Question de M. DARNAUD Mathieu (Ardèche - Les Républicains) publiée le 20/02/2025
M. Mathieu Darnaud attire l'attention de Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur le déficit de places dans les écoles vétérinaires françaises et ses conséquences préoccupantes pour la profession en France.
Les écoles nationales vétérinaires (ENV) situées à Maison-Alfort, Lyon, Nantes et Toulouse offrent près de 800 places par an, réparties à parts égales entre ces quatre écoles françaises. Le recrutement s'effectue par le biais de différents concours communs : un concours post-bac et plusieurs concours accessibles après 2 ans d'études supérieures au minimum.
Or, environ 55 % des jeunes vétérinaires installés en France obtiennent leur diplôme hors de l'hexagone notamment en Belgique, en Espagne et en Roumanie, en raison d'un nombre insuffisant de places disponibles dans les quatre écoles nationales vétérinaires françaises. Un chiffre en hausse constante ces dernières années, alors même que notre pays connaît une pénurie de vétérinaires, particulièrement dans les zones rurales.
Bien que les ENV aient obtenu de leurs ministères de tutelle, l'agriculture et l'éducation nationale, une augmentation de leurs promotions (la France formera 840 vétérinaires à l'horizon 2030, au lieu de 480 en 2017), les effectifs formés restent insuffisants pour répondre à la demande croissante en soins vétérinaires. Aujourd'hui, la pénurie est telle que des élevages sont menacés par l'absence de soins.
Face à ces enjeux, il demande au Gouvernement quelles mesures supplémentaires il envisage de mettre en oeuvre pour garantir une formation vétérinaire suffisante et de qualité en France, afin de réduire notre dépendance aux formations étrangères et de répondre aux besoins des territoires en professionnels qualifiés, notamment en zone rurale.
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 15/05/2025
Le ministère chargé de l'agriculture a conduit plusieurs réformes profondes de l'enseignement vétérinaire. Pour endiguer la pénurie de vétérinaires, les trois augmentations successives du nombre d'étudiants dans les écoles nationales vétérinaires (ENV) va permettre, à l'horizon 2030, de disposer de 840 vétérinaires par an formés en France qui arriveront chaque année sur le marché du travail, soit 75 % de plus qu'en 2017 auxquels s'ajoute le concours des étudiants formés dans les facultés vétérinaires européennes. La voie post-bac s'inscrit également dans cette politique publique : tout en favorisant une diversification sociale et géographique des lauréats elle permet de réduire les études vétérinaires en les débutant le plus tôt possible. À la session 2024, 280 places étaient offertes soit une hausse de 120 places par rapport à la première année d'application en 2021. Avant 2021, il n'était pas possible d'accéder aux ENV directement après le baccalauréat. De même, la nouvelle voie BTSA (brevet de technicien supérieur agricole) et BTS (brevet de technicient supérieur) issue de la réforme de la voie C tend à cet objectif en facilitant l'accès aux ENV pour les étudiants et apprentis en BTSA, BTS et BTSM (brevet de technicien supérieur maritime), en fonction des spécialités éligibles. Ces candidats ont des compétences techniques et une connaissance des milieux de la production et de la transformation agricoles ou de l'élevage très appréciées des écoles et des futurs employeurs. Les deux sélections successives qui existaient précédemment [commission d'entrée en classe ATS Bio (adaptation technicien supérieur Bio) puis épreuves du concours commun] sont remplacées par les seules épreuves du concours commun. De surcroît, une initiative parlementaire a ouvert la possibilité de création d'écoles vétérinaires privées d'intérêt général, sous contrat avec le ministère chargé de l'agriculture. L'école vétérinaire UniLaSalle de Rouen a ainsi obtenu un agrément dès 2022 et bénéficie d'engagements de soutiens de la région Normandie, du département de la Seine-Maritime et de la métropole de Rouen-Normandie pour les investissements nécessaires. Pour garantir une formation vétérinaire de haut-niveau, outre le renforcement des moyens des écoles nationales vétérinaires, des stages tutorés destinés à des étudiants de 6ème année préparant un projet professionnel d'exercice en rurale a rencontré un vif succès auprès des étudiants. La loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture a confirmé le dispositif de stages tutorés en dernière année d'école vétérinaire en milieu rural en ouvrant la possibilité d'associer les collectivités territoriales. Enfin, un rapport du conseil général de l'agriculture, de l'alimentation et des espaces ruraux (CGAAER) publié en décembre 2024 a mis en exergue qu'à l'horizon 2030 et au-delà, avec le concours des étudiants français formés dans les facultés vétérinaires européennes, il est attendu un flux annuel de 1 700 à 1 800 diplômés vétérinaires entrant sur le marché du travail pour exercer la médecine et la chirurgie des animaux, alors que l'analyse prospective des besoins de vétérinaires praticiens se stabilise entre 1 200 et 1 400 par an. La législation sur l'exercice vétérinaire a été récemment modifiée pour autoriser tout étudiant dans une faculté vétérinaire européenne, en plus des étudiants des écoles vétérinaires françaises, à faire ses stages chez des vétérinaires en France (2° de l'article L. 243-3 du code rural et de la pêche maritime).
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