Question de M. LAOUEDJ Ahmed (Seine-Saint-Denis - RDSE) publiée le 30/11/2023
Question posée en séance publique le 29/11/2023
M. le président. La parole est à M. Ahmed Laouedj, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)
M. Ahmed Laouedj. Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'État chargée de la citoyenneté et de la ville.
Permettez-moi, tout d'abord, d'exprimer une pensée pour Thomas. À sa famille, à ses amis, à tous ceux qui l'ont connu et aimé, les sénateurs de mon groupe adressent leurs plus sincères condoléances.
Sa disparition est une tragédie.
Il est tentant, dans ces moments-là, de céder à la colère, à la peur et à la division. Il est tentant de chercher des boucs émissaires, de stigmatiser, mais c'est précisément ce que veulent ceux qui cherchent à nous opposer les uns aux autres : tous ceux qui ont pour seul horizon la division.
Rapidement, l'extrême droite a instrumentalisé l'affaire de Crépol. Et une ultradroite décomplexée a pris le relais dans les rues de plusieurs villes de France.
Madame la secrétaire d'État, avec 1 300 fichés S, ces groupuscules représentent la deuxième menace terroriste en France. Il faut que tous nos concitoyens mesurent ce danger.
Les dissolutions de milices ne suffiront pas au combat contre la haine. Ces milices renaissent de leurs cendres, car les idées restent.
C'est donc aussi la bataille des idées qui éloignera notre pays du risque de batailles rangées.
Restons vigilants et déterminés. Aidons les jeunes de tous les territoires à se réapproprier les principes républicains, un axe qu'a porté ici le RDSE la semaine dernière lors de l'examen de son texte sur la citoyenneté.
Nous devons aussi avoir confiance en la justice, en ses représentants et en sa capacité à maintenir la paix sociale.
Dans un État de droit, c'est la justice qui doit rendre la justice.
Madame la secrétaire d'État, une certaine catégorie de la classe politique a soufflé sur les braises de la violence. Il y a urgence à agir. Nous vous demandons de condamner, sans équivoque, les discours de haine et de division.
Nous avons un devoir d'unité face à une société fragmentée, où le lien social est rompu, où le vivre-ensemble est sérieusement menacé par toutes les minorités violentes.
Madame la secrétaire d'État, comment comptez-vous empêcher les prochaines expéditions envisagées par l'ultradroite ? (Applaudissements sur les travées des groupes RDSE, GEST, SER et CRCE-K, ainsi que sur des travées du groupe RDPI.)
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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargé de la citoyenneté, et auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville publiée le 30/11/2023
Réponse apportée en séance publique le 29/11/2023
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la citoyenneté et de la ville.
Mme Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargée de la citoyenneté, et auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée de la ville. Monsieur le sénateur Ahmed Laouedj, je vous remercie infiniment de votre question et d'avoir eu un mot pour le jeune Thomas. Tous les mots que nous pourrons prononcer les uns et les autres ne seront jamais à la hauteur d'une telle perte, pour ses parents et pour le pays.
Vous avez raison de m'interroger - je vous prie de bien vouloir excuser l'absence du ministre de l'intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin - sur les mouvements d'ultradroite, qui ont mené en réalité ces derniers jours des actions coups de poing dans plusieurs villes de France. Vous avez raison, cela menace notre vivre-ensemble, profondément.
Nous ne cesserons de le répéter, nous condamnons avec la plus grande fermeté les groupuscules d'extrême droite, qui prétendent se substituer aux policiers ou aux gendarmes pour se faire justice eux-mêmes.
Je vous l'assure, la réponse de l'État sera implacable face à ces porteurs de haine, qui ne cherchent qu'à nous diviser. Nous n'hésiterons pas à dissoudre des associations et groupuscules d'extrême droite, s'il le faut, comme nous l'avons toujours fait, avec Génération identitaire, par exemple.
Le ministre de l'intérieur et des outre-mer proposera notamment, lors du prochain conseil des ministres, la dissolution de la Division Martel, ce groupuscule infâme.
Les forces de l'ordre sont également pleinement mobilisées pour interpeller les auteurs de ces troubles à l'ordre public, les traduire devant la justice et prévenir de nouvelles actions violentes. À Romans-sur-Isère comme à Lyon, de nombreuses interpellations ont eu lieu pour mettre fin à ces manifestations sauvages qui ne véhiculent que la haine de l'autre. Je rappelle également que treize attentats d'ultradroite ont été déjoués depuis 2017 par nos services de renseignement.
Vous le voyez, monsieur le sénateur, l'État ne transige pas avec ce sujet gravissime pour la désunion de notre nation. Vous me trouverez toujours à vos côtés, avec le ministre de l'intérieur et des outre-mer, tout le Gouvernement, le Président de la République et l'ensemble des forces républicaines, pour combattre ces associations et groupuscules.
J'aurai un dernier mot à l'endroit de tous ceux qui, sur ce sujet, ont fait de la récupération politique : c'était un acte infâme, d'un autre âge, d'un autre temps ; j'ai honte pour eux. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Mme Maryse Carrère et M. Ahmed Laouedj applaudissent également.)
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