Question de M. CHEVROLLIER Guillaume (Mayenne - Les Républicains) publiée le 20/03/2025

Question posée en séance publique le 19/03/2025

M. le président. La parole est à M. Guillaume Chevrollier, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Guillaume Chevrollier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Une souveraineté territoriale bafouée, des millions de personnes déplacées, des civils massacrés et des ressources minières stratégiques : mes chers collègues, je ne vous parle pas de l'Ukraine, mais de la République démocratique du Congo (RDC) et, plus précisément, des combats qui sévissent dans le Kivu. (M. Akli Mellouli applaudit.)

Ce conflit dure depuis plus de trente ans. La cheffe de la mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) le décrit comme l'une des crises humanitaires les plus graves, les plus complexes et les plus négligées de notre époque.

Le plus grand pays francophone du monde nous alerte par l'intermédiaire de ses représentants politiques et diplomatiques, qu'a reçus notre groupe d'amitié interparlementaire France-Afrique centrale. Après Goma, en janvier dernier, Bukavu est tombé en février. Aujourd'hui, les avancées du groupe rebelle armé M23, soutenu par les forces de pays voisins, exacerbent les tensions.

Les causes du conflit sont complexes et interconnectées ; elles mêlent tensions ethniques et griefs historiques. Mais n'oublions pas non plus que les sous-sols congolais attirent les convoitises. On peut même parler d'une malédiction des ressources naturelles : l'exploitation illégale des minerais finance directement le M23, lequel extorquerait au pays jusqu'à 800 000 dollars par mois !

Jusqu'à présent, les appels au cessez-le-feu sont restés ignorés des belligérants ; et la résolution de l'ONU adoptée sur l'initiative de la France, exigeant le retrait du M23 et la fin du soutien rwandais, demeure lettre morte.

La France est certes intervenue, mais, de son côté, le Qatar a réuni hier les présidents rwandais et congolais pour une médiation, dans le prolongement des processus de paix de Luanda et de Nairobi. À l'heure où d'autres puissances internationales entendent peser sur l'avenir de l'Afrique, la France doit réaffirmer son rôle et reconstruire un partenariat fort avec ce continent. Nous avons là une responsabilité non seulement historique et diplomatique, mais aussi stratégique.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous rendre compte de vos actions et de celles que mène l'Union européenne pour favoriser une paix durable dans la région des Grands Lacs et, plus largement, renforcer notre coopération avec les États africains ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe INDEP. - M. Akli Mellouli applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 20/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 19/03/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Guillaume Chevrollier, je vous remercie d'évoquer dans cet hémicycle la crise qui déchire actuellement la région des Grands Lacs. Je tiens du reste à saluer votre engagement en tant que président du groupe d'amitié interparlementaire France-Afrique centrale du Sénat.

Cette crise compte à n'en pas douter parmi les plus graves que connaît le monde aujourd'hui. Je pense en particulier à ses conséquences humanitaires : au total, sept millions de personnes ont été déplacées, dont un million depuis le début de l'année. S'y ajoutent plusieurs milliers de victimes civiles innocentes.

En outre - vous l'avez souligné -, l'offensive du M23, soutenue sur le sol congolais par l'armée rwandaise, menace la souveraineté de la République démocratique du Congo ; et, si elle venait à s'aggraver, cette crise pourrait provoquer l'embrasement de la région tout entière.

Face à cette situation, la diplomatie française est mobilisée sur tous les fronts.

La France agit tout d'abord aux Nations unies. Comme vous l'avez rappelé, nous avons fait adopter à l'unanimité du Conseil de sécurité une résolution condamnant les offensives du M23 et appelant au retrait des troupes rwandaises du territoire de la République démocratique du Congo.

La France agit ensuite à Bruxelles. Ainsi, nous avons fait voter lundi dernier des mesures restrictives à l'encontre de neuf individus et d'une entité responsables de violations du droit international, en particulier du droit international humanitaire.

La France agit, enfin, dans le cadre de ses relations bilatérales. Le Président de la République est en contact étroit avec ses homologues dans la région, à commencer par les présidents du Rwanda et de la République démocratique du Congo, dans le cadre des processus de médiation de Luanda et de Nairobi.

À la fin du mois de janvier dernier, je me suis moi-même rendu à Kinshasa, pour y rencontrer le président Tshisekedi, ainsi qu'à Kigali, pour y rencontrer le président Kagame. Je les ai tous deux appelés, au nom de la France, à la cessation des hostilités et à la reprise du dialogue. Plus récemment encore, un appui financier de 3 millions d'euros a été décidé, sur mon initiative, pour répondre aux besoins vitaux des populations touchées en République démocratique du Congo.

Notre intention est bien de jouer un rôle dans l'apaisement de ces tensions.

M. le président. Il va falloir conclure.

M. Jean-Noël Barrot, ministre. À cet égard, il convient de traiter les causes structurelles du conflit, et nous comptons aussi sur la mobilisation de la diplomatie parlementaire pour y parvenir. (Applaudissements sur des travées du groupe UC.)

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