Question de Mme PONCET MONGE Raymonde (Rhône - GEST) publiée le 13/07/2023
Question posée en séance publique le 12/07/2023
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. - Mme Émilienne Poumirol applaudit également. - Ah ! sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Raymonde Poncet Monge. Près d'un Français sur six déclare ne pas manger à sa faim. Dans un contexte de crise inflationniste des prix alimentaires, part essentielle du budget des ménages modestes, les Restos du coeur constatent cet été une augmentation de 25 % des Français qui ont recours à l'aide alimentaire.
Aucun territoire n'est épargné et, au fil de vos réformes, les publics s'élargissent : travailleurs pauvres, jeunes, familles monoparentales, retraités, enfants de moins de 3 ans - plus 16 % cet hiver !
L'inflation déstabilise l'équilibre budgétaire des associations d'aide. L'achat des produits alimentaires et d'hygiène devient plus onéreux pour les associations, qui reçoivent moins de dons alimentaires, lesquels sont de moindre qualité, et qui sont obligées de prélever sur leurs fonds propres pour répondre à la demande.
L'année prochaine, si aucune mesure n'est prise, le budget des Restos du coeur consacré aux achats alimentaires aura presque doublé en deux ans.
En outre, 40 % des épiceries solidaires ont dû réduire la quantité des produits et parfois l'accès à l'épicerie, quand elles n'ont pas dû baisser le seuil du reste à vivre pour pouvoir prétendre à cette aide.
Emmaüs refuse cinq personnes par semaine et par communauté.
De façon inédite, face à l'affluence, certains Restos du coeur ont dû stopper les inscriptions et ont mis en place des listes d'attente.
Les associations tirent la sonnette d'alarme, car, face à ces effets ciseaux, elles ne pourront plus nourrir et accompagner convenablement les personnes les plus démunies.
Le filet de sécurité des associations se fragilise. Que prévoyez-vous dès aujourd'hui pour restaurer leurs capacités à faire face à l'extrême pauvreté ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE.)
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Réponse du Ministère auprès du ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, chargé des personnes handicapées publiée le 13/07/2023
Réponse apportée en séance publique le 12/07/2023
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée des personnes handicapées.
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, chargée des personnes handicapées. Madame la sénatrice Poncet Monge, vous l'avez souligné, l'inflation a fragilisé une partie de nos concitoyens, notamment les plus modestes.
Les chiffres actuels montrent le début d'une éclaircie, mais ce n'est bien sûr pas suffisant - encore que. La mise en place dans la grande distribution, à la demande du Gouvernement, d'un trimestre anti-inflation pour garantir aux consommateurs des prix préférentiels pour un ensemble de produits du quotidien se traduit déjà par une consommation peut-être plus aisée.
Parallèlement, vous le savez, le Gouvernement a agi pour contenir la hausse des prix de l'énergie, ce qui représente une dépense de 46 milliards d'euros. Il a également engagé la revalorisation anticipée des prestations de 4 %, démarche qu'il a poursuivie au 1er avril dernier : ainsi, la revalorisation atteint 5,6 % en un an.
En matière alimentaire, sujet essentiel, il y a eu un renforcement exceptionnel des moyens des associations d'aide alimentaire. Ainsi, les crédits de l'État ont triplé en 2022, pour atteindre 156 millions d'euros. Cela a permis notamment d'affecter en urgence 10 millions d'euros d'aide alimentaire à destination des étudiants cet hiver et d'apporter des réponses spécifiques aux outre-mer.
La lutte du Gouvernement contre la précarité alimentaire se concrétise aussi dès 2023 par le programme « Mieux manger pour tous ! », qui est doté de 60 millions d'euros pour cette première année d'amorçage et qui permettra de financer des paniers et des chèques verts et solidaires.
Sur ces 60 millions d'euros, 40 millions d'euros ont vocation à financer des actions nationales. Grâce au travail mené par le ministre Jean-Christophe Combe avec les dix-huit associations agréées, ces crédits sont actuellement fléchés. Cette démarche touche à son but.
Madame la sénatrice, permettez-moi de tirer mon chapeau à tous les bénévoles qui oeuvrent dans ces associations d'aide alimentaire et qui accomplissent un travail absolument extraordinaire. (Mmes Françoise Gatel et Évelyne Perrot abondent. - Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour la réplique.
Mme Raymonde Poncet Monge. Madame la ministre, vous parlez de 2022 : je vous parle d'aujourd'hui.
Les associations proposent une augmentation du fonds d'aide alimentaire durable ou du fonds européen, comme lors de la crise de la pandémie. Nous attendons de vous un React-EU 2. Ce sont des mesures d'urgence.
Plus durablement, madame la ministre, portez les minima au seuil de pauvreté, et ce sans condition. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE.)
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