Question de M. FOURNIER Bernard (Loire - Les Républicains) publiée le 13/07/2023

Question posée en séance publique le 12/07/2023

M. le président. La parole est à M. Bernard Fournier, pour le groupe Les Républicains.

M. Bernard Fournier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Dimanche, sur Radio J, vous éloignant du coeur des préoccupations qui devraient être celles du ministre de l'éducation nationale, vous vous en êtes violemment pris, monsieur le ministre, à deux médias, dont le tort, sans doute, est de ne pas toujours être le relais de ce que vous pensez, de ce que vous prônez. (Marques de désapprobation sur les travées du groupe SER.)

À court d'arguments, et sans aucune démonstration, vous avez brandi l'ultime mise en cause : ces deux médias seraient d'« extrême droite », de l'extrême droite la plus radicale. (C'est vrai ! sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.) Ces médias feraient même, selon vous, du mal à la démocratie ! Et d'exprimer votre inquiétude pour nos valeurs républicaines. L'heure est grave...

Comment, monsieur le ministre, avez-vous pu vous laisser aller à une telle facilité ? Comment pouvez-vous fustiger un média parce qu'il ne pense pas comme vous ? Que faites-vous de la liberté des journalistes à s'exprimer ? Que faites-vous de la liberté et de l'indépendance de la presse ?

M. David Assouline. Et Bolloré ?

M. Bernard Fournier. En jetant l'anathème contre ces médias, vous faites preuve d'un terrible mépris à l'égard de tous ceux, spectateurs et auditeurs, qui les regardent et les écoutent.

Plutôt que de vous en prendre à la liberté d'expression, il serait plus judicieux que vous apportiez de vraies réponses à l'effondrement du niveau scolaire,...

M. David Assouline. C'est vous qui l'avez provoqué !

M. Bernard Fournier. ... au déclin de la France dans les classements internationaux, à la flambée des atteintes à la laïcité, aux difficultés de recrutement des enseignants ou encore au sentiment légitime d'abandon qui les anime.

Monsieur le ministre, ne pensez-vous pas que nos enfants et le personnel de l'éducation nationale méritent mieux de leur ministre que des anathèmes et des propos inutilement polémiques ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Huées sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST.)

M. David Assouline. C'est du Zemmour !

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 13/07/2023

Réponse apportée en séance publique le 12/07/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Fournier, il y a la liberté de la presse, à laquelle je suis aussi attaché que vous (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.), mais il y a aussi la liberté d'expression. (Applaudissements sur les travées des groupes SER, GEST et RDPI.) Ces deux libertés sont essentielles.

À ce titre, il est de mon droit le plus strict de donner un point de vue sur la ligne éditoriale d'une chaîne de télévision. Il ne s'agit pas de censurer qui que ce soit.

Si, monsieur le sénateur, vous aviez écouté mon interview dans son intégralité, si vous m'aviez écouté sur les grands chantiers de l'éducation nationale, vous m'auriez interrogé sur la parentalité et l'implication des parents dans la scolarité des enfants.

Mme Pascale Gruny. Il serait temps !

M. Pap Ndiaye, ministre. Vous m'auriez interrogé sur l'orientation des élèves, avec la découverte des métiers.

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Ce n'est pas le sujet !

Mme Nadine Bellurot. Répondez à la question !

M. Cédric Perrin. Ce n'est pas la bonne fiche !

M. David Assouline. Laissez-le parler !

M. Pap Ndiaye, ministre. Vous m'auriez interrogé sur la réforme du baccalauréat et sur les pistes de travail pour la réforme du troisième trimestre. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Un sénateur du groupe Les Républicains. Esquive !

M. Pap Ndiaye, ministre. Vous m'auriez interrogé sur la question du niveau en français et sur l'introduction de critères formels dans l'évaluation des copies du bac en orthographe et en syntaxe, ce qui passe par un renforcement des disciplines fondamentales - c'est ce que nous faisons en classe de sixième, avec l'heure de renforcement et de soutien en français et en mathématiques. (Les protestations redoublent sur les mêmes travées et se transforment en brouhaha.)

Vous m'auriez interrogé sur l'augmentation des professeurs et des personnels d'orientation et d'éducation à partir de la rentrée, des augmentations significatives inédites depuis trente ans. (Le brouhaha couvre la voix de M. le ministre.)

Vous m'auriez interrogé sur l'autonomie des établissements, avec le Conseil national de la refondation.

M. Max Brisson. Baratin ! Police de la pensée !

M. Cédric Perrin. Remaniement !

M. Pap Ndiaye, ministre. Voilà, monsieur le sénateur, les sujets sur lesquels vous auriez pu m'interroger, des sujets tout de même plus essentiels que la dérive extrême-droitière d'une chaîne de télévision ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, SER, GEST et CRCE, ainsi que sur des travées des groupes RDSE, INDEP et UC. - Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)

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