Question de Mme CORBIÈRE NAMINZO Evelyne (La Réunion - CRCE-K) publiée le 08/05/2025
Question posée en séance publique le 07/05/2025
M. le président. La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Ma question s'adresse au ministre de la santé, M. Yannick Neuder.
Monsieur le ministre, La Réunion connaît actuellement une grave épidémie de chikungunya. Depuis le début de l'année 2025, plus de 100 000 personnes ont été infectées. Cependant, ni l'État ni les autorités sanitaires n'ont tiré de leçon de la dernière épidémie, il y a vingt ans. Les alertes que nous lançons depuis des mois ont été accueillies avec indifférence par le Gouvernement.
La gestion de cette épidémie par les autorités sanitaires laisse apparaître des failles à différents niveaux de responsabilité. Je rappelle que le chikungunya provoque des douleurs incapacitantes pendant plusieurs jours, lesquelles peuvent même revenir après des mois.
Le 20 avril dernier, un bébé d'un mois ayant contracté le virus est décédé. La transmission du virus de la mère à l'enfant entraîne des pathologies cardiaques ou neurologiques sévères chez la moitié des nourrissons. Les bébés atteints chez nous sont placés sous morphine. Les autorités sanitaires d'aujourd'hui portent la lourde responsabilité des séquelles, parfois irréversibles, qui se révéleront chez nos bébés actuellement victimes du virus.
Le vaccin a provoqué des formes graves chez trois personnes vaccinées, ce qui a conduit la Haute Autorité de santé à retirer les personnes âgées de plus de 65 ans du programme de vaccination. Comment se fait-il que la dangerosité de ce vaccin n'ait pas été mieux évaluée ?
Monsieur le ministre, les Réunionnais souffrent, mais ils ne sont pas des sujets d'expérimentation. Rien n'est fait pour lutter contre les ruptures de stocks de produits répulsifs ni pour contrôler leur prix. De nombreux Réunionnais subissent une perte de revenus liée aux jours de carence. Quand le Gouvernement suspendra-t-il les jours de carence, une mesure qu'il avait prise pendant la crise de la covid-19, pour ne pas pénaliser les malades et pour lutter contre la propagation du virus ?
Les moyens d'action efficaces, nous les connaissons : ce sont la prévention, l'information et la lutte systématique contre les gîtes larvaires. Qu'attend le Gouvernement pour les mettre en place ? Monsieur le ministre, quand allez-vous prendre au sérieux la santé des Réunionnais ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K, ainsi que sur des travées du groupe SER.)
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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 08/05/2025
Réponse apportée en séance publique le 07/05/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins.
M. Yannick Neuder, ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins. Madame la sénatrice Corbière Naminzo, je ne sais pas si j'aurai assez de deux minutes pour répondre à toutes vos attaques démagogiques !
Je me suis rendu à deux reprises à La Réunion. Je vous ai d'ailleurs invitée à participer à l'ensemble des séquences de mon déplacement.
La lutte antivectorielle consiste à supprimer tous les gîtes larvaires. Pour ce faire, nous avons mobilisé l'armée, 150 militaires, 800 personnes en parcours emploi compétences et 200 agents de l'agence régionale de santé. Les répulsifs ont été intégrés au bouclier qualité prix (BQP). Des campagnes d'information mobilisant les maires, le département, la région, l'ensemble des présidents d'intercommunalités ont été mises en oeuvre. Je me suis rendu à l'hôpital, au service de réanimation. J'ai rencontré la mère du bébé décédé.
Oui, nous avons été l'un des premiers pays au monde à proposer le vaccin contre le chikungunya. Si nous ne l'avions pas fait, vous nous l'auriez reproché !
Il faut agir avec mesure et avec précision, en pratiquant une médecine fondée sur des preuves. Toutes les études de sécurité ont été faites concernant ce vaccin. Et je ne peux pas vous laisser dire que nous utilisons la population de La Réunion comme cobaye !
En revanche, vous, vous utilisez la maladie de manière tout à fait démagogique. Or la situation difficile que connaît La Réunion, où l'on dénombre 175 000 cas de chikungunya, nous oblige tous.
La solidarité nationale avec les soignants, que je remercie de nouveau et dont je salue l'engagement, tout comme celui des élus, doit être exemplaire. Sachez que nous faisons notre maximum pour soulager la douleur des Réunionnais. (Applaudissements sur les travées des groupes UC et INDEP, ainsi que sur des travées des groupes RDPI et Les Républicains.)
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