Question de M. SAURY Hugues (Loiret - Les Républicains) publiée le 20/07/2023
M. Hugues Saury attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la situation des éleveurs bovins en France. Dans un rapport intitulé « Les soutiens publics aux éleveurs de bovins » publié sur le 22 mai 2023, la Cour des comptes recommande de « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin ». Jugeant le modèle de production fragile malgré un soutien public très élevé, elle affirme que le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane appelle nécessairement une diminution du cheptel. En effet, selon les auteurs de ce rapport, cette recommandation s'impose en raison d'un bilan climatique largement défavorable, l'élevage bovin représentant 11,8 % des émissions de gaz à effet de serre. Or, sans remettre en cause les objectifs climatiques, force est de constater que le rapport n'aborde ni la question de la déstabilisation de la filière, ni l'impact sur le tissu économique local, ni même celle du bilan carbone des viandes bovines importées et de la souveraineté alimentaire. Par conséquent il lui demande quelle stratégie le Gouvernement envisage pour conjuguer les recommandations de la Cour des comptes avec le maintien d'une filière bovine et la sauvegarde de notre souveraineté alimentaire.
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 05/10/2023
Le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire a tenu à faire savoir qu'il était pleinement conscient du sentiment d'incompréhension et d'exaspération que cette publication a soulevée au sein du monde agricole, et plus particulièrement chez les éleveurs. Il a ainsi rappelé son soutien en s'exprimant publiquement à ce sujet devant le sénat, à l'occasion de l'examen de la proposition de loi pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France. En cette occasion, il a rappelé que lorsqu'il s'agit d'agriculture, et d'élevage en particulier, le débat public est trop souvent caractérisé par la méconnaissance des réalités du modèle d'élevage actuel et par le dogmatisme, les stigmatisations ou les caricatures qui y sont liées. Et c'est dans cet esprit que le Gouvernement, à travers la voix de la Première ministre, a réaffirmé le 30 mai 2023 que la France pouvait être fière de son modèle d'élevage bovin et a affirmé qu'il avait un avenir. C'est la raison pour laquelle la France s'est montrée déterminée à soutenir l'élevage à travers la nouvelle politique agricole commune, l'élevage étant la filière la plus soutenue, ou dans le cadre des relations commerciales, en s'opposant à l'accord avec le Mercosur. Ce choix est d'ailleurs cohérent avec les objectifs gouvernementaux en matière de transition environnementale et de préservation de la biodiversité. En effet, le modèle d'élevage français présente la particularité d'avoir de nombreuses externalités positives. Un hectare de prairie permanente permet ainsi l'absorption annuelle de 403 kilos de dioxyde de carbone (CO2). Chaque année, les prairies stockent ainsi 8 millions de tonnes de CO2 en France. L'élevage est également le garant du réseau de haies et d'autres infrastructures agro-écologiques qui participent à la préservation de la biodiversité, la lutte contre les incendies dans de nombreuses régions et au maintien de paysages ouverts. C'est enfin l'élevage qui produit les engrais organiques nécessaires à l'agriculture biologique. Le monde de l'élevage est aujourd'hui au coeur de nombreux défis, tels que l'évolution de la démographie agricole, les aspirations nouvelles des actifs agricoles, l'évolution des pratiques alimentaires ou encore l'adaptation et l'atténuation du changement climatique. Dans ce contexte, il faut donc construire un nouveau cadre, dans lequel l'élevage aura toute sa place ; c'est tout le sens du Pacte et loi d'orientation et d'avenir agricoles. Ce pacte sera l'occasion de réaffirmer que la France a besoin d'éleveurs et que sa souveraineté alimentaire passe aussi par cette reconnaissance.
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