Question de Mme NARASSIGUIN Corinne (Seine-Saint-Denis - SER) publiée le 08/05/2025

Question posée en séance publique le 07/05/2025

M. le président. La parole est à Mme Corinne Narassiguin, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. - M. Fabien Gay applaudit également.)

Mme Corinne Narassiguin. Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, l'État d'Israël n'a plus qu'un seul objectif : raser Gaza et éradiquer tout un peuple. Ce qui se passe à Gaza depuis des mois est insoutenable. Il s'agit d'un massacre qui met à mal les fondements mêmes de notre humanité.

Avec l'annonce de son projet de conquête du territoire palestinien, avec une attaque de grande envergure et le déplacement de la plupart de la population de la bande de Gaza, le gouvernement israélien franchit une nouvelle étape dans sa volonté d'effacer purement et simplement la Palestine, avec un réel risque génocidaire.

Après l'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023, nous avons toujours défendu le droit d'Israël à assurer sa sécurité.

M. Roger Karoutchi. Oh, très modérément !

Mme Corinne Narassiguin. Toutefois, le choix du gouvernement de Netanyahou de piétiner de manière délibérée et répétée le droit international met en danger sa propre population et sacrifie définitivement ses otages. Les milliers d'Israéliens qui manifestent chaque soir contre leur gouvernement le savent.

De plus, et surtout, les civils palestiniens n'ont pas à payer pour les crimes du Hamas. L'aide humanitaire à destination de la bande de Gaza est bloquée depuis deux mois, ce qui affame des hommes, des femmes et des enfants. Les Nations unies et les associations présentes sur place ne cessent de dénoncer le massacre d'innocents et les violations constantes du droit international.

Monsieur le ministre, nous ne pouvons pas rester silencieux face à ce massacre. Mais au-delà des mots et des incantations, quelles sont les actions de la France ? Quand allons-nous enfin reconnaître l'État palestinien ? (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.) Allez-vous demander une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour prendre des sanctions, imposer un cessez-le-feu et lever le blocus à Gaza ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE-K. - M. Philippe Grosvalet applaudit également.)

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Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de l'Europe publiée le 08/05/2025

Réponse apportée en séance publique le 07/05/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'Europe.

M. Benjamin Haddad, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de l'Europe. Madame la sénatrice Narassiguin, vous le savez, depuis l'attaque barbare du 7 octobre, la France et sa diplomatie n'ont cessé d'oeuvrer pour trouver la voie d'un cessez-le-feu permanent à Gaza, pour la libération inconditionnelle de tous les otages, pour la défense du droit international humanitaire et pour la relance d'un dialogue politique susceptible de mener à deux États : un État palestinien souverain, vivant côte à côte avec l'État d'Israël, en toute sécurité.

Nous l'avons dit, la rupture du cessez-le-feu intervenue à Gaza représente un retour en arrière dramatique pour toutes les populations de la région. C'est pourquoi nous travaillons, avec les médiateurs américains, égyptiens et qataris, à remettre les parties autour de la table de négociation et à assurer l'entrée de l'aide humanitaire, que vous avez évoquée.

Nous soutenons également l'initiative des pays arabes pour reconstruire la bande de Gaza, ainsi qu'une gouvernance qui, bien évidemment, ne pourra que se faire sans le Hamas, qui est un groupe terroriste.

Je veux le redire, comme l'ont rappelé le Premier ministre et le Président de la République, le plan présenté par le gouvernement israélien, visant à la conquête de Gaza et au déplacement des populations, constitue une impasse absolue, que ce soit pour la paix, pour la sécurité d'Israël ou pour la sûreté de toutes les populations de la région.

C'est pourquoi nous continuerons de travailler avec nos partenaires. Vous le savez, une conférence se tiendra au mois de juin prochain avec l'Arabie saoudite. Elle visera précisément à avancer vers la reconnaissance de l'État palestinien et à enclencher une dynamique de reconnaissance mutuelle : celle d'Israël par ses voisins et celle de l'État palestinien.

Vous pourrez compter sur la mobilisation de la France, qui est l'un des pays d'Europe, et même du monde, les plus engagés pour trouver les voies de la paix dans la région. (M. François Patriat applaudit.)

Mme Raymonde Poncet Monge. Non, en Europe, c'est l'Espagne !

M. le président. La parole est à Mme Corinne Narassiguin, pour la réplique.

Mme Corinne Narassiguin. Monsieur le ministre, après cette nouvelle provocation d'Israël, juin, c'est trop tard !

C'est maintenant que la France doit reconnaître l'État palestinien, sans contrepartie et sans condition. C'est maintenant que le droit international doit s'imposer. Les criminels de guerre doivent être jugés par la Cour pénale internationale. C'est maintenant que nous devons agir. Sinon, c'est tout un peuple qui disparaîtra, dans notre silence coupable. (Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.)

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