Question de M. BROSSAT Ian (Paris - CRCE-K) publiée le 22/05/2025

Question posée en séance publique le 21/05/2025

M. le président. La parole est à M. Ian Brossat, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky.

M. Ian Brossat. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

« Israël prendra le contrôle de toute la bande de Gaza. » Ces mots sont ceux du Premier ministre israélien d'extrême droite, Benyamin Netanyahou. C'est non plus une menace, mais une promesse, celle d'une domination totale, par la force, par la terreur, par la destruction.

Ce week-end encore, on a dénombré plus de cent morts et l'on a vu des familles pulvérisées, des enfants ensevelis sous les gravats. Gaza était déjà une prison à ciel ouvert. C'est désormais un cimetière à ciel ouvert.

Depuis le début de la guerre, plus de 64 000 Gazaouis ont été tués, selon la revue The Lancet. La famine s'installe. Il n'y a plus d'eau, plus d'électricité, plus de soins. Depuis le 2 mai, Israël bloque l'entrée de toute aide humanitaire. Et l'ONU alerte : si l'aide n'est pas acheminée dans les quarante-huit prochaines heures, 14 000 nourrissons pourraient mourir...

Soyons clairs, ce n'est pas une guerre, c'est un siège ! Et tout cela est documenté par les institutions internationales.

En janvier 2024, la Cour internationale de justice (CIJ) a exigé des mesures urgentes pour prévenir un génocide - ce sont ses mots. En mars de la même année, l'ONU a affirmé que ce seuil avait été franchi. En juin, une commission d'enquête - de l'ONU toujours - concluait à l'existence de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Et en novembre, c'est la Cour pénale internationale qui émettait un mandat d'arrêt contre Benyamin Netanyahou.

Face à cela, que fait la France ? Que fait l'Europe ?

Le Président de la République a exprimé sa volonté de reconnaître l'État de Palestine. Mais que vaudra la reconnaissance de la Palestine s'il n'y a plus un seul Palestinien en vie ? Que sera la Palestine si Benyamin Netanyahou parvient à ses fins ? De quoi s'agira-t-il ? D'un drapeau planté sur un charnier ? Les mots ne suffisent plus. Il faut des actes !

Combien d'images insoutenables d'enfants déchiquetés et de femmes ensevelies faudra-t-il avant que la France ne prenne ses responsabilités ? Monsieur le ministre, que fait la France pour mettre Benyamin Netanyahou hors d'état de nuire ? (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K et GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER. - M. Ahmed Laouedj applaudit également.)


Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et des Français de l'étranger publiée le 22/05/2025

Réponse apportée en séance publique le 21/05/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et des Français de l'étranger.

M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et des Français de l'étranger. Monsieur le sénateur Ian Brossat, vous l'avez dit, Gaza est devenu un cimetière à ciel ouvert. Une violence aveugle et le blocage de l'aide humanitaire ont transformé ce territoire en un véritable mouroir.

Vous l'avez aussi dit fort justement, monsieur le sénateur, et vos mots sont justes. La faim ronge le corps des enfants et la terreur se lit dans les yeux de leurs parents.

Pour autant, comme le Premier ministre l'a très bien expliqué dans son intervention, en aucun cas, nous ne devons relativiser ce qui s'est produit depuis le 7 octobre 2023. Nous devons reconnaître l'immense responsabilité, la responsabilité historique qui est celle du Hamas.

Il est en effet du devoir de la France de rappeler que le Hamas doit être désarmé,...

M. Roger Karoutchi. Eh oui !

M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué. ... qu'il doit d'abord libérer les otages qu'il détient et que ses dirigeants doivent quitter Gaza et ne pas faire partie de la future administration du territoire. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. - Protestations sur les travées du groupe CRCE-K.)

M. Roger Karoutchi. Voilà !

Mme Cécile Cukierman. Les dirigeants du Hamas sont au Qatar !

M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué. Ce préalable ne doit pas être sous-estimé.

Monsieur le sénateur, ce n'est pas faire offense au peuple d'Israël que de le dire, aujourd'hui, le gouvernement israélien hypothèque la sécurité de la région, à commencer par celle de l'État hébreu. On ne peut pas construire la paix et préserver la stabilité en ayant recours à l'injustice et à la violence. On bâtit la paix et on obtient la stabilité en respectant le droit, en prenant en compte la dignité de la personne et en privilégiant le dialogue.

Mme Cécile Cukierman. Le dialogue avec le Qatar ?

M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué. C'est, comme l'a indiqué le Premier ministre, ce que la France prône depuis longtemps.

Vous avez vu que, cette semaine, le Canada et le Royaume-Uni ont emboîté le pas à notre pays, avec un objectif très clair : créer les conditions d'une solution politique reposant sur deux États, vivant côte à côte, en paix et en sécurité.

Pour y parvenir et, par suite, pour susciter la création de l'État de Palestine, la France est, vous le savez, déterminée à reconnaître ce nouvel État. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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