Question de M. BELIN Bruno (Vienne - Les Républicains-R) publiée le 29/06/2023
M. Bruno Belin attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur les annonces faites le 15 juin 2023 par la Première ministre, lors de la présentation du plan « France ruralités ».
À cette occasion, la Première ministre avait pu annoncer, aussi bien dans la presse qu'auprès des élus présents dans la Vienne, l'envie d'être « facilitatrice » afin de mettre un terme aux fermetures abusives et excessives de classes.
Il se félicite d'apprendre que l'objectif d'établir un plan de projection sur trois ans est enfin envisagé. Il tient d'ailleurs à lui rappeler qu'il s'agissait de l'une de ses demandes évoquées lors de leur entrevue le 2 février 2023.
Il souligne qu'à ce titre, les élus ont reçu cette nouvelle avec joie, espérant ne plus être pris de court par une décision de fermeture de classes.
Les annonces cinglantes de fermetures, sans prise en compte de l'avis des élus, en janvier 2023, résonnent encore comme un souvenir noir dans les communes en milieu rural.
Il le prie de ne pas laisser le plan « France ruralités » devenir une simple illusion. De fait, il lui demande l'échéance envisagée et la stratégie appliquée pour mettre en oeuvre cette mesure qui renouera, il l'espère, avec la considération des territoires ruraux et la prise en compte de la vision des élus.
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Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 19/07/2023
Réponse apportée en séance publique le 18/07/2023
M. le président. La parole est à M. Bruno Belin, auteur de la question n° 773, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
M. Bruno Belin. Monsieur le ministre, voilà quelques semaines, à Saulgé, dans le département de la Vienne, vous étiez au côté de la Première ministre lorsque celle-ci est venue présenter le plan France Ruralités.
Au cours de son intervention, parmi d'autres points, elle a évoqué les enjeux liés à l'école et à la scolarisation, surtout en milieu rural - je sais que vous connaissez bien ce sujet.
Monsieur le ministre, ma question est fort simple : quelle est la stratégie du Gouvernement pour préparer, au travers de ce plan France Ruralités, la rentrée scolaire 2024 ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Bruno Belin, vous l'avez dit, avec le plan France Ruralités, les territoires ruraux sont au coeur des attentions du Gouvernement. Et vous avez raison de le souligner : la scolarisation en milieu rural et les moyens qui sont alloués dans cette perspective à l'éducation nationale représentent un enjeu particulier.
Dans ce contexte, l'idée est bien d'avoir un dialogue territorial spécifique. Celui-ci comporte une nouveauté, à savoir une visibilité à trois ans. Ainsi que l'a annoncé le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, dès l'automne prochain sera mise en place dans chacune des académies, en amont des conseils départementaux de l'éducation nationale (CDEN), une instance départementale de dialogue et de concertation.
Plusieurs objectifs lui seront assignés.
D'une part - et cela constitue non pas l'ensemble de la réponse, mais une partie de celle-ci -, elle devra lancer un appel à projets d'internats d'excellence destinés spécifiquement aux territoires ruraux.
D'autre part, il lui faudra généraliser l'expérimentation de ce qu'on appelle les « territoires éducatifs ruraux », sur lesquels la direction générale de l'enseignement scolaire (Dgesco) travaille de manière effective. L'objectif est que nous disposions de 185 territoires éducatifs ruraux à partir de 2024, contre 63 à la minute où je vous parle, soit le triple.
Chaque département - hors ceux de l'Île-de-France - sera doté d'au moins un territoire éducatif rural. La définition du périmètre géographique, l'établissement des diagnostics et l'élaboration des plans d'action feront l'objet d'une concertation entre les autorités académiques et les élus, de telle sorte que la création de ces territoires soit officialisée au plus tard au tout début de l'année 2024.
Outre ces politiques spécifiques, qui sont le pivot de cette stratégie pour les territoires ruraux, je veux citer bien évidemment les stages de réussite, l'école ouverte, le dispositif Devoirs faits et les cordées de la réussite, qui ont déjà concerné spécifiquement près de 37 000 élèves des territoires ruraux.
Nous avons évidemment le souhait de conduire une politique en faveur de l'équité. C'est pourquoi le taux d'encadrement des élèves dans les territoires ruraux est plus élevé qu'en milieu urbain : le ratio est de 20,28 enfants par classe dans les communes rurales éloignées et de 21,2 dans les communes rurales, alors que le ratio moyen national est de 21,7.
M. le président. La parole est à M. Bruno Belin, pour la réplique.
M. Bruno Belin. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. Je formulerai deux remarques factuelles.
D'une part, il manque à ce plan France Ruralités du contenu et une orientation stratégique : un Médicobus par département si les collectivités concernées sont volontaires, un chargé de projet par département, 5 000 euros ou 6 000 euros par commerce repris en milieu rural, tout cela est insuffisant !
D'autre part, s'agissant des questions scolaires, qui font l'objet de mon interrogation, j'entends que 185 territoires éducatifs ruraux vont être expérimentés. Si l'on ramène ce chiffre à l'ensemble des départements, cela donne une moyenne de deux pour chacun d'entre eux. Nous ne pouvons nous en satisfaire.
De même, évoquant le nombre d'élèves par classe, vous pointez la différence de ratio entre les classes qui sont situées en zone rurale et celles qui se trouvent en zone urbaine. N'oubliez jamais, cependant, que les enfants vivant en milieu rural passent beaucoup de temps dans les cars scolaires. C'est pourquoi il convient d'être très attentif à la cartographie des regroupements pédagogiques.
Vous parlez de plans à trois ans - c'est essentiel -, élaborés en coordination par les élus et les autorités académiques - ainsi que, je l'espère, par les préfets, qui ont une vision politique des choses un peu plus aiguë que les recteurs d'académie.
À tout le moins, cette concertation autour du plan à trois ans doit d'ores et déjà acter qu'il n'y aura pas de fermetures de classes à la rentrée de 2024. Puisqu'il faut se projeter à trois ans, ayons le courage de sacraliser, par ce statu quo, les classes des territoires ruraux.
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