Question de M. RUELLE Jean-Luc (Français établis hors de France - Les Républicains-R) publiée le 12/12/2024
M. Jean-Luc Ruelle interroge M. le ministre des armées et des anciens combattants sur la résiliation de l'accord de coopération militaire avec le Tchad et la fermeture des bases militaires françaises au Sénégal. Le 28 novembre 2024, le gouvernement tchadien a décidé de mettre fin à l'accord de coopération en matière de défense signé avec la France en 1976, entraînant le départ des quelque 1 000 soldats français déployés dans le pays, dernière grande emprise militaire française au Sahel. En parallèle, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a appelé, lui aussi, au départ des militaires français, jugeant cette présence incompatible avec la souveraineté du pays, sans pour autant évoquer un quelconque calendrier. Ces annonces inattendues interviennent quelques jours après la remise du rapport de Jean-Marie Bockel au Président de la République sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique qui prévoit une réduction drastique des effectifs militaires. Il lui demande si des discussions ont été initiées avec les gouvernements de ces pays afin d'établir les modalités de ce retrait notamment en termes de calendrier. Il souhaiterait savoir si le rapport mentionné prévoit un plan de démantèlement des bases militaires françaises en Afrique et de rapatriement du matériel en France, lui rappelant que lors du désengagement du Niger en décembre 2023, une partie des équipements militaires avait été stockée sur la base militaire de N'Djamena. Il l'interroge sur la production d'une évaluation ex post de la retraite précipitée du Niger sur laquelle s'appuyer pour préparer au mieux ces départs. Enfin, il le questionne sur le devenir d'un partenariat avec ces deux États.
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Transmise au Ministère des armées et des anciens combattants
Réponse du Ministère des armées et des anciens combattants publiée le 13/11/2025
Dès l'été 2022, en réponse à l'intensification de la compétition stratégique, aux besoins exprimés par nos partenaires, aux modifications profondes des sociétés africaines, mais également face aux tentatives d'instrumentalisation de la présence militaire française en Afrique, le Président de la République a ouvert une période de réflexion et de concertation visant à renouveler toutes les dimensions des partenariats entre les pays d'Afrique et la France, sur le plan civil comme sur le plan militaire. Au plan militaire, cette réflexion a nourri les ambitions et les actions déployées en Afrique par le ministère des armées et des anciens combattants depuis plus de deux ans, selon deux axes principaux. Il s'agissait d'une part de renforcer la coopération de défense sur le continent africain. La France, qui y dispose de 25 missions de défense, a consolidé ses effectifs en ouvrant une mission de défense en 2023 aux Comores et en 2024 au Ghana. Sur le plan de la formation, près de 20 000 militaires africains sont formés annuellement à travers des pôles dédiés sur le continent et dans les établissements d'enseignement militaire français. Notre pays entraîne environ 10 000 militaires dans le cadre d'exercices terrestres (Touraco en Côte d'Ivoire) et maritimes (Grand African Nemo dans le golfe de Guinée). Il s'agissait d'autre part d'adapter les dispositifs au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Tchad et au Gabon. Un dialogue a été mené en 2024 par l'envoyé personnel du président de la République, Monsieur Jean-Marie Bockel, à l'issue duquel ces quatre pays ont opté pour les solutions qui leur paraissaient les mieux adaptées à leurs intérêts souverains. La Côte d'Ivoire et le Gabon se sont appropriés les projets proposés par la France s'agissant de l'avenir des camps de Port Bouët (emprise ivoirienne accueillant des détachements français à la demande du partenaire) et de Libreville (création d'une académie de lutte pour la protection de la biodiversité et accueil d'une École nationale à vocation régionale). Le camp de Port Bouët a ainsi été rétrocédé aux forces armées de Côte d'Ivoire (FACI) le 20 février 2025, en présence du ministre des armées, et rebaptisé camp général de corps d'armée Paul Thomas d'Aquin Ouattara, premier chef d'état-major général des FACI. Le Tchad et le Sénégal se sont, pour leur part, prononcés pour la fin de la présence militaire française. S'agissant du Tchad, la France a pris acte de la dénonciation des accords de défense et de la demande de retrait des effectifs et moyens militaires français. Le dispositif militaire a progressivement été désengagé entre le 10 décembre 2024 et le 31 janvier 2025. Les emprises ont été rétrocédées en état de fonctionnement aux forces armées tchadiennes. La mission diplomatique de défense est maintenue dans le pays. Au Sénégal, sans remettre en question les accords de défense, le président de la République, Monsieur Bassirou Diomaye Faye, s'est exprimé en faveur d'un départ des militaires français du pays. Le ministre des armées s'est entretenu avec son homologue sénégalais en janvier et une première réunion de la commission mixte franco-sénégalaise s'est réunie le 28 février 2025 sous la présidence du Général Abdou Latif Kamara. Conformément au choix sénégalais, les emprises ont été restituées. Les prochaines commissions mixtes auront pour objectif de redéfinir le partenariat de sécurité et de défense franco-sénégalais en fonction du projet sénégalais et des intérêts français. Ces reconfigurations orientent l'avenir des relations bilatérales de défense avec chacun des pays concernés, la France restant pleinement engagée pour la paix et la stabilité du continent.
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