Question de M. MASSET Michel (Lot-et-Garonne - RDSE) publiée le 05/06/2025
M. Michel Masset attire l'attention de Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur les conséquences du nouveau calcul du nutri-score sur la filière du pruneau.
Apposé sur le dessus des emballages alimentaires, le nutri-score est un système d'information nutritionnelle essentiel, notamment en matière de santé publique et de transparence de l'industrie agro-alimentaire. Il constitue un outil reconnu pour lutter contre le surpoids et l'obésité. Les travaux scientifiques accumulés depuis plusieurs années démontrent ainsi qu'il contribue à réduire le risque des pathologies chroniques, notamment des maladies cardiovasculaires. L'objectif du nutri-score est bien de détourner les consommateurs des produits néfastes pour leur santé, c'est un outil d'incitation.
Si un nouveau mode de calcul s'imposait au regard des avancées scientifiques, la révision de l'algorithme pénalise pourtant aujourd'hui certains produits naturellement riches en sucre.
C'est le cas, notamment, du pruneau, produit emblématique du Lot-et-Garonne. Riche en potassium, en antioxydants et en sorbitol, le pruneau voit ainsi sa note dégradée, passant de B à C, le situant au même niveau que de nombreux produits industriels transformés.
Ce nouveau mode de calcul ne rend ainsi pas suffisamment compte des bienfaits nutritionnels, ni du caractère transformé ou non d'un produit. Aussi, il risquerait de détourner des consommateurs d'un produit pourtant vertueux pour la santé humaine. Un tel risque ne peut être pris tant au regard des objectifs mêmes du nutri-score que de l'impact qu'il aurait sur la filière agricole du pruneau.
Il lui demande ainsi quelles sont les mesures envisagées pour ajuster le calcul du nutri-score aux fins de protéger les produits issus de nos terroirs agricoles et garantir une information juste pour les consommateurs.
Il souhaite également que lui soient précisées les actions de communication au public du déploiement de ce nouveau mode de calcul.
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 18/09/2025
Dans le cadre de la gouvernance transnationale du nutri-score, le comité de pilotage constitué des autorités compétentes de Belgique, France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suisse a adopté, selon ses règles internes de vote, une nouvelle version de l'algorithme de calcul du nutri-score le 26 juillet 2022 pour les aliments, puis le 30 mars 2023 pour les boissons. La référence pour le calcul des points attribués à la teneur en sucre des aliments a été modifiée, passant de 113 grammes à 90 grammes pour correspondre aux références nutritionnelles du règlement (UE) n° 1169/2011 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2011 concernant l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires, et en considérant le fait que l'autorité européenne de sécurité des aliments estime que le risque associé à la consommation de sucre est linéaire dès les plus petites consommations. En outre, il n'est pas possible de faire une distinction entre les types de sucres dans le cadre du calcul du nutri-score. En effet, le calcul de nutri-score se fait à partir des informations obligatoirement présentes sur l'emballage, principalement à partir du tableau de déclaration nutritionnelle. Il n'est pas possible, en suivant ce principe, de distinguer les sucres naturellement présents dans les fruits, des sucres ajoutés. De la même manière, les vitamines et les minéraux ne font pas partie des éléments pris en compte dans le calcul du nutri-score. En revanche, la composante « fruits et légumes » prend en compte la proportion du produit composé de fruits et légumes, et permet d'inclure une approximation de ces éléments. Par ailleurs, les fibres et les protéines sont, quant à elles, prises en compte effectivement dans le calcul. La note du pruneau d'Agen se voit ainsi recalculée, et les fruits secs se trouvent différenciés des fruits frais. Une note de C reste toutefois une note acceptable pour de nombreux produits, signifiant simplement que celui-ci doit être consommé avec une certaine modération. Il convient néanmoins de rappeler que le nutri-score permet de comparer les produits au sein d'un même groupe d'aliments ou entre groupes d'aliments qu'il s'avère pertinent de comparer selon les habitudes et moments de consommation. Le nutri-score des fruits séchés n'a donc pas vocation à être comparé à celui de nombreux produits industriels transformés. Lors du vote au sein de la gouvernance transnationale, les autorités compétentes des différents pays se sont engagées à porter une attention particulière à l'accompagnement des filières et des consommateurs dans ce processus d'évolution de l'algorithme du nutri-score. Une campagne de communication est ainsi menée par Santé publique France afin de faire de la pédagogie sur le nutri-score pour expliquer les évolutions aux consommateurs, limitant ainsi les risques de potentielle confusion. Enfin, afin de faciliter l'appropriation du nouveau nutri-score, le Gouvernement porte une attention particulière à l'accompagnement des opérateurs économiques et à la pédagogie auprès des consommateurs. Les ministres seront attentifs à ce que ce système fondé sur le volontariat qui a pour but d'informer les consommateurs, ne nuise pas aux produits issus de la richesse des terroirs et symboles du patrimoine culinaire français. Compte tenu des enjeux impératifs de santé publique, les ministres ont signé l'arrêté modifiant les règles de calcul du nutri-score tout en restant vigilants aux effets qu'il engendre pour les produits issus du savoir-faire français. Un travail est en cours afin d'étudier ces effets potentiels et d'initier au niveau européen des échanges pour renforcer l'efficacité globale du dispositif.
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