Question de M. THÉOPHILE Dominique (Guadeloupe - RDPI) publiée le 08/05/2025
Question posée en séance publique le 07/05/2025
M. le président. La parole est à M. Dominique Théophile, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. Dominique Théophile. En préambule, le groupe RDPI tient à rappeler les conditions inhumaines dans lesquelles sont maintenus Cécile Kohler et Jacques Paris, qui entament leur quatrième année de détention arbitraire en Iran. Nous leur adressons, ainsi qu'à leurs proches, une pensée sincère et tout notre soutien. (Applaudissements.)
J'en viens à ma question, qui s'adresse à Mme la ministre de la transition écologique.
Madame la ministre, en 2018, Nicolas Hulot s'était rendu en Guadeloupe pour constater les ravages causés par les sargasses. Face à la gravité de la situation, il avait pris, au nom de l'État, un engagement clair : les algues seraient ramassées dans un délai maximal de quarante-huit heures après échouement. Sept ans plus tard, cet engagement n'a jamais été respecté, et le phénomène s'aggrave.
En 2025, nos côtes sont submergées. Les sargasses s'accumulent, fermentent et libèrent de l'hydrogène sulfuré et de l'ammoniac en concentrations alarmantes, provoquant des troubles respiratoires et des lésions oculaires. Ce n'est plus une nuisance, madame la ministre : c'est un empoisonnement à ciel ouvert.
À Capesterre-de-Marie-Galante, le collège Nelson-Mandela a dû être évacué, les riverains désertent leur logement et les commerces ferment. Les moyens déployés sont dérisoires face à l'ampleur du sinistre. Madame la ministre, vous connaissez bien ce dossier : nous avons échangé à ce sujet. Depuis lors, la situation a empiré.
Nos communes, particulièrement les plus petites d'entre elles, ainsi que les Saintes et La Désirade, n'ont ni les bras ni les camions nécessaires pour gérer des échouements de plusieurs centaines de tonnes par semaine. Le préfet ne dispose pas non plus des moyens suffisants pour agir efficacement. Il faut une véritable stratégie nationale d'intervention.
Le ramassage sous quarante-huit heures doit être respecté : c'est une exigence sanitaire vitale, pas une option. Face à l'ampleur de la menace, une réponse interministérielle concrète et efficace est indispensable.
Ne reproduisons pas l'erreur du chlordécone. Ce serait commettre une seconde faute historique face à une pollution chronique, invisible depuis Paris, mais bien réelle et toxique pour les Antilles.
Madame la ministre, quand aurons-nous une réponse à la hauteur des discours ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
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Réponse du Ministère de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche publiée le 08/05/2025
Réponse apportée en séance publique le 07/05/2025
M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche. Monsieur le sénateur Théophile, permettez-moi tout d'abord d'avoir comme vous une pensée pour nos deux compatriotes retenus en Iran depuis plusieurs années dans des conditions intolérables. J'imagine que nous y reviendrons au cours de cette séance.
Je mesure pleinement l'ampleur du problème des sargasses, qui frappe nos territoires ultramarins, notamment la Guadeloupe, et je connais votre engagement dans ce combat contre ce fléau. Je rappelle que vous avez mené une mission d'étude régionale et organisé une conférence internationale en 2019, qui ont permis d'aligner les positions d'un certain nombre de pays et de prendre différentes mesures.
Ce fléau est amplifié par le dérèglement climatique, mais il n'est pas seulement une question environnementale. Vous l'avez très bien dit, il est un enjeu économique, social et sanitaire, qui touche directement nos concitoyens et qui est dévastateur pour le tourisme, la pêche et la santé des habitants.
C'est pourquoi nous agissons avec des moyens techniques, humains et financiers. Le plan national de prévention et de lutte contre les sargasses 2022-2025, dit plan Sargasses II, vise à gérer les sargasses, de leur détection en amont jusqu'à leur traitement final une fois qu'elles se sont échouées sur les côtes.
Des expérimentations de relargage en mer sont également en cours. Elles sont suivies avec attention, pour éviter de potentiels effets sur la biodiversité ou leur échouement sur des territoires voisins.
Cette question sera également discutée lors du prochain comité interministériel de la mer, pour donner une suite au plan Sargasses II. Mon objectif est de disposer d'un plan de lutte et de gestion post-2025 doté de moyens et de mettre l'accent sur l'identification et le soutien aux filières de valorisation, ainsi que sur le déploiement élargi de la collecte en mer et du relargage, sous réserve d'un retour d'expérience positif.
Monsieur le sénateur, nous prendrons en compte vos travaux, ainsi que ceux de vos collègues parlementaires Mickaël Cosson et Olivier Serva, qui viennent de remettre les conclusions de leur mission d'information flash sur la valorisation des algues en réponse à leur prolifération.
Vous pouvez compter sur mon engagement pour porter ce sujet. La protection de nos concitoyens est l'une de mes priorités.
M. le président. Je profite de cette question pour remercier Dominique Théophile de la vice-présidence du Sénat qu'il a assumée pendant dix-huit mois, en se montrant toujours soucieux de la qualité de nos débats, à la grande satisfaction de nos collègues. (Applaudissements.)
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