Question de M. KANNER Patrick (Nord - SER) publiée le 12/10/2023

Question posée en séance publique le 11/10/2023

M. le président. La parole est à M. Patrick Kanner, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Patrick Kanner. Tout d'abord, je veux remercier le président Larcher de ses paroles de solidarité.

Monsieur le président, madame la Première ministre, mes chers collègues, nous avons le coeur brisé en songeant aux victimes et à leurs familles et nous avons une pensée particulière pour nos compatriotes qui ont perdu la vie ou qui ont été pris en otage.

Nous n'avons plus de mots, et pourtant tout est dit. Tout est dit dans l'article 15 de la charte du Hamas : « Face à l'usurpation de la Palestine par les Juifs, il faut brandir l'étendard du djihad. » Les scènes insoutenables qui se sont déroulées dans les kibboutzim de Kfar Aza et de Be'eri résonneront à jamais dans la mémoire du peuple israélien, comme pour nous les morts de Charlie, de l'Hypercacher, du Bataclan ou de la promenade des Anglais.

Rafles, pogroms, Shoah par balles, décapitations au couteau de femmes et d'enfants relèvent, sans nul doute, d'une volonté génocidaire.

Alors oui, comme Daech, le Hezbollah, le Djihad islamique ou Boko Haram, le Hamas est bien une organisation terroriste, une filiale de la mort. (Applaudissements sur l'ensemble des travées.) Ne pas clairement le reconnaître sous couvert d'explications vaseuses relève de l'indignité. (Très bien ! et applaudissements sur les travées des groupes SER, GEST, RDSE, RDPI, INDEP, UC et Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe CRCE-K.)

Alors oui, comme n'importe quel autre État de droit, Israël a le droit de se défendre. Il doit le faire dans le respect des conventions internationales.

Alors oui, le Hamas sème la terreur et il a horreur de nos valeurs : démocratie, liberté d'expression, laïcité, droit des femmes à disposer d'elles-mêmes. Ce prosélytisme de l'obscurantisme qui touche, de manière protéiforme, toute la planète doit être dénoncé et combattu. L'Union européenne est-elle vraiment au niveau pour relever ce défi ?

Alors oui, le Hamas combat de toutes ses forces toute idée de paix symbolisée aujourd'hui par les accords d'Abraham. Il faut aider le peuple palestinien de Gaza à se libérer des tyrans qui le poussent dans une impasse mortifère. Les progressistes des deux peuples doivent être encouragés, accompagnés et défendus. Deux États pour une paix durable : il faut retrouver l'esprit des accords d'Oslo.

Madame la Première ministre, vous avez indiqué à l'Assemblée nationale que la France tiendrait toute sa place et ferait tout pour trouver une solution politique. Quelles sont les initiatives précises que vous comptez engager ?

Mes chers collègues, soutenir le peuple israélien aujourd'hui dans le drame indicible qu'il subit, c'est défendre une certaine idée de l'humanité. (Applaudissements sur les travées des groupes SER, GEST, RDSE, RDPI, INDEP, UC et Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe CRCE-K.)

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Réponse du Première ministre publiée le 12/10/2023

Réponse apportée en séance publique le 11/10/2023

M. le président. La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Tout d'abord, je veux à mon tour saluer la mémoire de Mme la sénatrice Victoire Jasmin, disparue la semaine dernière.

Ses combats et ses engagements en faisaient une figure forte et respectée de notre vie politique, en Guadeloupe comme au Sénat. Au nom du Gouvernement, je tenais à lui rendre hommage.

Vous l'avez dit, monsieur le président Kanner, samedi dernier, l'horreur du terrorisme a frappé Israël. Depuis samedi, chaque jour, de nouvelles monstruosités commises par les terroristes du Hamas et du Djihad islamique sont découvertes. Aux tirs de roquettes, aux enlèvements, y compris de personnes âgées et d'enfants, s'est ajoutée une série de massacres perpétrés lors d'un festival à l'est de Gaza ou dans les kibboutz de Be'eri et de Kfar Aza.

Vous avez rappelé combien ces drames faisaient écho à d'autres qui sont survenus sur le territoire national.

« Horreur » : tel est le seul mot qui convient pour décrire ces attaques terroristes, et notre soutien doit être total.

Au nom du Gouvernement, je veux de nouveau témoigner de toute ma solidarité envers le peuple israélien, envers les victimes, leurs familles et leurs proches.

J'ai une pensée particulière pour les victimes françaises et pour nos compatriotes disparus, dont la situation est extrêmement préoccupante. Parmi eux, nous comptons plusieurs enfants probablement enlevés. Nous sommes en lien constant avec les familles.

J'adresse toutes mes pensées à la communauté française, en Israël, qui vit dans l'angoisse. Le centre de crise du Quai d'Orsay et notre ambassade sont pleinement mobilisés pour les accompagner.

Par ailleurs, nous travaillons activement aux côtés d'Air France pour proposer des solutions de retour à tous nos ressortissants qui le souhaitent. Un vol spécial a d'ores et déjà été confirmé pour demain, et nous travaillons à différentes options, jusqu'à la reprise des vols réguliers.

Nous soutenons Israël dans cette épreuve. Comme le Président de la République, je le dis sans ambiguïté : face au terrorisme, Israël a le droit de se défendre. Face à la barbarie, personne ne peut remettre en cause ce droit.

Je veux aussi dire aux juifs de France choqués par cette attaque et inquiets de ses répercussions sur notre sol national que nous sommes à leurs côtés.

L'antisémitisme n'a pas sa place en France. L'antisémitisme n'a pas sa place dans la République. L'antisémitisme est un délit ; nous ne laisserons rien passer. Le ministre de l'intérieur et des outre-mer a immédiatement adressé des consignes de vigilance aux forces de l'ordre et aux préfets, afin, notamment, de renforcer la protection des lieux les plus sensibles.

Monsieur le président Kanner, la France n'oublie pas son histoire et sa responsabilité pour la paix. Nous devons tout faire pour éviter l'embrasement de la région et permettre la désescalade, la protection des civils et le respect du droit international ; c'est le sens des échanges constants que mènent le Président de la République et la ministre de l'Europe et des affaires étrangères avec leurs homologues depuis les attaques.

Monsieur le président Kanner, dans un tel moment, nous avons collectivement le devoir de faire vivre les valeurs de la République et de défendre la cohésion nationale. Je me réjouis de constater que, dans cette assemblée, cette conviction est partagée par toutes et tous, sans exception. (Applaudissements sur l'ensemble des travées, à l'exception de celles du groupe CRCE-K.)

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