Question de Mme CONWAY-MOURET Hélène (Français établis hors de France - SER) publiée le 14/09/2023
Mme Hélène Conway-Mouret attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur les difficultés rencontrées par les librairies françaises à l'étranger.
La faillite récente de la librairie Vice Versa à Jérusalem n'est pas un cas isolé mais le dernier en date de faillites observées dans de nombreux pays. Cela traduit une situation très préoccupante pour ces établissements, emblèmes de la francophonie, qui participent au rayonnement de la France à l'étranger.
La concurrence déloyale amorcée par Lireka, cette start-up qui propose des tarifs inférieurs et des délais de livraison identiques à Amazon, contribue à tuer peu à peu les petits commerces qui ne peuvent faire face à ce monopole international. En effet, les libraires, non soumis à la loi n° 81-766 du 10 août 1981 relative au prix du livre, n'ont d'autres choix que d'augmenter les prix des livres. Pour survivre, ils doivent à la fois gérer les fluctuations des prix du transport, des frais de douane, des taux de change, ainsi que les frais des éditeurs pour les ventes de livres à l'étranger. Certains s'octroient par exemple jusqu'à 5,5 % de « prix export » sur chaque livre vendu à l'étranger. Par ailleurs, les délais de livraison très longs, y compris en Europe, participent à la discrimination de ces commerçants qui voient alors leurs clientèles se tourner vers les plateformes numériques.
Elle souhaiterait ainsi savoir si des mesures sont envisagées afin de venir en aide à ces librairies et de ce fait limiter leurs fermetures successives.
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Transmise au Ministère de la culture
Réponse du Ministère de la culture publiée le 21/03/2024
La politique publique en matière de soutien du livre français à l'international constitue un prolongement des objectifs poursuivis sur le territoire national, promotion de la diversité des oeuvres et accès du plus grand nombre à ces oeuvres. Il s'agit d'une composante importante de la stratégie de l'action culturelle de la France dans le monde, tant en termes d'influence qu'en termes économiques. Acteurs essentiels de la présence du livre français à l'étranger, les librairies francophones composent un réseau hétérogène, selon les situations économiques, sociales et linguistiques des pays où elles sont implantées. Elles sont à la fois des vecteurs de la promotion du modèle culturel français et des acteurs économiques favorisant l'export de l'édition française. Elles font toutefois face aujourd'hui à de nombreuses difficultés qui fragilisent leurs modèles, qui sont logistiques, financières ou liées à la concurrence des acteurs en ligne, surtout en proche Europe, ou encore aux enjeux géopolitiques des zones dans lesquelles elles exercent leur activité. Par ailleurs, la crise sanitaire mondiale et ses conséquences - la forte hausse des coûts du transport entre autres - ne les a pas épargnées. Le ministère de la culture est conscient de la grande fragilité de ce réseau. C'est pourquoi il est très fortement mobilisé en faveur des librairies françaises à l'étranger (LFE) et a lancé depuis plusieurs années une série d'actions en leur faveur : via les dispositifs du Centre national du livre (CNL) pour l'achat, la valorisation et diversification des fonds (400 keuros en 2023). Depuis 2016, à la suite des annonces du plan en faveur de la diversité par le livre, ce dispositif d'aide a été élargi aux animations culturelles, aux projets de rénovation, d'agrandissement et de modernisation, ainsi qu'à la formation de leur personnel ; au travers d'une prise en charge partielle du coût du transport des livres vers l'étranger (850 keuros en 2023) pour certaines zones hors Europe, ces frais de transport étant normalement à la charge des libraires ; par un partenariat avec le Bureau international de l'édition française (BIEF) pour l'organisation d'un séminaire annuel destiné aux librairies francophones. Par ailleurs, en 2021, sous l'égide du ministère de la culture, afin de contrer la concurrence des plateformes de vente en ligne pour les librairies, deux mesures ont été prises : une Charte sur les usages commerciaux et les délais de préparation de commandes entre diffuseurs et distributeurs des éditeurs français et les représentants des librairies françaises à l'étranger, pilotée par le BIEF, avec le concours des institutions et organismes concernés - CNL et Centrale de l'édition - a été signée. Elle constitue un engagement fort de la part des diffuseurs distributeurs pour le maintien de ce réseau essentiel, puisqu'elle reconnaît la spécificité des librairies françaises à l'étranger et les contraintes particulières inhérentes à leur activité et accorde une attention renouvelée aux relations qui les lient aux diffuseurs et distributeurs français à l'export. Des avancées notables (amélioration des conditions commerciales et des délais de préparation) ont eu lieu pour les librairies situées en Europe. La Charte aura aussi à termes des effets sur les LFE du reste du monde ; un audit du transport en proche Europe demandé à la Centrale de l'édition par le ministère de la culture, qui a abouti à la transformation radicale en 2023 du système mutualisé du transport des livres pour gagner très significativement en rapidité à des coûts moindres. La Centrale de l'édition vient également de lancer un appel d'offres visant à obtenir de meilleurs tarifs auprès des transporteurs pour le reste du monde. En outre, le ministère de la culture va lancer tout prochainement une étude sur la situation économique des LFE, afin de mieux appréhender leurs modèles économiques et leurs spécificités et de pouvoir adapter au mieux son soutien. Enfin, au regard de l'importance de la diffusion du livre français à l'international, les ministères de la culture et de l'Europe et des affaires étrangères ont souhaité initier une vaste concertation de l'ensemble des acteurs qui y prennent part en 2024. Une première réunion de cadrage aura lieu en février. Cet exercice doit permettre de procéder à un bilan de l'action menée, d'étudier la stratégie de l'État en matière de promotion et de diffusion du livre français à l'étranger et de proposer une adaptation, le cas échéant, des dispositifs d'intervention existants. L'un des groupes de travail sera consacré à l'export du livre en français et aux difficultés des LFE.
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