Question de Mme CARRÈRE Maryse (Hautes-Pyrénées - RDSE) publiée le 22/05/2025

Question posée en séance publique le 21/05/2025

M. le président. La parole est à Mme Maryse Carrère, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

Mme Maryse Carrère. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, il n'y a plus de doute : le risque de famine n'a jamais été aussi élevé à Gaza. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit ainsi que près de deux millions de Palestiniens seront affamés si rien n'est fait rapidement. Ce drame s'ajoute à la mort de dizaines de milliers de personnes - hommes, femmes, enfants -, tuées par les bombardements de Tsahal depuis bientôt trente-six mois.

Il ne fait plus de doute non plus que le gouvernement israélien crée délibérément les conditions d'un désastre humanitaire. Il envoie ses « chariots de Gédéon », des chariots de feu, et, dans le même temps, il bloque l'essentiel de l'aide humanitaire. Il empêche que soit charriée la vie plutôt que la mort. Nourriture, eau, médicaments, marchandises, tout manque à Gaza.

Personne n'oublie les odieux attentats du 7 octobre 2023. Reconnaissons cependant que l'objectif initial de la guerre - décimer le Hamas - a considérablement évolué : aujourd'hui, c'est l'ensemble de la population palestinienne qui est visée. On observe par ailleurs l'émergence de projets politiques qui font fi de l'existence des Palestiniens et qui présupposent le consentement de tous les Israéliens.

Une seule ouverture est à noter à ce stade : mon groupe constate avec satisfaction l'intensification des critiques et de la mobilisation à l'échelle internationale.

Notre ministre des affaires étrangères a qualifié Gaza de « mouroir » et de « cimetière ». La France est claire et doit continuer d'oeuvrer pour la paix. Plusieurs dirigeants européens, le Royaume-Uni et le Canada se mobilisent d'ailleurs à ses côtés.

Je salue également la demande, par une majorité d'États membres, de la révision de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël. La perspective d'une conférence en juin prochain, sous l'égide de l'ONU, est aussi une bonne chose.

Il reste à renforcer la pression sur les acteurs de la région proche-orientale, qui, disons-le, manquent pour la plupart à leurs obligations.

Monsieur le Premier ministre, comment la France compte-t-elle agir et répondre à l'urgence causée par la famine ?

Le RDSE, attaché à la défense des droits de l'homme, s'en remet à tous les responsables pour que le courage l'emporte. Nous-mêmes, supporterions-nous un tel drame humanitaire aux portes de l'Europe ? (Applaudissements sur les travées des groupes RDSE, GEST, SER et CRCE-K.)


Réponse du Premier ministre publiée le 22/05/2025

Réponse apportée en séance publique le 21/05/2025

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. François Bayrou, Premier ministre. Madame la présidente Carrère, au travers de votre question, vous avez énoncé avec clarté et émotion la situation telle que nous la voyons. La volonté de la France a été affirmée de la même manière.

Qu'observons-nous ? La situation humanitaire à Gaza, que vous avez su parfaitement décrire, est désormais effroyable : risque de famine, manque d'eau et de médicaments. En outre, les perspectives d'une guerre se dessinent, avec l'annonce par le gouvernement israélien d'une nouvelle offensive militaire et l'évocation de déplacements de populations, ainsi que d'annexions.

Déplacements de populations, annexions, famine, dangers pour les civils : la France ne peut pas l'accepter ! Et nous croyons que, grâce à la France ou avec elle, d'autres pays du monde, qui jouent un rôle très important dans la région, ne peuvent pas l'accepter non plus.

J'ajoute, pour ceux qui s'intéressent à l'Histoire, que voir la France et le Royaume-Uni, compte tenu de leur histoire dans cette région, annoncer de concert qu'ils vont reconnaître l'État de Palestine, dans le cadre d'une solution à deux États, a évidemment une signification très importante.

Que pouvons-nous faire ? L'aide humanitaire est d'ores et déjà acheminée sur place : de la nourriture et de l'eau, qui permettraient de ravitailler les populations pendant plusieurs mois, sont ainsi disponibles à la frontière. Cette aide avait été intégralement bloquée jusqu'à avant-hier, et seule une toute petite quantité est entrée à Gaza depuis lors.

Nos efforts vont inlassablement dans ce sens, tout comme, vous l'avez rappelé, les initiatives de l'Europe, car la question des accords entre l'Union européenne et Israël est remise sur la table.

Nous cherchons à mobiliser la communauté internationale et à soutenir tous ceux qui veulent la paix, sans pour autant oublier que cette explosion a eu pour détonateur le pogrom du 7 octobre 2023.

Nous sommes ceux qui ont une vision équilibrée et volontaire de l'avenir de cette région, et je vous remercie, madame la présidente, de l'avoir rappelé. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes UC et RDSE.)

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