Question de Mme SOUYRIS Anne (Paris - GEST) publiée le 23/10/2025

Mme Anne Souyris attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur les conséquences dramatiques des réductions des financements internationaux étasunien destinés à la lutte contre le virus de l'immunodéficience humaine (VIH)/sida, et en particulier sur l'avenir du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Depuis le début de l'année 2025, la suspension totale du programme américain PEPFAR (President's Emergency Plan for AIDS Relief), qui représentait à lui seul près de 58 % du financement mondial de la lutte contre le VIH/sida, a d'ores et déjà causé, selon l'ONUSIDA, des dizaines de milliers de décès et menace d'engendrer des millions de nouvelles infections dans les années à venir. En effet, selon leurs estimations, si le PEPFAR était définitivement interrompu, l'ONUSIDA estime « qu'il y aurait environ 6,3 millions de décès supplémentaires liés au sida, 3,4 millions d'orphelins du sida, 350 000 nouvelles infections au VIH chez les enfants et 8,7 millions de nouvelles infections chez les adultes d'ici 2029, ce qui rendrait impossible l'élimination du sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030.

Une récente étude publiée dans la revue The Lancet révèle que la suspension de l'USAID, l'aide internationale au développement américaine, pourrait provoquer plus de 14 millions de morts supplémentaires d'ici 2030, dont 4,5 millions d'enfants de moins de cinq ans, ainsi que 700 000 décès infantiles par an.

Dans ce contexte d'effondrement inédit de l'aide internationale, la contribution française au Fonds mondial, Fonds qui finance environ 28 % de l'aide internationale contre le VIH/sida, prend une importance encore plus déterminante. La France, deuxième donateur historique du Fonds mondial, détient une responsabilité particulière, pour éviter l'aggravation de l'épidémie et garantir l'accès aux traitements et à la prévention, notamment dans les pays les plus vulnérables, et éviter un effondrement des programmes essentiels de dépistage, de prévention et de traitement, anticipant une possible résurgence épidémique. L'Allemagne, elle, a annoncé une baisse de 350 millions d'euros par rapport à sa dernière contribution en 2022.

Or, le budget 2025 acte une baisse de 37 % de l'aide publique au développement et la fin de l'affectation obligatoire des recettes des taxes innovantes à la solidarité internationale, créant une incertitude majeure quant à la capacité de la France à répondre à cet enjeu historique.

En conséquence, elle demande quelles mesures le Gouvernement entend prendre pour compenser la baisse brutale du financement américain, garantir la continuité des programmes essentiels financés par le Fonds mondial et maintenir une riposte sanitaire ambitieuse, conformément aux objectifs internationaux de lutte contre le VIH/sida. Elle demande quelles dispositions sont envisagées pour réinstaurer une affectation pérenne et lisible des recettes des taxes sur les transactions financières et les billets d'avion à la solidarité internationale, notamment au financement du Fonds mondial.

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En attente de réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères.

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