Question de M. FRASSA Christophe-André (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 11/12/2025
M. Christophe-André Frassa attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur l'avenir des îles Matthew et Hunter et sur les conséquences stratégiques, juridiques et politiques qu'impliquerait toute remise en cause de la souveraineté française sur ces territoires.
Il lui rappelle que ces deux îlots, rattachés à la France depuis leur annexion en 1929 et intégrés à la Nouvelle-Calédonie depuis 1965, font aujourd'hui l'objet d'un différend persistant avec le Vanuatu. Celui-ci invoque une appartenance coutumière ancienne pour revendiquer ces terres, tandis que la France les administre de manière continue depuis près d'un siècle. À l'occasion d'un premier cycle de négociations ouvert à Port-Vila en novembre 2025, le Vanuatu a réaffirmé sa revendication, allant jusqu'à lui conférer une prétendue dimension religieuse, culturelle et identitaire. Un nouveau cycle de discussions est prévu en France début 2026.
Il souligne que, au-delà du symbole territorial, un éventuel abandon de souveraineté engagerait des conséquences juridiques majeures au regard du droit de la mer. En vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS), Matthew et Hunter constituent des points d'appui essentiels pour la délimitation de la zone économique exclusive (ZEE) de la Nouvelle-Calédonie. Leur perte priverait la France de près de 350.000 km² d'espaces maritimes, riches en ressources halieutiques et stratégiques, et réduirait d'autant son statut de puissance dans la zone Indo-Pacifique. Elle affaiblirait également la position française face aux revendications territoriales croissantes dans la région, et ouvrirait la voie, par précédent, à de nouvelles contestations, y compris sur d'autres territoires ultramarins.
Sur le plan politique, un recul territorial -le premier depuis des décennies- adresserait un signal particulièrement préoccupant. Il pourrait fragiliser la cohésion nationale en Nouvelle-Calédonie, déjà éprouvée par les tensions indépendantistes, et être interprété dans la région comme un aveu de faiblesse de la part de la France. Une telle décision serait d'autant plus lourde de conséquences qu'elle interviendrait sans consultation claire des élus calédoniens directement concernés, alors même que ces îlots participent à la définition de leur espace maritime et de leurs ressources économiques.
Il demande donc au Gouvernement de préciser sans ambiguïté sa position :
La France envisage-t-elle réellement de renoncer à sa souveraineté sur Matthew et Hunter dans le cadre des discussions en cours avec le Vanuatu ?
Quels principes juridiques, notamment au regard de l'UNCLOS, guident la position française dans la délimitation des espaces maritimes en jeu ?
Comment le Gouvernement entend-il garantir la protection des intérêts stratégiques, économiques et géopolitiques de la France dans l'Indo-Pacifique ?
Enfin, quelles consultations formelles sont prévues avec les institutions et les élus de Nouvelle-Calédonie avant toute décision engageant durablement l'intégrité territoriale et maritime de notre pays ?
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En attente de réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères.
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