Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 15/06/2023

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur la nécessité de dépister l'hypertension artérielle (HTA).
Cette maladie chronique, la plus fréquente en France, constitue un facteur de risque important pour les maladies cardiovasculaires et rénales, ainsi que la démence. Pourtant, selon les chiffres compilés par Santé publique France dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 16 mai 2023, alors que près de 17 millions de Français en souffrent (un adulte sur trois), plus de 6 millions n'en ont nullement conscience.
L'agence nationale de santé publique déplore ainsi que « la connaissance, le traitement et le contrôle de l'HTA restent sous-optimaux en France et n'[aie]nt connu aucune amélioration récente, certains indicateurs ayant même subi une dégradation ». De surcroît, la crise liée à la pandémie de covid-19 a fait diminuer significativement les premières prises en charge de la maladie : le nombre de personnes ayant initié un traitement a chuté de 11 %.
En conséquence, il lui demande comment mieux dépister et prendre en charge l'hypertension artérielle.

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Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 28/09/2023

L'hypertension artérielle (HTA) est un facteur de risque majeur de maladies cardio ou cérébrovasculaires, qui comptent parmi les principales causes de mortalité en France. En 2019, 7,3 millions de personnes étaient traitées pharmacologiquement pour HTA en prévention primaire, hors diagnostic de maladie cardiovasculaire, de diabète ou d'insuffisance rénale terminale. Plusieurs actions renforçant l'accès aux soins de premier recours doivent permettre une meilleure prise en charge des personnes à risque d'HTA : - la prochaine mise en place des rendez-vous prévention aux âges clef de la vie ; - un plan d'action collectif destiné aux 700 000 personnes en affection longue durée (ALD), qui n'ont pas de médecin traitant, confié à l'Assurance maladie, afin qu'une solution soit proposée à ces personnes ; - pour le renforcement des bonnes pratiques, les travaux engagés par la Haute autorité de santé d'une recommandation concernant l'évaluation et la prise en charge en médecine de premier recours du risque cardiovasculaire global en prévention primaire et secondaire. Cette recommandation de bonnes pratiques sera relayée auprès de professionnels de santé de premier recours et prendra en compte la prise en charge de l'HTA ; - la diffusion des bonnes pratiques par ailleurs inscrite dans trois orientations prioritaires du développement professionnel continu pour 2023-2025. Deux orientations prioritaires sont dédiées à l'HTA (Prise en charge du patient hypertendu et de son risque cardiovasculaire et Prise en charge de l'hypertension artérielle associée à la maladie rénale chronique) et une orientation prioritaire de politique nationale de santé est consacrée au repérage et à la prise en charge du risque cardio-vasculaire ; - le renforcement des ressources en éducation thérapeutique des personnes atteintes. A ce titre, le déploiement des infirmières ASALEE en coopération avec le médecin traitant concerne près de 1 800 infirmières dans 2 500 sites auprès de 7 800 médecins. La lutte contre l'HTA s'inscrit par ailleurs dans une stratégie de prévention du risque cardiovasculaire, qui est multifactoriel. La promotion d'habitudes de vie saine tout au long de la vie, inscrite dans la stratégie nationale de santé, est un second volet essentiel de la lutte contre l'HTA, par la lutte contre l'alimentation déséquilibrée, la consommation excessive de sel ou de graisses saturées et d'acides gras trans, la consommation insuffisante de fruits et de légumes, la lutte contre la sédentarité, le tabagisme, la consommation excessive d'alcool, l'obésité, l'exposition au bruit. Plusieurs mesures y contribuent : - le volet non-médicamenteux de la prise en charge de l'HTA fait l'objet de mesures innovantes. Le décret n° 2023-235 du 30 mars 2023 fixant la liste des maladies chroniques, des facteurs de risque et des situations de perte d'autonomie ouvrant droit à la prescription d'activités physiques adaptées (APA) a ainsi inclus l'hypertension artérielle. En termes d'accompagnement à l'APA, plus de 500 structures ont été labellisées comme maisons sport santé, et celles-ci ont été introduites dans le code de la santé publique par la loi n° 2022-296 du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport en France ; - concernant la réduction des apports en sel, déterminant nutritionnel plus spécifique de l'HTA, le Programme national pour l'alimentation et la nutrition prévoit de réduire la consommation de sel de 30 % d'ici 2025. Un accord collectif avec l'ensemble des acteurs du secteur signé en mars 2022 prévoit une réduction progressive du sel de 2022 à 2025 dans les pains courants et traditions, les pains complets et céréales, ainsi que les pains de mie. Plus largement, le Programme national de l'alimentation et de la nutrition prévoit l'élaboration d'engagements volontaires des filières afin de réduire les teneurs en sel, mais également en sucres et en gras, et afin d'augmenter les teneurs en fibres ; - d'autres mesures sont mises en oeuvre dans le cadre du 4ème Programme national nutrition santé (PNNS 2019-2023), afin d'encourager le respect des nouvelles recommandations nutritionnelles publiées par Santé publique France, incitant à limiter la consommation de sel et produits salés. Un nouvel algorithme du Nutri-Score entrera par ailleurs prochainement en vigueur, permettant notamment de mieux différencier les aliments selon leur teneur en sel ; - enfin, le ministère de la santé et de la prévention soutient les actions de communication à destination du grand public de la Fédération française de cardiologie, des acteurs associatifs comme institutionnels contribuant à l'information et la sensibilisation du public sur les déterminants du risque d'HTA et du risque cardiovasculaire.

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