Question de M. PANUNZI Jean-Jacques (Corse-du-Sud - Les Républicains-A) publiée le 01/06/2023
M. Jean-Jacques Panunzi attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur le transfert des oeuvres corses dans les musées insulaires.
Dans une région à forte identité comme la Corse, la culture, l'histoire, le patrimoine sont des marqueurs importants qui unissent le passé au présent pour mieux se projeter dans l'avenir.
Depuis plusieurs années, sous l'impulsion des anciens départements et de la collectivité de Corse, avec le concours des services de l'État mais aussi de l'Union européenne, notre île a développé une politique culturelle proactive qui s'est notamment traduite par la création de musées qui témoignent de l'histoire insulaire. Une mise en valeur qui constitue aussi un vecteur d'attractivité touristique qu'il convient de consolider.
Il se trouve que la Corse, de par sa position centrale en Méditerranée occidentale, a longtemps été un carrefour et les fouilles archéologiques attestent de cette richesse historique. Avant que la Corse ne dispose des infrastructures d'accueil adéquates, des objets découverts sur le territoire insulaire ont été transportés ailleurs et ne sont pas exposés dans les musées de l'île. Certains datent du Néolithique, d'autres de l'âge de Bronze, beaucoup du Moyen-Âge.
Il y a des exemples notables comme la statuette datant du Néolithique dite « Venus de Campu Fiureddu » découverte au début du 20ème siècle à Grossa, près de Sartène, et qui est exposée au British Museum à Londres alors qu'elle pourrait l'être à Sartène.
De même pour des objets et artefacts de l'âge de Bronze découverts à Vizzavona ou à Carbuccia que l'on retrouve en Suisse ou en Italie lorsque les musées de Corte, Lévie, Ajaccio ou Sartène pourraient très bien les accueillir ou a minima pour un temps partagé dans le cadre de conventionnements.
L'intercession fructueuse de son ministère en faveur du retour en Corse de la Madone de Brando le mois dernier a pu se faire parce qu'il y avait une vente aux enchères en cours.
Bon nombre d'oeuvres qui pourraient être conservées en Corse appartiennent à des musées situés à l'étranger. Il souhaite connaître les procédures pour rapatrier ces oeuvres dans des musées insulaires qui restent les meilleures vitrines de l'histoire de la Corse, sachant que le travail risque d'être long et sinueux dans un environnement juridique impliquant des législations nationales différentes.
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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargé des outre-mer publiée le 07/06/2023
Réponse apportée en séance publique le 06/06/2023
Mme le président. La parole est à M. Jean-Jacques Panunzi, auteur de la question n° 725, adressée à Mme la ministre de la culture.
M. Jean-Jacques Panunzi. Dans une région à forte identité comme la Corse, la culture, l'histoire, le patrimoine sont des marqueurs importants, qui unissent le passé au présent pour mieux se projeter dans l'avenir.
Depuis plusieurs années, sous l'impulsion des anciens départements et de la collectivité de Corse, avec le concours des services de l'État, mais aussi de l'Union européenne, notre île a développé une politique culturelle proactive, qui s'est notamment traduite par la création de musées témoignant de l'histoire insulaire, une mise en valeur qui constitue aussi un vecteur d'attractivité touristique qu'il convient de consolider.
Il se trouve que la Corse, en raison de sa position centrale en Méditerranée occidentale, a longtemps été un carrefour ; les fouilles archéologiques attestent de cette richesse historique. Avant qu'elle ne dispose des infrastructures d'accueil adéquates, des objets découverts sur le territoire insulaire ont été transportés ailleurs et ne sont pas exposés dans les musées de l'île. Certains datent du néolithique, d'autres de l'âge du bronze, beaucoup du Moyen Âge.
Il est quelques exemples notables, comme la statuette datant du néolithique dite Vénus de Campu Fiureddu, découverte au début du XXe siècle à Grossa, près de Sartène, et qui est exposée au British Museum à Londres, alors qu'elle pourrait l'être à Sartène...
Il en va de même d'objets et artefacts de l'âge du bronze découverts à Vizzavona ou à Carbuccia, mais que l'on retrouve en Suisse ou en Italie, alors que les musées de Corte, de Levie, d'Ajaccio ou de Sartène pourraient très bien les accueillir ou, à tout le moins, les partager dans le temps, dans le cadre de conventions.
L'intercession fructueuse de la ministre de la culture en faveur du retour en Corse de la Madone de Brando le mois dernier a pu se faire parce qu'il y avait une vente aux enchères en cours. Néanmoins, bon nombre des oeuvres qui pourraient être conservées en Corse appartiennent à des musées situés à l'étranger.
Aussi, ma demande consiste à vous solliciter pour savoir comment nous pourrions procéder pour les rapatrier dans des musées insulaires, qui restent les meilleures vitrines de l'histoire de la Corse. Si vous souscrivez à ce projet, sachez que ce travail risque d'être long et sinueux, dans un environnement juridique impliquant des législations nationales différentes.
Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Jean-François Carenco, ministre délégué auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargé des outre-mer. Monsieur le sénateur Panunzi, le Gouvernement salue le développement d'une politique culturelle dynamique en Corse et la soutient.
Nous comprenons que les Corses déplorent que la Vénus de Campu Fiureddu ou des objets archéologiques trouvés à Vizzavona soient, bien que découverts en Corse, conservés à l'étranger.
Toutefois, ces objets ont semble-t-il quitté la Corse à une époque où il n'existait pas de règles internationales ou nationales de protection susceptibles d'empêcher ces mouvements. De ce fait, leur situation actuelle semble peu contestable en droit et seule la négociation de prêts pourrait être entreprise pour permettre leur présentation en Corse.
Bien que le ministère de la culture soit évidemment sensible à la protection du patrimoine en général, y compris celui des régions françaises, et engagé à prévenir et à réparer les atteintes que celui-ci peut subir, il est vrai que beaucoup d'oeuvres ne restent pas dans le lieu où elles ont été créées ou découvertes, qu'elles soient originaires de Corse ou d'ailleurs.
Quoi qu'il en soit, ma collègue ministre de la culture reste très attentive au sort de la Madone de Brando et à la possibilité qu'elle retourne en Corse, qui reste évidemment sa destination privilégiée. Elle s'est entretenue à ce sujet avec le président du conseil exécutif de la Corse. Les services du ministère, en administration centrale et en Drac, sont pleinement mobilisés auprès de la collectivité de Corse et de la commune de Brando pour trouver une solution en ce sens, mais celle-ci ne pourra être que respectueuse des droits et des intérêts des différentes parties.
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