Question de M. GAY Fabien (Seine-Saint-Denis - CRCE-K) publiée le 21/12/2023

M. Fabien Gay attire l'attention de M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion sur la mobilisation des salariés de Météo-France.

Le 4 décembre 2023, les organisations syndicales CGT, FO et Solidaires ont lancé une grève alternée jusqu'au 7 janvier 2024, avec le soutien de la CFDT.

En cause, la réduction constante des effectifs et la nouvelle organisation de Météo-France résultant du « Programme Prévision Production », prévoyant un système laissant une large place à l'automatisation des prévisions. Si auparavant sept personnes - une par grande région - expertisaient les bulletins des super-calculateurs avec une connaissance fine du terrain, il n'y a désormais plus qu'une personne en charge de repérer et de réparer les erreurs, qui sont légion.

Ce programme, mis en place hâtivement, était supposé compenser, voir justifier a posteriori les réductions drastiques de fonctionnaires, de prêt de 30 % en 15 ans.

Cette situation de sous-effectifs a été savamment organisée : en effet, c'est Météo-France qui décide de la taille des promotions à l'école nationale de météorologie. Si les élèves étaient un peu plus de 200 il y a 40 ans, les promotions sont de 10 en 2010 ou de 60 en 2021.

Selon les chiffres transmis par des sources syndicales, les effectifs sont passés d'environ 3 400 équivalents temps pleins en 2012 à 2 500 en 2022, alors que la masse de travail n'a pas diminuée. En outre, l'implantation géographique de cet établissement public a également été réduite : alors qu'on comptait 108 centres en France en 2012, on en dénombre seulement 39 à l'heure actuelle.

Si la direction de Météo-France assure que cette automatisation a vocation à faciliter le travail des salariés, tout en garantissant que la qualité des prévisions reste une priorité, les résultats ne suivent pas.

En effet, les dysfonctionnements liés à l'automatisation se multiplient, entraînant une perte de qualité des prévisions et un mal-être grandissant pour les salariés, en proie à la baisse de qualité du service et aux injonctions contradictoires. L'ensemble de ces raisons a conduit à la mobilisation des salariés jusqu'au 7 janvier 2024.

Dans un contexte de réchauffement climatique conduisant à la multiplication de catastrophes naturelles, l'affaiblissement des prévisions de Météo France envoie un message délétère. Une fois de plus, les savoir-faire sont négligés au profit d'une gestion rationalisée de cette mission de service public.

Aussi, il souhaiterait savoir si le Gouvernement entend enjoindre la direction de Météo-France de revoir leur mode d'organisation, notamment de la chaîne de production, d'imposer la mise en place en urgence de mesures afin de limiter les risques psycho-sociaux des salariés et des moyens supplémentaires pour accompagner les personnels en difficulté.

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Transmise au Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires


Réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires publiée le 09/05/2024

Une nouvelle organisation de la prévision météorologique dans l'Hexagone a été déployée par Météo-France en novembre dernier conformément au projet de transformation de l'établissement. Météo-France a ainsi remplacé le système d'élaboration de sa base de données de prévisions, datant des années 2010, par un nouveau système qui tire parti des progrès techniques réalisés par l'établissement ces dix dernières années. Si l'automatisation a été renforcée et perfectionnée dans l'élaboration de la base de prévisions et de certaines tâches de production ciblées, c'est précisément dans l'objectif de permettre aux prévisionnistes experts de l'établissement de disposer de plus de temps à consacrer aux enjeux météorologiques les plus importants et à l'accompagnement des utilisateurs et clients de l'établissement. L'expertise humaine reste centrale. La base de prévisions automatiques est supervisée par des prévisionnistes. Toute l'année, 24h/24h, un prévisionniste à Toulouse est chargé d'assurer la qualité et la cohérence de la base ; il peut y apporter des corrections en lien direct avec les prévisionnistes des directions régionales de Météo-France. Plus largement, en permanence, au sein de Météo-France, 110 postes de prévisionnistes, dont 18 outre-mer, sont tenus le jour et 52 postes de prévisionnistes, dont 9 outre-mer, sont tenus la nuit. Au total, environ 600 prévisionnistes travaillent au sein de l'établissement. A noter que la vigilance météorologique, opérée par Météo France pour les pouvoirs publics en cas de phénomènes météorologiques dangereux, continue à être réalisée par les prévisionnistes de l'établissement de la même manière que précédemment. La qualité des prévisions est une préoccupation au coeur du projet d'évolution de la base de prévision. La mise en place de la nouvelle base a bénéficié de nombreux efforts et innovations en Recherche et Développement. Des indicateurs de qualitéont été évalués sur plus d'une année de données de la nouvelle base avant son déploiement en novembre dernier. Des tests ont également été réalisés sur des situations météorologiques spécifiques. Ces évaluations préalables à la mise en place de l'outil ont montré des améliorations sur certains paramètres, une qualité identique ou légèrement meilleure sur d'autres et un nombre limité de sujets devant encore être améliorés. La mise en place des nouveaux outils a effectivement mis en évidence des anomalies, dont les principales sont désormais résolues, et des faiblesses dans certaines situations météorologiques. Le processus d'amélioration continue de ces nouveaux outils se poursuit. La direction de Météo-France et le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires portent une attention particulière à l'écoute et l'accompagnement des agents. Dans le contexte du préavis de grève évoqué, le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires a rencontré les représentants du personnel le 30 novembre dernier, sur le site de Toulouse.

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