de fourrage utilisé pour l'alimentation des animaux dans l'installation). L'orientation générale comprend également un calendrier d'application échelonné en fonction de la taille des exploitations concernées afin que la profession dispose d'un temps suffisant pour se conformer à la directive. Les négociations au Parlement européen sont encore en cours. À ce stade, les seuils retenus dans les principes votés par la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement sont de 200 UGB pour les élevages de volailles et porcins, de 300 UGB pour les élevages bovins et de 250 UGB pour les exploitations mixtes avec une exclusion des élevages extensifs (définis selon différentes options et sans compter une catégorie animale pour laquelle le nombre d'UGB est inférieur à 25). La commission de l'agriculture et du développement rural du Parlement a, quant à elle, déposé un amendement supprimant la référence aux élevages bovins de la définition de l'UGB, qui a été rejeté par la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire. Le vote en plénière a eu lieu le 10 juillet 2023 au Parlement. Dès lors, le gouvernement français continue d'être largement investi dans le cadre du trilogue européen et de la définition des exigences qui seront applicables aux élevages (dites « règles d'exploitation ») afin que des mesures environnementales soient appliquées proportionnellement aux pollutions générées par les différents types d'élevages et en tenant compte de leurs spécificités.
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