Question de Mme GERBAUD Frédérique (Indre - Les Républicains) publiée le 03/10/2024
Mme Frédérique Gerbaud interroge Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins sur les résultats édifiants de l'enquête « La vérité du terrain sur la situation des urgences et des SMUR durant l'été 2024 », réalisée par l'association professionnelle Samu - Urgences de France auprès des médecins urgentistes, des services d'aide médicale urgente (SAMU) et des structures mobiles d'urgence et de réanimation (SMUR). 61% des sondés font état d'une dégradation de la situation cet été par rapport à 2023, dans un contexte de surtension généré par la couverture sanitaire des jeux Olympiques. Pour la troisième année consécutive, les urgences hospitalières ont affronté des difficultés majeures, en lien avec le manque d'effectifs soignants et un nouveau recul de la disponibilité des lits d'hospitalisation. Sur fond de résignation, le fonctionnement en mode dégradé de nos urgences semble devenu la règle : moins de médecins pour un nombre de patients en hausse constante, y compris dans les SMUR, moins de lits pour hospitaliser les patients à partir des services d'urgences, avec des conséquences majeures sur la qualité et la sécurité des soins dispensés, directement corrélées à la dégradation des conditions de travail des professionnels et à leur épuisement. Deux structures d'urgence sur trois ont fermé au moins une ligne médicale cet été, ces fermetures affectant 84 départements sur 106 : une « dégradation majeure du fonctionnement des urgences », dénonce le rapport, qui « génère un report d'activité vers les établissements de recours, les mettant eux-mêmes en tension », au risque de « déstabiliser de nombreux territoires ». La disponibilité des lits d'hospitalisation présente elle aussi un tableau alarmant, 23% des établissements sondés ayant fermé des lits de réanimation de manière durable cet été, en plus des fermetures estivales habituelles. Ces suppressions touchent près de 270 lits de réanimation dans 56 établissements, 65% des établissements ayant en outre fermé plus de 1500 lits supplémentaires de médecine, chirurgie ou obstétrique (MCO) en dépit de l'absence de toute baisse d'activité des urgences durant la période estivale. La tension sur l'aval des urgences s'est nettement accentuée cet été, entraînant une augmentation du nombre de « patients brancard » le matin, avec hausse de la morbi-mortalité pour les patients, épuisement et démotivation pour les équipes d'urgentistes. La situation des SMUR n'est pas plus brillante, plus d'une de ces structures sur deux ayant dû fermer une ligne cet été, soit 174 lignes SMUR et 80 départements concernés. Parmi les 101 établissements sondés disposant d'une seule ligne SMUR, 10 % n'ont eu d'autre choix que de la fermer, laissant de facto leur secteur de desserte médicale dépourvu de toute réponse aux urgences vitales du territoire concerné : « une ligne rouge qu'il avait toujours été convenu de ne pas franchir », rappelle le rapport. L'intitulé de son poste comportant fort opportunément la mention « ministre de la santé et de l'accès aux soins », elle lui demande au nom de cet accès aux soins de nos concitoyens, pierre angulaire de toute la philosophie de notre système de santé, si elle retiendra et mettra en oeuvre tout ou partie des préconisations des auteurs de l'enquête de Samu - Urgences de France, parmi lesquelles figurent l'interdiction d'hospitaliser un patient dans un couloir, la possibilité de réserver une place spécifique aux hospitalisations de patients non programmés arrivant des urgences, l'évolution de certains services d'urgence en antenne de médecine d'urgence et le regroupement de certains autres, la création de centres de soins primaires pour atténuer l'engorgement des urgences ou encore la poursuite de la paramédicalisation de la réponse préhospitalière à travers le déploiement d'unités mobiles hospitalières paramédicalisées.
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