Question de M. REYNAUD Hervé (Loire - Les Républicains) publiée le 14/12/2023
Question posée en séance publique le 13/12/2023
M. le président. La parole est à M. Hervé Reynaud, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. Hervé Reynaud. Ma question s'adresse également à M. le ministre de l'économie et elle porte elle aussi sur la situation du groupe Casino, qui préoccupe au plus haut point les élus et les habitants de notre territoire, par-delà les clivages politiques.
M. Emmanuel Capus. Eh oui !
M. Hervé Reynaud. Il y va en effet de notre souveraineté économique.
L'histoire de Casino et celle de Saint-Étienne sont intimement liées. Voilà 125 ans que le siège du groupe est installé dans cette ville, dont Geoffroy Guichard demeure une figure emblématique.
Or nous assistons à un crash économique en direct. Une stratégie inadaptée a siphonné les comptes de l'entreprise, qui présente désormais une dette abyssale : cette dernière approcherait 12 milliards d'euros !
D'ailleurs, comment un PDG a-t-il pu jongler avec les finances de son groupe tout en étant son actionnaire principal ?
M. Guy Benarroche. C'est un libéral ! (Sourires sur les travées des groupes GEST et SER.)
M. Hervé Reynaud. Le démantèlement a commencé il y a maintenant plusieurs mois, avec la cession de marques à l'étranger, puis en France, dans une logique de vente à la découpe : hier, Go sport, dont on connaît le sort ; ensuite, Leader Price ; demain, peut-être, Monoprix, Franprix, Vival, Naturalia ou encore Cdiscount. Au total, 300 hypermarchés et supermarchés sont actuellement sur la sellette.
L'intersyndicale est très inquiète, à juste titre. Elle craint que, dans la foulée, les entrepôts logistiques ne soient abandonnés.
Les syndicats ont lancé l'alerte. Ils en appellent au Président de la République lui-même : qu'en est-il de son soutien, monsieur le ministre ? Nous sommes proches d'une casse sociale sans précédent. En tout, 50 000 emplois sont menacés en France, dont 4 000 dans le seul département de la Loire.
Monsieur le ministre, depuis les propos que vous avez tenus en juillet dernier, la situation, de toute évidence, a évolué défavorablement. Le plan initial n'est pas respecté. Vous le rappeliez à l'instant, vous avez reçu l'intersyndicale ce matin : pouvez-vous apporter la garantie du maintien du siège et des emplois à Saint-Étienne ?
Les habitants de notre territoire ne veulent pas subir le traumatisme d'un nouveau Manufrance. (Applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains, UC et CRCE-K.)
Mme Cécile Cukierman. Très bien !
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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique publiée le 14/12/2023
Réponse apportée en séance publique le 13/12/2023
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie.
M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Monsieur le sénateur, je le répète, je n'ai qu'une seule priorité : la préservation de l'emploi, au siège de Saint-Étienne comme dans les hypermarchés et les supermarchés.
Vous avez parfaitement décrit la situation. Depuis des années, la direction de Casino a multiplié les erreurs de positionnement stratégique. Elle a opté pour des prix élevés, tandis que ses concurrents pratiquaient des prix bas. Dès lors, quand les produits alimentaires ont été frappés par l'inflation, cette stratégie économique a mené le groupe droit dans le mur.
Le chiffre de pertes que vous avez cité est le bon, et, je le confirme, 50 000 emplois se trouvent menacés.
Nous avons garanti la reprise ; nous avons pris à notre charge les dettes sociales et fiscales ; nous accompagnons maintenant la reprise par d'autres groupes de distribution.
Je suis convaincu que les offres de reprise permettront de relancer l'activité, non seulement des hypermarchés et supermarchés, mais aussi des centres de profit que sont les magasins de centre-ville, comme les Monoprix, les Franprix ou les Spar.
J'y insiste, l'avenir du siège est, pour nous, un sujet de préoccupation majeur.
À cet égard, nous devons faire face à un certain nombre de réalités économiques - je ne les ai jamais cachées. Sur les 1 800 personnes qui travaillent au siège de Casino, 1 200 sont affectées aux hypermarchés et supermarchés, dont 200 ont déjà été cédés au groupe Intermarché ; d'autres le seront dans les mois qui viennent, pour garantir la pérennité de l'activité et de l'emploi.
L'engagement que j'ai pris et qu'a pris le repreneur, Daniel Kretinsky, c'est le maintien du siège à Saint-Étienne. Je veillerai à ce que cet engagement soit tenu. (M. Claude Malhuret applaudit.)
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