Projet de loi de finances pour 2002, adopté par l'Assemblée nationale - TOME VII : Anciens combattants
LESBROS (Marcel)
AVIS 91 - TOME VII (2001-2002) - Commission des Affaires sociales
Rapport au format Acrobat ( 2 00 Ko )Table des matières
-
AVANT-PROPOS
-
I. UN PROJET DE BUDGET POUR 2002 DÉCEVANT
- A. DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES TOUJOURS ORIENTÉS À LA BAISSE
- B. DES MESURES NOUVELLES UNE FOIS ENCORE TROP MODESTES
- II. LE BILAN EN DEMI-TEINTE DE L'ACTION DU GOUVERNEMENT EN FAVEUR DES ANCIENS COMBATTANTS
-
I. UN PROJET DE BUDGET POUR 2002 DÉCEVANT
-
EXAMEN DES ARTICLES RATTACHÉS
-
Art. 61
Augmentation du plafond majorable de la rente mutualiste du combattant -
Art. 62
(art. L. 52-2 du code des pensions militaires d'invalidité
et des victimes de la guerre)
Augmentation de la majoration des veuves de grands invalides -
Art. 63
(art. L. 256 du code des pensions militaires d'invalidité
et des victimes de la guerre)
Attribution de la retraite du combattant, dès l'âge de 60 ans,
aux bénéficiaires d'une pension militaire d'invalidité -
Art. 64
(art. L. 114 bis du code des pensions militaires d'invalidité
et des victimes de la guerre)
Rétablissement de l'unicité de la valeur du point de la pension militaire -
Art. 64 bis (nouveau)
Rapport sur les psychotraumatismes de guerre -
Article additionnel après l'article 64
bis
Partage de la réversion des pensions militaires d'invalidité -
Article additionnel après l'article 64
bis
Attribution de la retraite du combattant aux anciens combattants ressortissants des Etats de l'ex-Indochine -
Article additionnel après l'article 64
bis
Ouverture des droits à pensions pour les ayants cause des anciens combattants des anciennes colonies
-
Art. 61
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
- AMENDEMENTS ADOPTÉS PAR LA COMMISSION
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
TOME VII
ANCIENS COMBATTANTS
Par M. Marcel LESBROS,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Nicolas About, président ; MM. Alain Gournac, Louis Souvet, Gilbert Chabroux, Jean-Louis Lorrain, Roland Muzeau, Georges Mouly, vice-présidents ; M. Paul Blanc, Mmes Annick Bocandé, Claire-Lise Campion, M. Jean-Marc Juilhard, secrétaires ; MM. Henri d'Attilio, Gilbert Barbier, Joël Billard, Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Jean Chérioux, Mme Michelle Demessine, M. Gérard Dériot, Mme Sylvie Desmarescaux, MM. Claude Domeizel, Michel Esneu, Jean-Claude Étienne, Guy Fischer, Jean-Pierre Fourcade, Serge Franchis, Francis Giraud, Jean-Pierre Godefroy, Mme Françoise Henneron, MM. Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, André Lardeux, Dominique Larifla, Jean-René Lecerf, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Mme Valérie Létard, MM. Jean Louis Masson, Serge Mathieu, Mmes Nelly Olin, Anne-Marie Payet, M. André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Mmes Janine Rozier, Michèle San Vicente, MM. Bernard Seillier, André Vantomme, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
6
)
(2001-2002)
Lois de finances . |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Depuis 1997, la politique menée par le Gouvernement en faveur des
anciens combattants peut se caractériser par trois tendances
principales :
- une érosion continue des crédits budgétaires ;
- de rares mesures nouvelles qui vont certes dans le bon sens, mais qui ne
répondent que très partiellement aux attentes du monde
combattant ;
- une fragilisation progressive du droit à réparation, le
Gouvernement ayant visiblement souhaité privilégier les actions
de solidarité.
Le projet de budget des anciens combattants pour 2002 s'inscrit, sans surprise,
dans une évidente continuité des budgets précédents
et se révèle en cela décevant.
Aussi, au-delà de l'analyse des crédits des anciens combattants
pour 2002, votre commission a souhaité profiter de l'examen de ce
dernier budget de la législature pour dresser le bilan de l'action du
Gouvernement, bilan qui apparaît hélas en demi-teinte.
I. UN PROJET DE BUDGET POUR 2002 DÉCEVANT
A. DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES TOUJOURS ORIENTÉS À LA BAISSE
A structure constante, les crédits relatifs aux anciens combattants diminueront de 2 % en 2002.
Evolution des crédits budgétaires
(en millions d'euros)
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution
|
Titre III : moyens des services |
44 |
45 |
+ 1,6 |
Dont subvention à l'ONAC |
37 |
39 |
+ 3,5 |
Dont subvention à l'INI |
7 |
6 |
- 8,6 |
Titre IV : interventions publiques |
3.583 |
3.583 |
0 |
Dont réparation |
3.117 |
3.099 |
- 0,5 |
Dont solidarité et mémoire |
466 |
484 |
+ 3,9 |
Total |
3.627 |
3.628 |
0 |
Total à structure constante (1) |
3.627 |
3.555 |
- 2,0 |
(1)
périmètre 2001
Cette diminution, qui est sensiblement plus forte que celle de 1,2 %
intervenue en 2001, ne serait pas illégitime si elle permettait de
reconduire dans de bonnes conditions les actions en faveur des anciens
combattants et d'apporter des réponses adaptées aux nombreuses
difficultés pour l'instant non résolues.
Tel n'est pourtant pas le cas. Votre commission s'attachera d'ailleurs à
souligner ces insuffisances au travers de trois exemples significatifs relevant
chacun de l'un des trois volets de la politique des anciens combattants.
1. Une politique de la réparation en péril
« Au premier rang de ces droits figure
incontestablement l'imprescriptible droit à réparation,
véritable impératif moral et socle fondateur de la politique que
je veux continuer à mener pour le monde combattant : il ne peut, il
ne doit en être autrement »
1(
*
)
.
Votre commission ne peut bien entendu que s'associer totalement à cette
déclaration d'intention de M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat
à la défense chargé des anciens combattants.
Elle observe cependant qu'une telle déclaration semble aujourd'hui tenir
du voeu pieux, tant la réalité budgétaire est
différente.
a) Une évolution très contrastée des crédits
Les
dépenses relatives à la réparation comprennent :
- la subvention versée à l'INI
(chapitre 36-50, article
20)
;
- les pensions d'invalidité et les allocations et indemnités
rattachées
(chapitre 46-20)
;
- la retraite du combattant
(chapitre 46-21)
;
- les prestations de sécurité sociale remboursées par
l'Etat au profit des pensionnés de guerre
(chapitre 46-24)
;
- les soins médicaux gratuits
(chapitre 46-27)
;
- l'appareillage des mutilés
(chapitre 46-28)
.
Les crédits budgétaires liés à la
réparation, qui représenteront 91 % du budget, diminueront
de 1,8 % en 2002.
Evolution des crédits budgétaires au titre de la réparation
(en millions d'euros)
Chapitre |
Intitulé |
Loi de finances initiale pour 2001 |
Projet de loi de finances pour 2002 |
Evolution
|
46-20 |
Pensions d'invalidité |
2.528 |
2.450 |
- 3,1 |
46-21 |
Retraite du combattant |
466 |
535 |
+ 14,8 |
|
Total dette viagère |
2.994 |
2.985 |
- 0,3 |
36-50 |
Subvention à l'INI |
7 |
6 |
- 8,6 |
46-24 |
Prestations de sécurité sociale |
204 |
197 |
- 3,3 |
46-27 |
Soins médicaux gratuits |
114 |
104 |
- 8,4 |
46-28 |
Appareillage |
9 |
9 |
0 |
|
Total prise en charge des soins |
334 |
316 |
- 5,4 |
|
Total dépenses de réparation |
3.328 |
3.301 |
- 0,8 |
La
dette viagère
reste le poste essentiel du budget des anciens
combattants. Les crédits sont relativement stables (- 0,3 % en
2002), mais évoluent de manière très contrastée,
marquant de la sorte les différentes évolutions du nombre des
parties prenantes.
Ainsi, s'agissant des pensions d'invalidité, le nombre de
pensionnés continue à diminuer de l'ordre de 4 % par an. Les
extinctions de droit liées à la mortalité ne sont en effet
que très partiellement compensées par l'attribution de nouvelles
pensions ou par la réversion des pensions aux ayants cause.
Evolution du nombre de pensionnés au 31 décembre
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001* |
Invalides pensionnés |
375.054 |
357.479 |
341.271 |
330.330 |
318.072 |
Pensions de veuves et d'orphelins |
161.479 |
154.634 |
147.621 |
143.281 |
138.124 |
Pensions d'ascendants |
15.315 |
13.591 |
11.613 |
10.862 |
9.794 |
Total |
551.848 |
525.704 |
500.505 |
484.473 |
465.990 |
*Prévision Source : SEDAC
En conséquence, et malgré l'application du rapport constant, les
crédits des pensions d'invalidité devraient diminuer en 2002
à un rythme proche de celui du nombre de pensionnés.
En revanche, le nombre de titulaires de la retraite du combattant devrait
augmenter de manière très significative. Cela tient non seulement
à l'arrivée massive à l'âge de 65 ans des
anciens combattants d'Algérie, du Maroc et de Tunisie, mais aussi
à l'assouplissement continu des conditions d'obtention de la carte du
combattant et à la baisse de l'âge ouvrant droit à la
retraite du combattant pour les pensionnés.
Evolution du nombre de titulaires de la retraite du combattant
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002* |
Titulaires de la retraite du combattant |
888.342 |
918.291 |
964.022 |
1.031.384 |
1.130.000 |
1.235.000 |
Evolution annuelle des parties prenantes |
- 1,43 % |
+ 3,6 % |
+ 4,9 % |
+ 7,0 % |
+ 9,6 % |
+ 9,3 % |
*Prévision Source : SEDAC
Dès lors, l'augmentation sensible et régulière du nombre
de titulaires de la retraite du combattant a un impact budgétaire
immédiat. Ainsi, les crédits relatifs à la retraite du
combattant devraient augmenter de près de 15 % en 2002.
A l'inverse, les crédits relatifs à la
prise en charge des
soins
connaîtront une forte baisse en 2002, témoignant en cela
d'une évidente fragilisation du droit à réparation.
b) L'exemple des cures thermales
La
relative stabilisation des crédits ne signifie pas pour autant la
garantie du droit à réparation.
On observe en effet, depuis quelques années déjà, une
préoccupante succession de tentatives de remises en cause insidieuses du
droit à réparation, qu'il s'agisse des tentatives d'alignement
des soins médicaux gratuits et de la prise en charge de l'appareillage
sur le régime de sécurité sociale ou des tentatives de
fiscalisation de la rente mutualiste, par exemple.
Le plus souvent, la vigilance des associations d'anciens combattants permet
cependant de prévenir ou de mettre en échec la plupart de ces
tentatives.
Mais certaines parviennent hélas à aboutir et se
concrétisent sur le plan budgétaire.
L'exemple de la diminution du plafond de remboursement des frais
d'hébergement des invalides de guerre effectuant une cure thermale est,
à cet égard, tout particulièrement significatif.
Jusqu'à cet été, les invalides de guerre effectuant une
cure thermale, dans le cadre des dispositions de l'article L. 115 du
code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre,
bénéficiaient du remboursement de leurs frais
d'hébergement dans la limite d'un plafond égal à cinq fois
le plafond de la participation des caisses primaires d'assurance maladie, soit
4.920 francs
2(
*
)
.
Mais, par arrêté du 25 juillet 2001, le Gouvernement a
ramené, unilatéralement et sans concertation, ce plafond à
trois fois le plafond de la sécurité sociale, soit
2.952 francs.
Le présent projet de loi de finances en tire alors les
conséquences budgétaires en prévoyant la révision
des services votés à hauteur de 2,3 millions d'euros
(15 millions de francs) des crédits du thermalisme inscrits
à l'article 20 du chapitre 46-27, soit l'équivalent de
22% des crédits votés en 2001.
Votre commission juge cette mesure subreptice doublement inacceptable. D'une
part, elle touche prioritairement les pensionnés les plus modestes qui
n'ont pas les ressources suffisantes pour partir en cure. D'autre part, et
surtout, elle constitue une remise en cause très grave du droit à
réparation.
Elle observe d'ailleurs que cette mesure ne fait que reprendre pour partie
l'une des récentes propositions de la Cour des comptes, dans un rapport
particulier très contesté. Dans ce rapport, la Cour proposait en
effet d'«
aligner le montant de la prise en charge des cures
thermales dans le cadre du système de soins gratuits sur celui de
l'assurance maladie
»
3(
*
)
.
Pourtant, le Gouvernement, par la voie de notre collègue Jean-Pierre
Masseret alors secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants, avait fermement écarté
cette hypothèse, estimant que «
la dérogation
permanente accordée pour la prise en charge des cures thermales des
pensionnés constitue un dispositif lié à la
spécificité du droit à réparation auquel le monde
combattant est particulièrement attaché
» et
indiquait qu'«
il n'est pas envisagé de
l'abroger
»
4(
*
)
.
Mais, à peine un an plus tard, le dispositif en question était
profondément remis en cause, au motif pour le moins curieux qu'il
était dépourvu de base légale suffisante. Le Gouvernement
n'a alors eu aucune difficulté pour transformer une circulaire en
arrêté, en profitant au passage pour réduire de 40 %
le plafond en question.
Votre commission ne peut que regretter que le Gouvernement ait si
brutalement changé et que l'inviter très solennellement à
revenir sur sa décision au cours de la discussion budgétaire.
Cet exemple témoigne en définitive de la fragilité
actuelle du droit à réparation, la moindre faille légale
étant inévitablement exploitée pour le remettre en cause.
Lors de son audition par votre commission le 25 octobre dernier,
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants, a semblé partagé ce
constat, proposant alors de mieux définir dans notre législation
le contenu du droit à réparation.
Votre commission ne peut pourtant s'associer à cette proposition. Elle
craint en effet que toute tentative de nouvelle définition du droit
à réparation ne conduise à revoir celui-ci à la
baisse. Elle suggère en revanche d'examiner avec la plus extrême
attention la solidité des bases juridiques de chaque dispositif
inhérent au droit à réparation afin, le cas
échéant et si besoin était par la loi, de le consolider
pour prévenir toute nouvelle remise en cause. Elle ne peut alors
qu'engager les services du secrétaire d'Etat et les associations
d'anciens combattants à se lancer dans ce lourd travail, seul à
même de mieux garantir à l'avenir le respect du droit à
réparation.
2. Une politique de solidarité en panne
Ces
derniers années avaient été marquées par le
redéploiement progressif des crédits des anciens combattants de
la réparation vers la solidarité. L'ONAC était ainsi
chargé de compenser la fragilisation continue du droit à
réparation par un renforcement de son action sociale en faveur des plus
défavorisés. De même, les missions du fonds de
solidarité se sont progressivement étendues au fur et à
mesure que la montée en charge de ses ressortissants se ralentissait.
Ce processus est désormais arrivé à son terme, la
politique de solidarité apparaissant maintenant comme le parent pauvre
du présent budget.
a) Une baisse sensible des dotations budgétaires
Les
crédits consacrés à la politique de solidarité
comprennent :
- la subvention de fonctionnement de l'ONAC (
chapitre 36-50,
article 10
) ;
- le fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du
Nord et d'Indochine (
chapitre 46-10
) ;
- les crédits d'action sociale dont la subvention aux
dépenses sociales de l'ONAC (
chapitres 46-03, 46-04, 46-51
) ;
- la majoration des rentes mutualistes (
chapitre 47-22
).
Ces crédits diminueront de 15,4 % en 2002 alors qu'ils
étaient encore quasiment stables dans la loi de finances initiale pour
2001.
Evolution des dotations budgétaires au titre de la solidarité 1
(en millions d'euros)
Chapitre |
Intitulé |
Loi de finances initiale pour 2001 |
Projet de loi de finances pour 2002 |
Evolution (en %) |
36-50 |
Subvention de fonctionnement de l'ONAC |
37 |
39 |
+ 3,5 % |
46-10 |
Fonds de solidarité |
152 |
91 |
- 39,9 % |
46-03, 46-04 et 46-51 |
Action sociale |
21 |
20 |
- 5,2 % |
47-22 |
Majoration des rentes mutualistes 2 |
89 |
103 |
+ 16,3 % |
Total |
299 |
253 |
- 15,4 % |
1
: avant examen à
l'Assemblée nationale
2
: à structure constante, hors article 30 du chapitre
47-22.
La diminution des crédits tient principalement à la poursuite de
l'extinction progressive du fonds de solidarité, dont les crédits
baisseront de 40 % en 2002.
Les allocataires du fonds de solidarité sont en effet de plus en plus
nombreux à sortir du dispositif dans la mesure où ils atteignent
massivement l'âge de 65 ans ou sont en mesure de faire valoir leurs
droits à une pension de retraite à taux plein.
Evolution du nombre d'allocataires du fonds de solidarité (1)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Allocation différentielle |
37.577 |
38.306 |
28.257 |
21.392 |
14.720 |
9.194 |
7.579 |
Allocation de préparation à la retraite |
1.593 |
4.322 |
10.940 |
12.287 |
10.720 |
7.550 |
6.476 |
Total |
39.170 |
42.628 |
39.197 |
33.679 |
25.440 |
16.744 |
14.055 |
1 : au 31 décembre, sauf en 2001 (au 31
mai).
La classe d'âge la plus importante des allocataires du fonds a
aujourd'hui 59 ans. On assistera donc à une extinction
accélérée du fonds dans les années à venir,
le nombre d'allocataires restant en 2005 devant être sans doute
résiduel (100 à 200).
Le fonds de solidarité
1)
Les bénéficiaires
Initialement réservé au bénéfice des seuls anciens
combattants d'Afrique du Nord en situation de chômage de longue
durée et âgés de plus de 57 ans, le fonds est
désormais ouvert à tout ancien combattant à quatre
conditions :
- avoir participé aux opérations en Indochine ou en Afrique du
Nord ;
- être privé d'emploi depuis plus d'un an ou être en
situation de travail réduit ;
- disposer de ressources personnelles inférieures à 4.755 francs
par mois ;
- résider en France métropolitaine ou dans les
départements d'outre-mer.
Au 31 mai 2000, 14.000 personnes bénéficiaient du soutien du
fonds de solidarité.
2) Les aides versées
-
l'allocation différentielle (AD)
L'AD constitue un complément de ressources spécifiques. Elle
assure à tout bénéficiaire un revenu mensuel minimum
garanti de 4.755 francs par mois au 1
er
janvier 2001.
L'article 109 de la loi de finances pour 1998
a institué une
majoration spécifique de l'AD pour les chômeurs qui justifient
d'une durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres, la portant
à 5.771 francs par mois.
Au 31 mai 2001, 7.579 personnes percevaient l'AD pour un montant moyen de
2.350 francs par mois.
-
l'allocation de préparation à la retraite (APR)
L'APR constitue un revenu complet servi à titre principal. A la
différence de l'AD, elle est constitutive de droits en matière
d'assurance sociale.
L'APR est attribuée aux personnes qui sont bénéficiaires
de l'AD pendant six mois consécutifs et qui n'exercent aucune
activité professionnelle.
L'article 124 de la loi de finances pour
1999
a cependant permis aux personnes susceptibles de
bénéficier du fonds de solidarité et qui totalisent 160
trimestres d'assurance vieillesse d'accéder directement à l'APR.
L'APR est égale à 65 % d'un revenu de
référence (le plus souvent la moyenne des revenus mensuels
d'activité professionnelle) et est plafonnée à 7.396
francs par mois au 1
er
janvier 2001.
L'article 127 de la loi de finances pour 1997
a également
institué un plancher pour l'APR égal à 4.500 francs.
Au 31 mai 2001, 6.476 personnes touchaient l'APR pour un montant moyen
d'environ 6.000 francs par mois.
Les deux allocations sont indexées sur les bases mensuelles de calcul
des prestations familiales et sont par conséquent automatiquement et
périodiquement revalorisées.
-
Le capital décès
Les veuves d'un bénéficiaire de l'APR peuvent
bénéficier, depuis 1997, d'un capital décès d'un
montant égal à quatre fois le montant mensuel brut de l'APR, le
cas échéant majoré en fonction du nombre d'enfants
à charge.
-
L'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE)
L'article 121 de la loi de finances pour 1999
a prévu
l'attribution automatique de l'ARPE aux salariés titulaires de la carte
du combattant au titre de l'Afrique du Nord qui, tout en remplissant par
ailleurs les conditions d'attribution, se voient opposer un refus par leur
employeur.
L'article 122 de la loi de finances pour 2000
a
fixé au 31 décembre 1999 la date de clôture de
l'entrée dans le dispositif.
56 demandes ont été reçues et 32 d'ores et
déjà acceptées pour un montant mensuel moyen de
6.789 francs par allocataire.
b) L'exemple du fonds de solidarité
La
gestion du fonds de solidarité ces dernières années
illustre bien les difficultés, voire les errements d'une politique de
solidarité dont les orientations restent finalement indistinctes.
Des obstacles injustifiables
En application de la loi de finances pour 2001, le décret du
25 avril 2001 autorise les anciens combattants ayant
séjourné en Algérie du 2 juillet 1962 au
1
er
juillet 1964 à bénéficier du Titre de
reconnaissance de la Nation.
Ils se heurtent pourtant à des difficultés pour accéder au
fonds de solidarité.
L'arrêté du 13 mars 1997 précise en effet que le fonds est
ouvert aux anciens combattants qui ont participé «
aux
opérations effectuées en Afrique du Nord entre le
1
er
janvier 1952 et le 2 juillet 1962 et sont titulaires
de la carte du combattant (...) aux titulaires du Titre de reconnaissance de la
Nation
».
Votre commission considère, pour sa part, que ces anciens combattants
ont naturellement vocation à accéder au fonds de
solidarité dès lors qu'ils sont attributaires du Titre de
reconnaissance de la Nation.
Elle ne peut alors qu'engager le Gouvernement à modifier, dans les
meilleurs délais, l'arrêté du 13 mars 1997 pour lever
ces obstacles inutilement vexatoires.
Des solutions imparfaites
L'exemple de l'attribution spécifique de l'ARPE aux anciens combattants
d'Afrique du Nord est à cet égard significatif.
Alors que la date de clôture pour l'entrée dans ce dispositif
était fixée au 31 décembre 1999, le dispositif n'est
pourtant toujours pas opérationnel.
M. Jean-Pierre Kucheida, rapporteur spécial de l'Assemblée
nationale pour les anciens combattants, observe ainsi qu'«
un
premier bilan de la mesure fait apparaître que sur 56 demandes, 32
ont donné lieu à l'attribution de l'ARPE et que 24 autres sont en
cours d'instruction
»
5(
*
)
.
Pour l'instant, guère plus d'une demande sur deux ne serait instruite
près de deux ans après la date-limite de dépôt de
candidatures.
Ces retards de mise en oeuvre du dispositif sont alors d'autant plus
inadmissibles qu'ils ne concernent qu'un nombre infime de
bénéficiaires.
Le poids de la régulation budgétaire
L'ampleur des crédits inscrits en loi de finances initiale,
censée représenter l'effort de solidarité du Gouvernement
en faveur des anciens combattants, ne peut faire illusion.
Ainsi, en 1999, plus de 320 millions de francs
6(
*
)
n'ont pas été consommés pour un
montant initial de 1.577 millions de francs de crédits votés.
De même, en 2000, plus de 210 millions de francs
7(
*
)
n'ont pas été consommés pour un
montant de 1.126 millions de francs de crédits votés en loi de
finances initiale.
Pour l'exercice 2001, sur les 999 millions de francs votés en loi
de finances initiale, deux arrêtés du 21 mai 2001 et du
14 novembre 2001 ont d'ores et déjà annulés
305 millions de francs de crédits, soit près du tiers des
dotations initiales.
Dès lors, le fonds de solidarité apparaît en
définitive bien plus comme une variable d'ajustement budgétaire
que comme un moyen d'approfondissement de l'intervention sociale en faveur des
anciens combattants.
Des inquiétudes pour l'avenir
L'extinction du fonds de solidarité apparaît programmée.
Mais sa disparition ne signifiera pas pour autant la fin de l'action de
solidarité.
En effet, de nombreux anciens combattants se retrouvent actuellement bien
souvent dans une situation de grande précarité à leur
sortie du dispositif et doivent fréquemment se contenter du minimum
vieillesse et des secours individuels de l'ONAC.
On observe en effet une croissance constante du nombre de personnes dans
l'obligation de solliciter une aide de l'ONAC. Ainsi, en 2000, 32.996 personnes
ont bénéficié des secours individuels de l'ONAC contre
26.794 en 1999.
Dans ces conditions, l'ONAC sera dans les années à venir de plus
en plus appelé à se substituer au fonds de solidarité.
Mais l'Etat se montre pour l'instant tout particulièrement parcimonieux
pour favoriser cette nécessaire adaptation de l'ONAC.
Dans sa version initiale du projet de budget pour 2002, les crédits
d'action sociale en faveur de l'ONAC diminuaient de 6,7 %.
Votre commission ne peut bien évidemment pas partager cette tentation
récurrente de réduire les crédits d'action sociale de
l'ONAC au moment où les besoins s'accroissent et où le
Gouvernement ne propose pas de dispositif de solidarité alternatif.
Certes, cette année encore, lors de l'examen du projet de loi de
finances en première lecture à l'Assemblée nationale, le
Gouvernement a finalement accepté de majorer de 1,5 million d'euros
supplémentaires les crédits d'action sociale de l'ONAC.
Il reste qu'au-delà de ces « coups de pouce » bien
tardifs aucune orientation claire n'apparaît pour l'avenir de la
politique de la solidarité.
En cela, le fonds de solidarité constitue un alibi dont la
solidité s'affaiblit plus rapidement chaque année.
3. Une politique de la mémoire en miettes
«
Ce budget doit permettre de consolider et de
développer les divers vecteurs d'une politique de la mémoire
volontariste et ambitieuse au service des valeurs
républicaines
»
8(
*
)
.
Cette profession de foi de M. Jacques Floch ne transparaît hélas
pas au travers du présent projet de budget.
a) Des crédits désormais illisibles
Votre
commission s'inquiétait déjà l'an passé de
«
l'opacité des importations
budgétaires
», dénonçant «
une
politique de la mémoire en trompe-l'oeil
».
« La principale conséquence de cette modification de la
nomenclature budgétaire est en définitive de rendre impossible
toute lecture budgétaire de la politique de la mémoire. Ainsi, au
budget des anciens combattants, les crédits relatifs à la
mémoire, répartis au sein de deux chapitres différents, ne
peuvent être isolés dans le bleu budgétaire. Plus
globalement, le souci d'une vision exhaustive rend nécessaire une
consolidation, toujours périlleuse, de différents articles de
différents budgets. La tâche du lecteur n'en est guère
simplifiée. »
9(
*
)
Votre commission ne peut, cette année, qu'observer que la
lisibilité budgétaire de la politique de la mémoire ne
s'est pas améliorée, un nouveau transfert de crédit
étant intervenu du budget de la défense vers le chapitre 46-04 du
budget des anciens combattants.
En apparence, les crédits en faveur de la mémoire progresseront
de près de 17 % en 2001.
Evolution des crédits consacrés à la mémoire
(en millions d'euros)
Chapitre |
Intitulé |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution |
31-96
art. 30
|
Personnels recrutés à l'étranger (entretien des sépultures) |
0,59 |
0,61 |
+ 2,6 % |
34-01 art. 10 |
Commémorations |
0,56 |
0,68 |
+ 20,3 % |
budget Défense |
Information historique |
1,08 |
1,80 |
+ 66,2 % |
|
Actions culturelles |
0,88 |
0,94 |
+ 6,2 % |
37-61
art. 10
|
Entretien des nécropoles nationales |
1,25 |
1,27 |
+ 1,2 % |
46-03
art. 10
|
Frais de voyage sur les tombes des morts pour la France |
0,20 |
0,20 |
0 |
46-04
art. 20
|
Subventions en faveur des actions de mémoire |
2,80 |
2,18 |
- 22,3 % |
54-41
art. 98
|
Remise en état des sépultures de guerre (crédits de paiement) |
3,30 |
4,90 |
+ 45,5 % |
Total |
|
10,73 |
12,55 |
+ 16,9 % |
Total Budget Anciens combattants |
|
3,00 |
2,38 |
- 20,7 % |
Source : SEDAC
Il reste que les crédits inscrits dans le « bleu »
anciens combattants -et donc relevant directement du présent fascicule
budgétaire- tendent à se limiter à la portion
congrue : 2,4 millions d'euros, en diminution de 20 %.
Cette diminution tient avant tout à l'importante contraction des
subventions en faveur des actions de mémoire, en raison de la
non-reconduction de crédits inscrits l'an passé à titre
non renouvelable.
Votre commission ne peut alors que s'interroger sur la pertinence du partage
des crédits entre les deux budgets.
La logique initiale de ce partage tendait à inscrire au budget de la
défense des crédits relatifs aux commémorations, au
patrimoine et à l'informatique historique pour ne laisser au sein du
budget des anciens combattants que les crédits de subvention aux
associations ou aux collectivités locales.
Mais désormais le budget des anciens combattants représente moins
de 20 % des crédits de mémoire alors même que le
secrétaire d'Etat aux anciens combattants a pourtant vocation à
piloter la politique de mémoire.
L'opacité budgétaire de la politique de mémoire
dépasse cependant les seules arcanes de la nomenclature
budgétaire pour toucher désormais à leur gestion
.
Ainsi, en 2000, seuls 38 % des crédits inscrits en loi de finances
initiale sur le chapitre 46-04 ont été effectivement
consommés.
10(
*
)
Il est à craindre que le même phénomène se
reproduise en 2001, un arrêté du 14 novembre dernier ayant
déjà annulé 5 % des crédits.
Votre commission considère que cette gestion erratique des
crédits de la mémoire témoigne en définitive des
lacunes de pilotage de la politique de la mémoire et des
difficultés de sa mise en oeuvre.
b) L'exemple de l'entretien des sépultures de guerre
L'augmentation apparente des crédits en faveur de la
mémoire ne saurait masquer les carences budgétaires de cette
politique.
Les conditions actuelles d'entretien des sépultures de guerre en
témoignent avec force.
L'Etat a, en effet, en charge l'entretien des sépultures
perpétuelles des soldats morts pour la France dans les conditions
prévues par le code des pensions militaires d'invalidité et des
victimes de la guerre. 900.000 tombes individuelles ou collectives sont
réparties dans diverses sépultures : nécropoles
nationales, carrés militaires dans les cimetières communaux et
cimetières militaires français à l'étranger.
L'entretien et la conservation des sépultures de guerre 11( * )
L'engagement de l'Etat à conserver les tombes des
combattants
tués à la guerre remonte à une loi du 4 avril 1873.
Mais les sépultures sont, à l'époque, le plus souvent des
fosses communes surmontées de monuments. Cette pratique se poursuit
encore au début de la première guerre mondiale, jusqu'à la
stabilisation des fronts, en 1915. L'importance des pertes impose alors la
prise de mesures pour l'organisation des sépultures.
La loi du 29 décembre 1915 donne droit à la sépulture
perpétuelle, aux frais de l'Etat, aux militaires Mors pour la France
pendant la guerre et définit le principe de la tombe individuelle.
La loi du 25 novembre 1918 crée une commission nationale
chargée de définir les principes architecturaux de base des
cimetières militaires.
La loi du 31 juillet 1920 confie à la nation qui en reçoit
la propriété, l'entretien des cimetières militaires
à installer ou à créer sur l'ancien front.
Le ministre des pensions a fait procéder jusqu'en 1935 à
l'exhumation des corps sur les champs de bataille et a fait regrouper les
sépultures dispersées dans les nécropoles nationales et
les carrés militaires des cimetières communaux qui ont
été, pour la plupart, aménagés au cours des
années 20.
Dans le même temps, des cimetières militaires français ont
été érigés dans les pays étrangers où
la France a combattu : en Belgique, en Italie et dans les pays du front
d'Orient et du Levant.
Après la seconde guerre mondiale, de nouvelles nécropoles ont
été installées, en France, en Italie et en Afrique du Nord
surtout. Les guerres de décolonisation provoquèrent la
création ou le développement de cimetières militaires en
Indochine, à Madagascar et en Algérie.
Il existe aujourd'hui :
en France : 263 nécropoles nationales où reposent
729.000 corps dont 244.000 en ossuaires (88 % de ces corps sont ceux
de victimes de la première guerre mondiale) et quelque
3.200 carrés militaires contenant 115.000 corps.
à l'étranger : 234 cimetières principaux
répartis dans 58 pays et près de 2.000 plus petits où
reposent 197.000 morts dont 90.000 en ossuaires.
Votre commission est tout particulièrement attachée à
l'exigence d'une bonne conservation des sépultures de guerre
. Elle
considère en effet que la politique de la mémoire ne peut
être une éternelle repentance, mais doit avant tout viser à
la honorer le souvenir de ceux qui sont morts pour la France. Dans cette
perspective, l'entretien des sépultures de guerre revêt une
importance toute particulière car celles-ci ont vocation à
incarner et à représenter l'hommage et la reconnaissance de la
Nation à ses morts.
Or, l'entretien des sépultures de guerre se heurte aujourd'hui à
de sérieux obstacles.
Des dotations budgétaires insuffisantes
L'insuffisance des dotations concerne aussi bien les programmes de
rénovation que l'entretien courant.
En 1993, a été lancé un
programme national de
rénovation
des nécropoles nationales et des carrés
militaires de la Première Guerre mondiale. Ces tombes,
érigées en 1920, étaient en effet dans un état
considérablement dégradé.
Ce programme, qui couvrait la période 1994-2000, nécessitait un
budget de 50 millions de francs. Ce programme n'a pourtant
été réalisé qu'à hauteur de 60 %.
Mise en oeuvre de l'échéancier du plan de rénovation 1994-2000 des sépultures
(en millions de francs)
|
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
||||||
Exercice |
Echéancier prévisionnel |
Loi de finances initiale |
Crédit après régulation |
Ecart prévision/crédits disponibles |
Echéancier prévisionnel |
Loi de finances initiale |
Crédit après régulation |
Ecart prévision/crédits disponibles |
1994 |
6 |
6 |
6 |
0 |
3 |
3 |
3 |
0 |
1995 |
10 |
10 |
10 |
0 |
6 |
6 |
6 |
0 |
1996 |
8 |
7 |
5,25 |
- 2,75 |
8 |
7,5 |
6,65 |
- 1,35 |
1997 |
6 |
3,25 |
0 |
- 2,75 |
8 |
8,125 |
6,5 |
- 1,5 |
1998 |
6 |
3,25 |
0 |
- 2,75 |
8 |
3,25 |
0 |
- 4,75 |
1999 |
8 |
5 |
5 |
- 3 |
9 |
3,25 |
3,25 |
- 5,75 |
2000 |
6 |
12 |
(nc) |
(nc) |
8 |
8, |
(nc) |
(nc) |
Totaux |
50 |
46 |
26,35 |
- 17,5 |
10 |
39,12 |
25,4 |
- 19,1 |
Source : SEDAC
Votre commission ne peut, une nouvelle fois, que regretter les retards
accumulés dans l'exécution de ce programme.
L'entretien courant des sépultures de guerre souffre également
d'une gestion budgétaire imparfaite.
Les crédits inscrits en loi de finances initiale depuis 1997 restent en
effet insuffisants pour couvrir les charges d'entretien.
Evolution des dotations budgétaires et des crédits consommés depuis 1997 pour l'entretien des sépultures de guerre 1
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
||||
|
Crédits votés |
Crédits consommés |
Crédits votés |
Crédits consommés |
Crédits votés |
Crédits consommés |
Crédits votés |
Crédits consommés |
Prévisions |
Prévisions |
Entretien en France |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chapitre 37-61-art. 10 |
5,207 |
5,890 |
5,700 |
5,000 |
6,200 |
5,500 |
7,590 |
5,540 |
5,800 |
5,800 |
Entretien en France |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chapitre 37-61-art. 10 |
|
1,800 |
|
1,800 |
|
1,960 |
|
2,770 |
2,400 |
2,500 |
Salaire étranger |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chapitre 31-96-art. 30 |
3,573 |
3,600 |
3,573 |
3,600 |
3,700 |
3,520 |
3,980 |
3,520 |
3,900 |
4,000 |
Total |
8,780 |
11,290 |
9,273 |
10,400 |
9,900 |
10,980 |
11,570 |
11,830 |
12,100 |
12,300 |
1
Ces dotations étaient inscrites
jusqu'en 1999 au budget des anciens combattants.
Dès lors, votre commission ne peut que souhaiter une
réévaluation des dotations budgétaires,
réévaluation d'autant plus nécessaire que les
tempêtes de décembre 1999 ont sévèrement
frappé nombre de nécropoles nationales.
Le financement insatisfaisant de l'entretien des carrés
communaux
A l'heure actuelle, l'Etat n'accorde que huit francs
12(
*
)
par tombe et par an pour l'entretien des quelque
115.000 sépultures des Mors pour la France situées dans les
carrés militaires des cimetières communaux.
Or, le coût annuel d'entretien de chaque tombe est estimé à
38 francs. Dès lors, la charge financière repose
principalement sur les collectivités locales (notamment les communes) et
sur le Souvenir Français.
Votre commission juge qu'un tel mode de financement n'est pas satisfaisant
et regrette la méconnaissance par l'Etat de son devoir légal en
la matière et son désengagement de ce domaine pourtant lourd de
symbole.
A titre de comparaison, là où l'Etat verse aujourd'hui
8 francs par tombe et par an, le Royaume-Uni verse lui 48 francs.
Votre commission souhaite donc ardemment une augmentation de la participation
de l'Etat à ce titre.
Elle rejoint ainsi les propositions de notre collègue, Jacques Baudot,
qui suggérait de «
revaloriser l'indemnité
forfaitaire versée par l'Etat aux communes et bloquée à
8 francs par tombe depuis 1981
»
13(
*
)
et celles de la Cour des comptes qui estime
nécessaire «
d'évaluer le coût d'entretien des
sépultures militaires perpétuelles afin d'actualiser le taux de
l'indemnité forfaitaire annuelle allouée à cette
fin
».
14(
*
)
Le secrétaire d'Etat relève lui-même la modicité de
cette somme, observant qu'elle «
ne correspond plus aux frais
réellement engagés et devrait être
augmentée
».
15(
*
)
Votre commission observe d'ailleurs qu'une telle proposition apparaît
budgétairement réaliste car le taux de consommation des
crédits en matière de mémoire reste faible : il n'a
été que de 58 % en 2000 pour le budget des anciens
combattants.
Une augmentation de la participation de l'Etat pourrait alors passer par un
redéploiement des crédits.
Ainsi, en redéployant à cette fin les crédits non
consommés en 2000 du budget des anciens combattants, la participation de
l'Etat aurait pu être plus que triplée, la portant à
26 francs par tombe.
B. DES MESURES NOUVELLES UNE FOIS ENCORE TROP MODESTES
1. Des propositions initiales de portée très limitée
Le
projet de loi de finances adopté en Conseil des ministres comportait,
au-delà des évolutions des crédits analysées
ci-dessus, quatre mesures nouvelles représentant un effort
budgétaire supplémentaire de 19,4 millions d'euros.
Ces mesures nouvelles, d'une portée budgétaire limitée au
regard des 94 millions d'euros économisés par
non-reconduction, mesures d'ajustement ou révision des services
votés, vont certes dans le bon sens.
Mais elles n'en sont pas moins soit de simples mesures de continuité par
rapport aux budgets précédents, soit des réformes encore
inabouties.
a) De simples mesures de continuité
Deux de
ces mesures nouvelles ne font que prolonger les budgets
précédents.
Ainsi,
l'article 61
prévoit d'augmenter le
plafond majorable
de la retraite mutualiste
pour faire passer l'indice de
référence de 110 à 115 points. Cette revalorisation
reste identique à celle des années précédentes.
Elle reste relativement faible et reporte en conséquence la
réalisation de l'objectif de 130 points qu'il semble pourtant
souhaitable d'atteindre dans des délais raisonnables.
De même,
l'article 64
achève enfin le rattrapage de la
valeur du point de pension des plus grands invalides
, rattrapage qui
avait été initié dès le budget 2000.
b) Des mesures hélas partielles
Les deux
autres mesures nouvelles sont plus significatives, même si leur impact
budgétaire est relativement modeste et si elles ne constituent qu'une
réponse très partielle aux difficultés existantes.
La première -
c'est l'article 62
- concerne les veuves. Elle vise
à augmenter la
majoration de pension dont bénéficient
les veuves de grands invalides
, c'est-à-dire les seules veuves ayant
passé au moins quinze ans à assister leur mari invalide à
au moins 85 %. Environ 1.500 veuves seraient ici concernées et
bénéficieraient chacune de 10.000 francs supplémentaires
par an.
Votre commission observe à cet égard que les 15 millions de
francs (2,3 millions d'euros) nécessaires à cette mesure
nouvelle correspondent au montant exact de la diminution du forfait
d'hébergement des pensionnés en cure thermale. Elle ne peut alors
que regretter très vivement qu'une telle mesure nouvelle n'ait pu
être financée que par des économies issues d'une remise en
cause du droit à réparation.
La seconde mesure -
c'est l'article 63
- tend à ramener de 65
à 60 ans
l'âge d'attribution de la retraite du combattant
aux titulaires d'une pension militaire d'invalidité. Environ 30.000
anciens combattants pourraient être concernés par cette mesure
d'un coût estimé à 80 millions de francs
(12,2 millions d'euros).
Votre commission observe néanmoins qu'une telle mesure se situe
très en retrait par rapport aux attentes du monde combattant qui
espérait un versement anticipé dès 60 ans à
l'ensemble des titulaires de la carte du combattant et une revalorisation du
niveau de la retraite.
2. Des améliorations apportées à l'Assemblée nationale qui restent marginales
Comme
chaque année, l'examen en première lecture par l'Assemblée
nationale a permis d'apporter quelques améliorations au projet de budget
des anciens combattants.
Votre commission avait déjà eu l'occasion les années
passées de formuler certaines réserves sur les limites de cette
procédure, retenue par le Gouvernement depuis le début de la
législature. Elle ne peut une fois encore que les réitérer.
«
Cette année, comme l'année passée, le
budget présenté en première lecture à
l'Assemblée nationale est un budget médiocre, ne comportant que
très peu de mesures nouvelles. Mais le ministre garde en réserve
un certain nombre d'amendements qu'il distille en fonction des réactions
largement défavorables des parlementaires jusqu'à modifier assez
sensiblement la physionomie générale du budget. Si on imagine
volontiers que cette stratégie cherche avant tout à desserrer la
tutelle financière exercée par le ministère du budget,
votre commission regrette cependant le manque de transparence qu'implique une
telle démarche
».
16(
*
)
Pour autant, l'examen en première lecture par l'Assemblée
nationale n'a pas permis de modifier, loin s'en faut, l'équilibre
général de ce budget.
a) Des majorations de crédits imparfaites
L'Assemblée nationale a tout d'abord adopté deux
amendements du Gouvernement visant à majorer les crédits de
3 millions d'euros (20 millions de francs).
Ces majorations ont un double objet.
D'une part, les crédits sociaux de l'ONAC sont augmentés de
1,5 million d'euros (10 millions de francs).
D'autre part, 1,5 million d'euros de crédits supplémentaires
sont dégagés «
afin de financer l'ouverture des
droits à pension relatifs au code des pensions militaires
d'invalidité pour les ayants cause des anciens combattants des anciennes
colonies
».
17(
*
)
Ces majorations appellent deux observations de la part de votre commission.
Elle se félicite, en premier lieu, de l'augmentation des crédits
sociaux de l'ONAC qui apparaissait indispensable.
Elle constate cependant qu'elle ne fait en définitive que compenser la
diminution de 6,7 % de ces crédits prévue dans le budget
initial. Elle observe en outre que cette majoration reste inférieure
d'un tiers à la majoration intervenue l'an passé lors de la
discussion budgétaire à l'Assemblée nationale qui avait
alors atteint 15 millions de francs.
Votre commission se félicite également de l'annonce de la
levée de la forclusion pesant sur l'attribution des pensions aux ayants
cause dans les pays où ces pensions sont aujourd'hui
cristallisées.
Elle juge cette mesure d'autant plus satisfaisante qu'elle avait proposé
une mesure identique lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2000.
Mais le Gouvernement l'avait à l'époque rejetée. Elle se
félicite donc qu'il revienne enfin sur sa position.
Il reste que cette mesure n'est pas sans soulever certaines interrogations.
M. Jacques Floch y voit le moyen «
d'amorcer la politique de
décristallisation
». Votre commission observe pour sa part
que cette annonce se contente de lever la forclusion sur l'attribution de
droits nouveaux, mais ne permet pas la revalorisation des tarifs actuellement
cristallisés. La distinction est d'importance.
De plus, cette majoration des crédits ne s'accompagne curieusement pas
d'une modification législative autorisant l'ouverture de droits
nouveaux. Elle reste donc, pour l'instant, sans la moindre portée
juridique.
Au total, ces deux majorations ne doivent donc pas être
surestimées : leur portée pratique est incertaine et elles
ne représentent que 0,08 % des crédits initiaux.
b) Un nouveau rapport
Le
nouvel article 64
bis
, issu d'un amendement présenté
par MM. Maxime Gremetz, Alain Néri, Bernard Schreiner et Georges
Colombier, prévoit la remise au Parlement d'un rapport du Gouvernement
sur les
psychotraumatismes de guerre
avant le
1
er
septembre 2002.
La question des psychotraumatismes de guerre est un sujet grave et important,
qui touche directement de nombreux anciens combattants. Or, la
réglementation actuelle ne permet encore qu'une prise en compte
imparfaite des psychotraumatismes de guerre.
Il importait donc, en l'absence de toute étude exhaustive sur ce sujet,
d'étudier en profondeur cette pathologie spécifique et d'explorer
les modalités pratiques d'une meilleure prise en charge, même si
votre commission n'est pas absolument convaincue qu'une disposition
législative ait été ici indispensable.
Il reste que l'article adopté à l'Assemblée nationale ne
prévoit qu'un simple rapport et ne préjuge pas des suites qui y
seront apportées.
3. Les propositions de votre commission
Compte
tenu des insuffisances évidentes du présent projet de budget,
votre commission aurait souhaité prendre cette année des
initiatives fortes afin de résoudre plusieurs des difficultés
encore en suspens. Mais, en la matière, toute proposition d'amendement
se heurte, du fait d'un incontournable impact budgétaire, aux
contraintes de la recevabilité financière.
Votre commission se contentera donc, à regret, de ne formuler que
trois propositions, adoptées à l'unanimité en commission,
visant à lever certaines difficultés juridiques
particulièrement préjudiciables pour le monde combattant.
a) Revoir les conditions de partage de la pension de réversion
Notre
collègue, Nicolas About, a récemment déposé une
proposition de loi
18(
*
)
visant à revoir
les conditions de partage de la réversion des pensions militaires
d'invalidité entre les conjoints survivants.
Compte tenu de l'encombrement actuel de l'ordre du jour du Parlement, votre
commission a jugé utile de reprendre l'article unique de cette
proposition de loi pour en faire un amendement au projet de loi de finances
pour 2002.
Il est vrai que cette proposition tend à apporter une solution
raisonnable à des situations souvent très difficiles.
A la différence des autres types de pensions, la réversion des
pensions militaires d'invalidité n'est en effet pas susceptible
d'être partagée entre les conjoints survivants.
Ainsi, l'épouse divorcée et non remariée d'un ancien
combattant lui-même remarié ne peut bénéficier de la
réversion de la pension d'invalidité de son ex-époux,
quand bien même elle aurait passé de longues années
à l'assister.
Votre commission suggère alors, pour assurer un traitement
équitable des conjoints survivants, d'instituer un partage de la pension
de réversion entre les conjoints non remariés au
prorata
temporis
de la durée respective de chaque mariage à compter
de la date d'origine de l'invalidité.
b) Lever la forclusion pesant sur l'attribution de la retraite du combattant dans l'ex-Indochine
La
deuxième proposition de votre commission vise à lever une
difficulté d'application du dernier budget.
L'article 109 de la loi de finances pour 2001 a prévu de lever la
forclusion pesant sur l'attribution de la retraite du combattant dans nos
anciennes colonies. Mais cette mesure a curieusement oublié les anciens
combattants de l'ex-Indochine en ne visant pas l'ordonnance du
30 décembre 1958 qui a institué la forclusion dans
l'ex-Indochine. On estime ainsi que quelque 1.500 ressortissants du Cambodge,
du Laos et du Viêt-Nam ne peuvent bénéficier de la retraite
du combattant, alors même qu'ils ont servi courageusement dans les
armées françaises, principalement durant la seconde guerre
mondiale.
Pour régler ce dossier, le Gouvernement envisage de recourir à
une « mesure de gestion » qui ne manquera pourtant pas de
soulever à son tour de nouvelles difficultés juridiques pour
défaut de base légale. Le plus simple et le plus sûr
juridiquement est à l'évidence de procéder à une
modification législative.
C'est ce que vous propose votre commission.
c) Permettre la réouverture des droits à pension cristallisée pour les ayants cause
La
dernière proposition de votre commission tend elle aussi à lever
un obstacle d'ordre juridique.
Lors de l'examen du présent projet de budget des anciens combattants,
l'Assemblée nationale, sur proposition du Gouvernement, a majoré
les crédits de 1,5 million d'euros «
afin de financer
l'ouverture des droits à pension relatifs au code des pensions
militaires d'invalidité pour les ayants cause des anciens combattants
des anciennes colonies
».
Pour autant, si le financement existe, la législation n'a pas
été adaptée en conséquence. Elle interdit donc
toujours l'attribution des pensions aux ayants cause.
Il est donc nécessaire de modifier notre législation pour rendre
l'annonce du Gouvernement applicable.
II. LE BILAN EN DEMI-TEINTE DE L'ACTION DU GOUVERNEMENT EN FAVEUR DES ANCIENS COMBATTANTS
« Il ne m'appartient pas de porter un jugement
global
sur les résultats de cette politique. Celui-ci sera fait par le Monde
combattant lui-même et par les parlementaires, partenaires
éclairés, avisés et efficaces. Je souhaite seulement dire
que la politique que j'ai menée, eut le souci de la loyauté, de
la clarté et de l'humilité. »
19(
*
)
Par ces propos, notre collègue Jean-Pierre Masseret, ancien
secrétaire d'Etat à la Défense chargé des anciens
combattants de juin 1997 à septembre 2001, invitait votre commission
à dresser le bilan de l'action du Gouvernement en faveur des anciens
combattants. Votre commission ne se dérobera pas à cette
tâche, qu'elle a cherché à accomplir avec la plus grande
objectivité.
Il va sans dire que ce bilan ne sera pas celui de l'action personnelle de
l'ancien ministre, dont votre rapporteur reconnaît bien volontiers
« le souci de la loyauté, de la clarté et de
l'humilité »
et tient une nouvelle fois à souligner
son implication dans ces dossiers difficiles et parfois ingrats, tout en
regrettant que les arbitrages interministériels lui aient
été trop souvent défavorables.
Il reste que le bilan du Gouvernement apparaît, au terme de cette
législature, bien mitigé. Il se caractérise ainsi
par :
- une érosion continue des crédits budgétaires ;
- des avancées indéniables, mais de portée
inégale ;
- des échecs évidents.
A. L'ÉROSION CONTINUE DES CRÉDITS
« Ainsi, rapportées au nombre des
bénéficiaires potentiels, les dotations affectées en 2002
au monde combattant augmenteront donc de 4,1 % en moyenne. Cette
progression s'inscrit dans la lignée de celles constatées depuis
1998. En effet, entre 1998 et 2002, l'effort budgétaire des anciens
combattants rapporté au nombre des pensionnés aura
augmenté de 12,6 % (ou + 8,2 % en unité
monétaire constante) ».
20(
*
)
Chaque année, depuis 1998, le gouvernement se félicite ainsi
d'une baisse des crédits budgétaires inférieure à
la diminution du nombre de
« bénéficiaires
potentiels »
et affirme en conséquence que l'effort
budgétaire moyen par ancien combattant a sensiblement augmenté
entre 1998 et 2002.
Votre commission juge cette présentation passablement fallacieuse.
Elle observe pour sa part que les crédits ont très fortement
diminué sur la période (- 15,7 % en unité
monétaire constate) et que l'effort budgétaire par ancien
combattant a en réalité significativement diminué.
1. Une forte diminution des crédits budgétaires
Entre 1998 et 2002, les crédits du budget des anciens combattants ont diminué de 15,7 % en unité monétaire constante (soit de 10,1 % en unité monétaire courante).
Evolution des crédits du budget des anciens combattants (1)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
En millions de francs |
25.944 |
25.062 |
24.548 |
24.088 |
23.793 |
23.318 |
En millions d'euros |
3.955 |
3.821 |
3.742 |
3.672 |
3.627 |
3.555 |
Evolution annuelle (en %) |
- |
- 3,4 % |
- 2,1 % |
- 1,9 % |
- 1,2 % |
- 2,0 % |
Source : SEDAC
(1) Il s'agit des crédits inscrits en loi de finances initiale, à
structure budgétaire constante (le périmètre du budget
pour 2001 est retenu)
2. Les évolutions contrastées de la population combattante
La
population des anciens combattants peut s'apprécier de trois
manières, chacune définissant un périmètre plus ou
moins large :
- le nombre de pensionnés ;
- le nombre de partie prenantes à la dette viagère ;
- le nombre de ressortissants de l'ONAC.
Or, selon la définition retenue, l'évolution de la population est
différente comme l'observait votre commission dès 1998 :
« En réalité, l'analyse de l'évolution de la
population des anciens combattants peut déboucher sur deux types de
conclusions. Si le nombre de pensionnés tend effectivement à
diminuer de plus en plus vite, le nombre de ressortissants de l'Office national
des anciens combattants -c'est-à-dire la population des anciens
combattants au sens large- diminue beaucoup plus
lentement ».
21(
*
)
Or, les évolutions de ces populations continuent de diverger depuis lors.
Ainsi, compte tenu de la mortalité naturelle,
le nombre de
pensionnés
devrait diminuer de 18,8 % sur la période,
à un rythme de l'ordre de 4 % par an.
Evolution du nombre de pensionnés au 31 décembre
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001* |
574.183 |
551.848 |
525.704 |
500.505 |
484.473 |
465.990 |
Source : Ministère des finances - service des
pensionnés
* prévisions
Inversement,
le nombre de parties prenantes à la dette viagère
a, lui, tendance à augmenter compte tenu de l'assouplissement des
conditions d'attributions de la carte du combattant et de l'arrivée
massive à l'âge de 65 ans de la troisième
génération du feu.
Evolution du nombre de parties prenantes à la dette viagère au 31 décembre (1)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001* |
Total |
1.462.325 |
1.470.139 |
1.489.426 |
1.531.889 |
1.614.473 |
1.700.990 |
Dont titulaires de la retraite du combattant |
888.142 |
918.291 |
964.022 |
1.031.384 |
1.130.000 |
1.235.000 |
(1) Les parties prenantes à la dette viagère comprennent les pensionnés et les titulaires de la retraite de combattant. On estime aujourd'hui qu'environ 30.000 personnes cumulent une pension et une retraite.
Source : SEDAC
De son côté, le nombre de ressortissants de l'ONAC se caractérise par une légère décrue, d'ailleurs très délicate à apprécier. Les seules données disponibles 22( * ) sont seulement des évaluations prospectives.
Evolution du nombre de ressortissants de l'ONAC
|
|
1998 |
2003 |
2008 |
2013 |
2018 |
|
Ayants droit |
6.100 |
400 |
0 |
0 |
0 |
14/18 |
Ayants cause |
348.000 |
86.800 |
9.800 |
100 |
|
|
Total |
354.100 |
87.200 |
9.800 |
100 |
|
|
Ayants droit |
905.700 |
687.600 |
33.500 |
145.200 |
39.600 |
39/45 |
Ayants cause |
1.600.700 |
1.564.500 |
1.408.100 |
872.300 |
421.700 |
|
Total |
2.506.400 |
2.252.100 |
1.738.600 |
1.017.500 |
461.300 |
|
Ayants droit |
132.200 |
111.200 |
94.000 |
69.300 |
40.400 |
Indochine |
Ayants cause |
90.100 |
93.900 |
98.000 |
104.400 |
107.200 |
|
Total |
213.300 |
205.100 |
192.000 |
173.700 |
147.400 |
|
Ayants droit |
1.267.100 |
1.273.600 |
1.208.100 |
1.103.000 |
930.400 |
Afrique du Nord |
Ayants cause |
88.200 |
124.600 |
173.500 |
246.300 |
352.800 |
|
Total |
1.355.300 |
1.398.200 |
1.381.600 |
1.349.300 |
1.283.800 |
|
Ayants droit |
42.100 |
57.500 |
72.600 |
87.900 |
102.900 |
Nouveaux conflits |
Ayants cause |
1.800 |
2.400 |
2.800 |
3.400 |
4.000 |
|
Total |
44.100 |
59.900 |
75.400 |
91.300 |
106.900 |
|
Ayants droit |
130.300 |
133.300 |
129.400 |
124.600 |
116.300 |
Hors guerre |
Ayants cause |
76.700 |
78.400 |
80.600 |
83.000 |
87.400 |
|
Total |
207.000 |
211.700 |
210.000 |
207.600 |
203.700 |
Total ressortissants |
Ayants droit |
2.474.500 |
2.263.600 |
1.834.600 |
1.530.000 |
1.229.600 |
Ayants cause |
2.205.500 |
1.950.600 |
1.772.800 |
1.309.500 |
973.100 |
|
Total |
4.680.000 |
4.214.200 |
3.607.400 |
2.839.500 |
2.202.700 |
Source : SEDAC
3. Quel effort budgétaire par ancien combattant ?
Dans
ces conditions, l'analyse de l'évolution de l'effort budgétaire
moyen par ancien combattant devient en définitive un exercice
irréel, voire partial, tant il dépend du champ initialement
retenu.
Il reste que les pensionnés ne représentent aujourd'hui qu'une
petite partie de la population combattante : on compte aujourd'hui environ
480.000 pensionnés alors que le nombre de ressortissants de l'ONAC
est près de dix fois supérieur.
Dès lors, il ne peut en aucun cas être significatif de comparer,
comme le fait complaisamment le Gouvernement, l'évolution des
crédits à celle du nombre de pensionnés.
Il serait tout aussi possible -mais aussi peu convaincant- de retenir le nombre
de parties prenantes à la dette viagère. On pourrait alors
démontrer que, compte tenu de la baisse des crédits et de la
hausse du nombre de parties prenantes, l'effort budgétaire moyen par
partie prenante a diminué de 27,5 % entre 1997 et 2002 en
unité monétaire constante.
Il serait en revanche plus judicieux de comparer l'évolution des
crédits à celle des ressortissants de l'ONAC. Or, de 1997
à 2002, les crédits diminuent de l'ordre de 16 % en
unité monétaire constante alors que le nombre de ressortissants
ne baisse lui que d'environ 8 %.
Au total, les crédits budgétaires ont donc diminué deux
fois plus vite que n'a décru la population des anciens combattants.
Votre commission ne souhaite pourtant pas ici alimenter une querelle
statistique qui ne pourrait être que stérile. Car, en
définitive, c'est plus l'utilisation des ressources budgétaires
que leur montant qui importe. C'est donc principalement à cette aune
qu'il faut évaluer le bilan du Gouvernement.
B. DES AVANCÉES DE PORTÉE INÉGALE
La
présente législature a donné lieu à plusieurs
évolutions favorables qui sont incontestablement à inscrire
à l'actif du Gouvernement.
Votre commission s'en félicite d'autant plus que ces réformes
étaient, pour la plupart, attendues avec impatience par le monde
combattant et souvent suggérées, depuis plusieurs années,
par le Sénat.
Ces avancées, qui poursuivent d'ailleurs largement les réformes
initiées par les précédents gouvernements et qui sont
fréquemment d'origine parlementaire, apparaissent néanmoins de
portée inégale.
1. D'incontestables mesures positives
Les évolutions les plus positives concernant la reconnaissance et la modernisation des institutions
a) L'élargissement des conditions d'accès aux différents titres
Les
conditions d'obtention de la
carte du combattant
ont été
considérablement assouplies.
Ainsi, afin de tenir compte de la nature spécifique de l'engagement en
Algérie compte tenu du risque diffus lié à
l'insécurité provoquée par la situation de
guérilla, la loi de finances pour 1998 a modifié le
critère traditionnel de 90 jours en unité combattante pour
retenir la durée du séjour en Algérie d'un minimum de 18
mois. Les lois de finances pour 1999 et 2000 ont progressivement ramené
cette durée à 12 mois, puis à 4 mois pour les
rappelés par la loi de finances pour 2001.
Votre commission se félicite de l'élargissement de l'accès
à la carte du combattant. Elle regrette néanmoins que les
maintenus, compte tenu de leur situation particulière, éprouvent
encore des difficultés à se voir attribuer la carte du combattant
et suggère en conséquence d'aligner leur régime sur celui
applicable aux rappelés.
De la même manière, les conditions d'attribution du
titre de
reconnaissance de la nation
(TRN) ont, elles aussi, été
élargies. En application de la loi de finances pour 2001, l'attribution
du TRN aux anciens combattants d'Algérie et d'Indochine a
été étendue pour prendre en compte la situation de ceux
présents sur les théâtres d'opération
postérieurement à la date officielle de cessation des combats.
Ainsi, le droit au TRN est désormais ouvert aux anciens combattants
ayant séjourné en Algérie entre le 2 juillet 1962 et le
1
er
juillet 1964 ou ayant servi en Indochine entre le 11 août
1954 et le 1
er
octobre 1957.
Il reste que cette reconnaissance est encore imparfaite. On peut notamment
regretter l'absence d'une décoration liée au TRN pour toutes les
générations du feu, seuls les titulaires du TRN au titre de
l'Afrique du Nord pouvant porter une décoration (à savoir la
« médaille de l'Afrique du Nord »).
b) La meilleure reconnaissance de la troisième génération du feu
Votre
commission ne reviendra pas ici sur l'importance qu'elle attache à la
loi du 18 octobre 1999
, adoptée à l'unanimité des
deux chambres, qui a enfin donné le nom de
« guerre » à une guerre restée trop longtemps
sans nom.
Elle n'insistera pas plus sur la future érection d'un
mémorial
de la guerre d'Algérie
, à Paris, sur lequel seront inscrits
les noms de 22.317 combattants et supplétifs morts pour la France
au cours de ce conflit.
L'importance symbolique de ces initiatives pour assurer enfin une meilleure
reconnaissance de la troisième génération du feu se passe
de commentaire.
Votre commission tient surtout à souligner le
légitime hommage
enfin rendu aux harkis
, à l'initiative du Haut conseil de la
mémoire combattante présidée par le Président de la
République, qui s'est concrétisé, le 25 septembre dernier,
par la célébration d'une journée nationale d'hommage
assortie de l'apposition de plaques commémoratives.
Il devenait en effet indispensable de garantir aux harkis une juste place au
sein de la troisième génération du feu et de la
mémoire de la guerre d'Algérie. Il était ainsi
« grand temps pour la Nation, dont c'est le devoir moral, de
reconnaître leurs sacrifices et leur
dignité ».
23(
*
)
c) La modernisation des institutions du monde combattant
L'ONAC,
l'Institution nationale des Invalides (INI) mais aussi le ministère se
sont engagés, au cours de la présente législature, dans un
louable processus de réforme avec le double souci d'assurer leur
pérennité et d'améliorer la qualité du service
rendu.
Votre commission partage ainsi la philosophie générale de
l'insertion du
département ministériel des anciens
combattants
dans celui de la Défense.
Cette insertion, qui ne va pourtant pas sans heurts, apparaît en effet
comme la solution la plus pertinente pour assurer à l'avenir la gestion
des intérêts matériels et moraux des anciens combattants.
Elle semble en tout cas nettement préférable à un
adossement au ministère des finances -qui risquerait de le limiter
à un simple « ministère des pensions »- ou
à une intégration au sein du ministère à la
solidarité- qui ne manquerait pas de privilégier une logique
d'assistance.
De la même manière, la réforme de l'
ONAC
,
lancée en juin 1998 au travers de la
« Charte pour un
Nouvel Elan »
, était également indispensable.
L'ONAC, grâce à son réseau départemental de
proximité, gère en effet la grande majorité des droits
accordés par l'Etat aux anciens combattants et victimes de guerre :
le droit à réparation, à travers l'attribution de la carte
d'invalidité ou le statut de pupille de la Nation ; le droit
à la reconversion, à travers ses écoles professionnelles
accessibles aujourd'hui aux handicapés civils ; le droit à
la solidarité, grâce à ses aides ponctuelles, ses
prêts et son réseau de maisons de retraite.
Il importait alors de le moderniser pour garantir et renforcer son rôle
d'accueil des anciens combattants.
Votre commission se félicite donc de l'effort entrepris et du
redressement de sa situation financière, même si elle ne peut que
regretter la modicité des dotations budgétaires consacrées
à accompagner cette modernisation et la gestion parfois trop erratique
des restructurations de son réseau de maisons de retraite.
Ce processus de modernisation ne pouvait ignorer
l'Institution nationale des
invalides
(INI).
L'INI tient aujourd'hui encore une place considérable dans la politique
de réparation. Sa spécificité tendait pourtant à
devenir un handicap allant jusqu'à mettre en péril sa
pérennité au moment même où la fin du service
national la fragilisait.
Il importait donc de redéfinir ses rapports avec le système de
santé publique, tout en réaffirmant sa spécificité.
C'est l'objet du projet d'établissement 1998-2002 dont la mise en
oeuvre, et notamment son intégration au service public hospitalier,
n'est toutefois pas achevée.
2. Des actions souvent en demi-teinte
Si plusieurs initiatives du gouvernement allaient dans le bon sens, elles n'en sont pas moins restées plus limitées qu'on aurait pu le souhaiter.
a) Le relèvement bien lent du plafond majorable de la retraite mutualiste
La loi
de finances pour 1998 a indexé le montant du plafond majorable de la
retraite mutualiste sur les pensions militaires d'invalidité en le
fixant à 95 points. Depuis lors, il a été
revalorisé de 5 points chaque année, le présent budget
prévoyant ainsi de le porter à 115 points.
Ces dispositions ont ainsi permis une évolution favorable du plafond
majorable, qui avait accumulé un retard significatif.
La revalorisation n'en reste pas moins bien lente, reportant d'autant
l'arrivée à 130 points qui reste pourtant l'objectif à
atteindre dans les meilleurs délais.
b) Le dégel tardif des pensions des plus grands invalides
La loi
de finances pour 1991 avait institué un « gel » des
plus hautes pensions militaires d'invalidité en excluant du champ
d'application des revalorisations au titre du rapport constant les pensions
dépassant un indice correspondant à la somme annuelle de 360.000
francs.
Touchant des grands invalides gravement handicapés et nécessitant
souvent les soins continus de tierces personnes, cette disposition
particulièrement pénalisante a concerné près de
1.500 pensionnés entre 1991 et 1994.
La loi de finances pour 1995 avait certes supprimé la mesure de
« gel » à compter du 1
er
janvier 1995,
mais elle n'avait pas procédé à la remise à niveau
du point de pension des invalides concernés.
Le Gouvernement, après avoir longtemps privilégié le
statu quo
, a finalement choisi d'enclencher un processus, somme toute
assez long et laborieux, de rétablissement en trois ans de
l'unicité de la valeur du point de pension et de
« dégel » des pensions des plus grands invalides.
Amorcé par la loi de finances pour 2000, ce processus devrait trouver
enfin son aboutissement dans le présent projet de loi de finances.
c) Une extension parfois maladroite des missions du fonds de solidarité
Le
Gouvernement a visiblement cherché à encourager une politique de
solidarité, destinée notamment à désamorcer toute
revendication de retraite anticipée.
Pour cela, il a progressivement étendu les missions du fonds de
solidarité, mais de manière quelque peu désordonnée.
Ainsi, la loi de finances pour 1998 a institué, à la charge du
fonds de solidarité, une allocation de 5.600 francs mensuels nets
pour tous les chômeurs anciens combattants d'Afrique du Nord justifiant
d'une durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres, y compris le
temps passé en Afrique du Nord.
Cette mesure n'a eu qu'un effet très transitoire. Le nombre maximum de
bénéficiaires n'a été que de 7.055 en juillet 1998.
Il n'était plus seulement que de 1.543 au 31 décembre 2000.
De même, la loi de finances pour 1999 a supprimé le
« sas » de six mois pendant lesquels tout
bénéficiaire ne pouvait toucher que l'allocation
différentielle avant de se voir attribuer l'allocation de
préparation à la retraite.
Cette mesure de justice et de bon sens a eu plus d'effets. Mais notre
commission ne peut s'empêcher de rappeler qu'elle est née d'une
initiative de son ancien président, notre collègue Jean-Pierre
Fourcade, et de M. Guy Fischer en juin 1998 au moment même où le
Gouvernement déclarait irrecevable la proposition de loi tendant
à accorder la retraite anticipée pour les seuls anciens
combattants chômeurs en fin de droits justifiant de quarante
années de cotisations.
Enfin, la loi de finances pour 1999 a également institué le
bénéfice automatique de l'ARPE pour les salariés
titulaires de la carte du combattant au titre de l'Afrique du Nord cessant leur
activité.
On a vu précédemment les effets pour le moins anecdotiques de
cette mesure puisqu'on ne compte que 32 bénéficiaires.
Aussi, votre commission ne peut, là encore, que regretter que le
Gouvernement n'ait pas choisi de retenir sa proposition d'ouvrir cette mesure
non seulement aux titulaires de la carte du combattant, mais aussi à
ceux du Titre de reconnaissance de la Nation, proposition qui n'aurait pu que
renforcer la portée de ce dispositif.
C. DES ÉCHECS INDÉNIABLES
Il reste
que les points les plus saillants du bilan gouvernemental tiennent en
définitive plus aux lacunes qu'aux réalisations.
Votre commission conçoit bien que tout ne pouvait être fait tout
de suite. Mais elle observe pourtant que le Gouvernement a
délibérément ignoré de nombreuses questions
particulièrement urgentes et importantes.
1. Des débats escamotés
a) La retraite anticipée des anciens combattants d'Afrique du Nord
La
retraite anticipée a longtemps constitué l'attente principale des
anciens combattants de la troisième génération du feu.
Le 8 mai 1997, M. Lionel Jospin, interrogé par le Front uni,
écrivait :
« Concernant la retraite anticipée
pour les anciens combattants d'Afrique du Nord, nous avons, comme vous le
savez, contesté les conclusions du rapport Chadelat qui était
destiné, avant tout, à vous opposer une fin de non recevoir. Nous
devons avoir un dialogue francs, direct et responsable avec les
différentes associations d'anciens combattants afin d'envisager ce qui
peut être effectivement fait.
« Dans un premier temps, nous nous engageons à accorder la
retraite anticipée pour les chômeurs en fin de droits justifiant
de 40 annuités de cotisations diminuées du temps passé en
Afrique du Nord. Cette mesure constituerait un début de reconnaissance
envers les anciens combattants d'Afrique du Nord et permettrait de
répondre à un certain nombre de cas difficiles. »
Cet engagement n'a hélas pas été tenu.
Votre commission n'avait pourtant pas hésité à
« tendre la perche »
au Gouvernement pour lui
permettre de respecter la parole donnée.
Ainsi, le Sénat a examiné en séance publique, le 29 juin
1998, la
proposition de loi de MM. Robert Pagès et Guy Fischer
tendant à accorder la retraite anticipée pour les anciens
combattants chômeurs en fin de droits, justifiant de quarante
années de cotisations diminuées du temps passé en Afrique
du Nord
, sur le rapport
24(
*
)
de notre
collègue Guy Fischer, au nom de votre commission.
Mais le Gouvernement n'a pourtant pas hésité à invoquer
l'article 40 de la Constitution pour repousser cette proposition de loi,
pourtant raisonnable et équitable.
Votre commission le regrette profondément car la retraite
anticipée pour les chômeurs en fin de droits aurait pu apporter
des réponses bien plus adaptées à des situations
très difficiles que l'approfondissement, d'ailleurs bien imparfait, des
dispositifs d'assistance.
b) La diminution de l'âge ouvrant droit à la retraite du combattant
La
diminution de 65 à 60 ans de l'âge ouvrant droit au
bénéfice de la retraite du combattant a constitué,
après la retraite anticipée, la deuxième grande
revendication des associations d'anciens combattants.
Une telle mesure méritait à l'évidence un examen
approfondi dans la mesure où elle constituait non seulement une
compensation à l'absence de retraite anticipée, mais aussi une
significative mesure de solidarité pour les anciens combattants qui sont
nombreux à rencontrer de graves difficultés financières
à partir de 60 ans.
Mais, là encore, le Gouvernement a fait la preuve de sa rigidité
en s'opposant à une telle mesure et en ne daignant même pas
étudier sa faisabilité par étapes.
Le seul geste intervenu en la matière est en définitive d'ordre
essentiellement symbolique et risque d'être pour solde de tout compte.
L'article 63 du présent projet de loi de finances prévoit en
effet de ramener à 60 ans le versement de la retraite du combattant pour
les seuls pensionnés à plus de 10 %. Il ne s'agit en
réalité que d'instaurer une nouvelle dérogation au droit
commun, tendant à transformer en prestation de solidarité cette
mesure de reconnaissance.
Votre commission rappelle en effet que certains détenteurs de la carte
du combattant peuvent déjà bénéficier de la
retraite du combattant dès 60 ans. Il s'agit :
- des anciens combattants résidant dans les départements et
territoires d'outre-mer ;
- des anciens combattants titulaires de l'allocation supplémentaire du
fonds de solidarité vieillesse ;
- des anciens combattants percevant une pension d'invalidité d'au moins
50 % et une allocation d'ordre social.
c) L'indemnisation des orphelins des victimes du nazisme
Le décret du 13 juillet 2000 a institué une indemnisation spécifique des orphelins des personnes victimes de persécutions antisémites, déportées à partir de France et mortes en déportation.
Le
décret n° 2000-657 du 13 juillet 2000
instituant une mesure de
réparation
pour les orphelins dont les parents ont été
victimes
de persécutions antisémites
• Les bénéficiaires
La mesure concerne les orphelins de toute personne
« qui a
été déportée à partir de France dans le
cadre des persécutions antisémites et a trouvé la mort en
déportation »
, si l'orphelin était mineur à
la date du départ en déportation.
Toutefois, sont exclues de ce droit à réparation les personnes
percevant une indemnité viagère versée par l'Allemagne ou
l'Autriche.
• L'indemnisation
Elle prend la forme :
- soit d'une indemnité en capital de 180.000 francs ;
- soit d'une rente viagère de 3.000 francs par mois.
• Le financement
Le paiement des rentes viagères et des indemnités en capital est
assuré par l'ONAC et est financé sur les crédits inscrits
au chapitre 46-02 du budget des services généraux du Premier
ministre.
La loi de finances initiale pour 2001 avait prévu 200 millions de
francs à ce titre. Le projet de loi de finances rectificatif pour 2001
prévoit l'ouverture de 983 millions de francs
supplémentaires. Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit,
lui, l'inscription de 64 millions d'euros (soit 420 millions de
francs).
Au total, ce seront plus de 1,6 milliard de francs qui seront
dégagés à ce titre en 2001 et 2002.
Cette mesure, qui constitue certes une légitime réparation pour
les orphelins de déportés juifs n'ayant jamais été
indemnisés, n'en soulève pas moins de nombreuses incertitudes.
La première incertitude concerne l'exigence d'un décès en
déportation. Ainsi, les orphelins des personnes fusillées ou
massacrées en France, dans le cadre des persécutions nazies, ne
sont pas éligibles à indemnisation.
La deuxième incertitude touche à la limitation du champ
d'application de la mesure aux seuls déportés politiques pour
motifs raciaux. Les déportés politiques pour d'autres motifs et
les déportés résistants en sont exclus.
La dernière incertitude tient à l'imbrication entre cette mesure
de réparation et les autres formes d'indemnisation qui avaient pu
intervenir antérieurement.
Dès lors, par souci d'équité, il importe manifestement
d'étudier les conditions d'extension de cette mesure, visiblement prise
dans la précipitation, afin d'assurer un traitement équitable de
tous les orphelins des victimes du nazisme.
Mais le Gouvernement se montre sur ce point tout particulièrement
intransigeant, refusant d'ouvrir tout débat sur ce sujet
incontestablement douloureux.
Ainsi, le 31 mai dernier, lors de l'examen du projet de loi portant diverses
dispositions d'ordre social, éducatif et culturel, le Gouvernement a
repoussé un amendement présenté par notre collègue
Michel Charasse, visant à étendre cette indemnisation, en
invoquant fort opportunément son irrecevabilité financière.
Votre commission considère, pour sa part, que la question de
l'indemnisation des victimes du nazisme est trop importante pour se limiter
à de simples questions de recevabilité financière et
souhaite alors que ce débat soit enfin réouvert sur le fond.
2. Des oublis évidents
a) La situation des veuves d'anciens combattants
De 1997
à aujourd'hui, rien n'a été fait en faveur des veuves
d'anciens combattants -qu'il s'agisse des veuves de grands invalides, des
veuves de guerre ou des veuves d'anciens combattants-, hormis l'aumône de
quelques crédits d'action sociale.
Or, celles-ci sont de plus en plus confrontées à des situations
très difficiles.
Ainsi, alors que 4.500 veuves avaient bénéficié d'une aide
financière de l'ONAC en 1997, elles étaient plus de 8.000 dans ce
cas en 2000.
Dans ce contexte, l'inaction du Gouvernement apparaît fort
préjudiciable.
Le Gouvernement avait pourtant laissé espérer une volonté
de « remettre à plat » le dispositif en faveur des
veuves en 2000.
Cette remise à plat, au terme de la législature, apparaît
pourtant lettre morte.
Certes, une « concertation » a été
esquissée sur cette question. Mais les groupes de travail ne se sont
réunis qu'à une seule reprise en septembre 2000.
Certes, le présent projet de budget comporte enfin une mesure en leur
faveur. Mais l'article 62 du projet de loi de finances ne concerne que les
seules veuves des plus grands invalides. Seules 1.500 veuves seraient ainsi
concernées. Rien n'est prévu pour les veuves de guerre et les
veuves d'anciens combattants, alors que l'on compte pourtant quelque 150.000
veuves pensionnées et environ 1,5 million de veuves non
pensionnées.
La carence de l'action du Gouvernement invite alors, une nouvelle fois,
votre commission à rappeler ses propositions sur cette question à
laquelle elle est tout particulièrement attachée
. Elle
souligne, à ce propos, qu'elle est d'ailleurs à l'origine de la
dernière disposition législative en faveur des veuves, la loi de
finances pour 1996 ayant ramené de 57 à 50 ans la condition
d'âge pour bénéficier du supplément exceptionnel.
S'agissant des
veuves d'anciens combattants
, votre rapporteur ne peut
ici que rappeler ses propositions passées :
« Votre rapporteur estime qu'une piste à explorer serait
sans doute d'examiner le coût de la mise en oeuvre d'une
possibilité de réversion, en tout ou partie, de la retraite du
combattant prévu à l'article L. 255 du code des pensions.
« Votre rapporteur n'ignore pas que le législateur en 1932 a
institué cette retraite « en témoignage de la
reconnaissance nationale » et qu'il a expressément
prévu que celle-ci n'était pas réversible.
« Il reste que pour les veuves d'anciens combattants, dont les
ressources sont les plus modestes, la réversion de cette retraite
fournirait un complément de revenu modeste mais non négligeable
et leur procurerait, en outre, la marque de reconnaissance nationale à
laquelle elles peuvent assez légitimement
prétendre. »
25(
*
)
S'agissant des
veuves pensionnées
, votre rapporteur se bornera
également à réitérer ses propositions qui restent
d'actualité.
Une première solution serait d'assouplir les conditions de
réversion des pensions militaires d'invalidité.
A l'heure actuelle, l'ouverture du droit à pension de veuve est fonction
du taux d'invalidité du mari décédé :
- si ce taux est supérieur ou égal à 85 %, la
réversion est automatique. On suppose, en effet, que le
décès est très largement causé par les
conséquences des infirmités pensionnées ;
- si ce taux est compris entre 60 et 85 %, la réversion est
possible, mais la veuve doit faire la preuve que le décès est
directement imputable à l'invalidité pour laquelle l'ancien
combattant est pensionné pour obtenir une pension au taux normal. Or, la
preuve du lien de causalité entre l'invalidité et le
décès reste souvent difficile à établir. Dès
lors, de nombreuses veuves doivent se contenter d'une pension de
réversion à un taux moindre ;
- les veuves d'anciens combattants dont le taux d'invalidité est
inférieur à 60 % ne peuvent prétendre à
l'attribution d'une pension de réversion.
Votre commission est alors favorable à la baisse de 85 à
60 % de la valeur minimale du taux d'invalidité requis pour que la
veuve puisse bénéficier d'une pension de réversion
à taux normal sans avoir à apporter la charge de la preuve.
Une autre solution consisterait à revaloriser sensiblement les pensions
de réversion.
Le montant des pensions de réversion reste en effet très faible.
Ainsi, la pension de réversion au taux normal reste inférieure au
minimum vieillesse.
Une revalorisation pourrait alors prendre plusieurs formes :
- une revalorisation de l'indice de la pension de veuve au taux normal
(indice 500) ;
- un assouplissement des conditions d'attribution de la pension de veuve
au taux spécial (indice 667). Pour que la pension de veuve soit
majorée au taux spécial, la veuve doit avoir plus de 50 ans et
déclarer un revenu imposable inférieur à un plafond. On
pourrait donc augmenter ce plafond qui est actuellement de l'ordre de 70.000
francs. A cet égard, votre commission observe que les veuves de
déportés morts en déportation et les veuves de prisonniers
du Viêt-minh morts en captivité bénéficient du taux
spécial sans autre condition.
Ces propositions montrent que des voies raisonnables existent pour une
meilleure prise en charge des veuves, qui ne peut se résumer, comme
semble le penser le Gouvernement, à une seule amélioration de la
situation des veuves des grands invalides et à une logique
d'assistanat.
b) La décristallisation
Lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1999, le Gouvernement, par la voix du secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants, avait annoncé son souci d'engager un débat sur la décristallisation, reconnaissant notamment les retards en matière de pouvoir d'achat accumulés dans les pays du Maghreb et les conséquences souvent dramatiques liées à la forclusion des droits nouveaux.
La cristallisation
Au cours
des deux guerres mondiales, plus de 1,4 million de soldats venus
d'Afrique, du Maghreb, d'Indochine ou d'autres colonies, sont courageusement
venus combattre sur le territoire national pour participer à la
défense de la République.
Depuis 1959 pour l'Indochine et depuis 1960 pour les autres Etats anciennement
placés sous souveraineté française, les pensions
militaires d'invalidité et les retraites du combattant versées
à ceux qui ont combattu pour le drapeau français sont
« cristallisées » à la valeur atteinte lors
de l'accession à l'indépendance de ces Etats.
Certes, c'est à l'honneur de la France d'avoir maintenu les pensions
même en les cristallisant. D'autres pays, comme la Grande-Bretagne, ont
choisi de les supprimer pour les ressortissants de leurs anciennes colonies.
Au 31 décembre 2000, 29.735 personnes bénéficiaient d'une
pension « cristallisée » et 48.660 d'une retraite du
combattant « cristallisée ».
Les conséquences d'une telle cristallisation sont aujourd'hui de deux
ordres.
D'abord, la valeur actuelle du point d'indice est très disparate selon
les pays. Cela tient aux différentes dates d'accession à
l'indépendance, mais aussi aux revalorisations ponctuelles intervenues
depuis lors de manière distincte selon les pays. Ainsi, alors que la
valeur du point est actuellement de 81,46 francs en métropole, elle
atteint 45,05 francs à Djibouti, 27,97 francs au
Sénégal, mais seulement 9,02 francs en Algérie,
7,77 francs au Maroc et en Tunisie et 3,14 francs dans l'ex-Indochine.
Ensuite, une forclusion pèse
de facto
sur les nouvelles demandes,
qu'il s'agisse d'obtenir l'attribution d'une pension, de demander une
réversion de la pension d'invalidité ou de reconnaître
l'aggravation d'une invalidité.
Il reste certes possible de prévoir, par voie réglementaire, des
revalorisations et des levées de forclusion. Celles-ci restent cependant
très rares, la dernière remontant à 1995.
Cet engagement n'a pourtant pas été tenu, les mesures prises
depuis lors tenant se résumant avant tout à de simples effets
d'annonces destinés à retarder d'autant les actions
concrètes.
Ainsi, l'article 109 de la loi de finances pour 2001, qui lève la
forclusion pesant sur l'attribution de la retraite du combattant, se contentait
de mettre en conformité la pratique gouvernementale avec le droit, le
Conseil d'Etat ayant précisé, le 26 novembre 1999, que la
cristallisation ne s'opposait pas à l'ouverture de droits nouveaux,
notamment pour l'attribution de la retraite du combattant.
De même, l'article 110 de la loi de finances pour 2001, n'a en
définitive eu pour conséquence que de faire gagner quelques mois
précieux au Gouvernement avant de prendre les mesures
nécessaires. Cet article instituait
« une commission
d'étude de la revalorisation des pensions chargée de proposer des
mesures d'ordre législatif ou réglementaire permettant la
revalorisation des rentes, des retraites et des pensions des anciens
combattants de l'outre-mer »
, ces propositions devant être
présentées six mois après son installation. Mais cette
commission ne s'est réunie pour la première fois que le
23 octobre 2001 retardant d'autant toute proposition d'évolution.
Enfin, la majoration des crédits intervenue à l'Assemblée
nationale
« afin de financer l'ouverture des droits à
pension (...) pour les ayants cause des anciens combattants des anciennes
colonies »
reste aujourd'hui sans la moindre conséquence
juridique.
Votre commission avait, pour sa part, cherché à être plus
constructive.
Elle avait ainsi proposé, lors de l'examen du projet de loi de finances
pour 2000, un amendement visant à :
- lever toute forclusion pesant sur les demandes nouvelles ;
- revaloriser les pensions d'invalidité et les retraites du
combattant de 20 % dans les pays qui ont accumulé le plus de
retard : Maghreb et Indochine.
Elle considère que cette initiative, à laquelle le Gouvernement
avait opposé l'article 40 de la Constitution, reste aujourd'hui encore
une proposition équitable et raisonnable et constitue toujours une base
de discussion pertinente.
c) Le rapport constant
Le
mécanisme du rapport constant est sensé permettre une
revalorisation du point d'indice des pensions militaires d'invalidité de
manière à leur assurer une évolution similaire à
celle des traitements dans la fonction publique.
Pourtant, et bien que modifié par l'article 123 de la loi de finances
pour 1990
26(
*
)
, ce mécanisme reste
contesté, notamment par les associations d'anciens combattants qui lui
reprochent sa complexité, son opacité et son manque de dynamisme.
Le Gouvernement, qui s'était engagé à
« établir une plus grande lisibilité des
mécanismes du rapport constant »
27(
*
)
, n'a pourtant pas su mener à bien sa
nécessaire réforme.
Une première tentative en 1999 s'est soldée par un échec.
Le 23 octobre 2001, M. Jacques Floch a annoncé, devant la commission
chargée d'émettre un avis sur la modification de la valeur du
point de pension militaire d'invalidité, son intention de choisir une
nouvelle base de calcul et un nouvel indice d'évolution. Mais cette
initiative reste aujourd'hui sans lendemain.
d) Les incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes
On
estime qu'environ 45.000 personnes -le plus souvent des très jeunes
filles et des très jeunes garçons- ont été
incorporés de force, à partir de 1941 en Alsace-Moselle, dans les
formations paramilitaires allemandes du Reicharbeitsdienst (RAD) et du
Krieghilfsdienst (KHD). C'est à leur profit qu'a été
créé, par l'arrêté ministériel du 2 mai 1984,
le certificat d'incorporé de force dans les formations paramilitaires
allemandes qui a été attribué à
5.390 personnes.
Pour autant, l'indemnisation de ces victimes de l'annexion de fait reste encore
en suspens.
Alors que les incorporés de force dans l'armée allemande ont
bénéficié d'une indemnisation accordée par la
fondation « Entente franco-allemande », les
incorporés de force dans les formations paramilitaires attendent
toujours une indemnisation.
Une solution raisonnable apparaît aujourd'hui à portée
de main. Mais, depuis 1998, le Gouvernement s'est toujours refusé
à faire le geste budgétaire qui permettrait de clore enfin ce
dossier.
Le comité directeur de la fondation « Entente
franco-allemande » a en effet accepté, le 25 juin 1998,
d'élargir le bénéfice de l'indemnisation des
incorporés de force dans l'armée allemande (d'un montant de
9.100 francs) aux anciens du RAD ou du KHD.
Mais cet accord subordonne l'indemnisation à une participation de
l'Etat, ce que le Gouvernement a toujours refusé depuis lors, au motif
que
« le Gouvernement ne s'estime pas tenu par cet engagement,
l'accord du 31 mai 1981 n'ayant pas prévu une contribution de la
France à une indemnisation qui relève de la responsabilité
allemande. »
28(
*
)
A l'heure actuelle, ce sont près de 10.000 personnes qui sont les otages
des tergiversations du Gouvernement.
Votre commission regrette alors que le Gouvernement n'ait pas jugé bon
d'inscrire, dans les budgets qui se sont succédé depuis 1999, les
crédits nécessaires
29(
*
)
au
règlement définitif de ce dossier.
3. Des politiques parfois déficientes
Depuis
1997, le Gouvernement a fait de la mémoire l'une de ses priorités.
Force est pourtant de constater que la mise en oeuvre de la politique de la
mémoire n'est pas toujours suffisamment bien maîtrisée.
Dès lors, faute de pilotage clair et de coordination effective, la
politique de la mémoire ne peut aujourd'hui que transmettre un message
brouillé.
a) Des responsabilités éclatées
A
l'heure actuelle, il reste difficile de déterminer qui conduit et met en
oeuvre la politique de mémoire.
Il est vrai que la coordination entre les différents organismes de
pilotage de la politique de la mémoire reste imparfaite.
Le
Haut conseil de la mémoire combattante
, créé par
le décret du 9 janvier 1997 et placé auprès du
Président de la République, est chargé
« d'éclairer le chef de l'Etat sur toutes les questions
relatives au devoir de reconnaissance par la Nation de la sauvegarde de la
mémoire des guerres ou des conflits contemporains et de la
préservation des valeurs du monde combattant »
.
A ce titre, il a pour mission :
- de susciter et favoriser toute mesure utile au renforcement de la
mémoire ;
- de formuler des propositions relatives à la définition du
programme des cérémonies commémoratives ;
- de veiller en toutes circonstances au respect des fondements moraux des
valeurs combattantes.
De son côté, la
Direction de la mémoire, du patrimoine
et des archives
(DMPA) du ministère de la Défense est
compétente dans huit domaines d'intervention :
- les commémorations,
- l'action pédagogique,
- l'information historique,
- l'édition et la production de films,
- les musées,
- les sépultures, monuments commémoratifs et lieux de
mémoire,
- la valorisation du patrimoine et le tourisme de mémoire,
- la gestion des archives.
Parallèlement,
l'ONAC
est également chargé
« d'assurer la gestion des actions de mémoire combattante
au profit de l'ensemble de la communauté nationale ».
Mais, au-delà de ces organismes, les
associations
et les
collectivités locales
mènent également des actions
de mémoire, qui ne s'inscrivent pas forcément dans la
continuité des actions définies au niveau national.
b) Une mise en oeuvre défaillante
Dans
ce paysage éclaté, il devient alors difficile de percevoir les
lignes directrices de la politique de la mémoire qui tend à se
résumer à la juxtaposition d'initiatives d'origines diverses et
rarement coordonnées.
Cet éclatement aboutit en définitive à fragiliser
considérablement la mise en oeuvre de la politique de mémoire qui
ne transmet plus qu'un message brouillé.
Ainsi, la reconnaissance législative de la guerre en Algérie, qui
visait notamment à rétablir à sa juste place la
troisième génération du feu dans notre mémoire
collective, a été assombrie par la résurgence du
débat, souvent inutilement polémique, sur la torture durant la
guerre d'Algérie.
Plus récemment, la journée nationale d'hommage aux harkis en
septembre dernier, a été presqu'immédiatement suivie par
des initiatives locales, pas toujours opportunes, sur les
événements parisiens du 17 mars 1961.
De la même manière, et pour un conflit aussi lointain que la
première guerre mondiale, la politique de la mémoire peine
à véhiculer une vision cohérente.
On aurait pu imaginer que l'évocation du premier conflit mondial
tendrait avant tout à
« constater qu'est toujours vivant le
souvenir de la Nation toute entière rassemblée dans
l'épreuve »
30(
*
)
.
Mais il a
aussi été l'occasion, quelque peu maladroite, pour certaines des
plus hautes autorités de l'Etat, d'insister sur le sort des
« fusillés pour l'exemple » ou, plus
récemment, d'alimenter de stériles polémiques dans les
messages transmis aux maires pour être lus le 11 novembre devant les
monuments aux morts.
Au total, ces exemples soulignent les limites des conditions actuelles de mise
en oeuvre de la politique de la mémoire, qui reste aujourd'hui
incohérente et peu lisible, compte tenu de l'absence de coordination
dans sa définition.
*
* *
Constatant que le projet de budget pour 2002 s'inscrivait
dans la
continuité des budgets présentés pendant la
présente législature et ne permettait pas d'apporter des
réponses adaptées aux principales préoccupations des
anciens combattants, votre commission a émis un avis défavorable
à l'adoption des crédits des anciens combattants.
Elle a en revanche émis un avis favorable à l'adoption des
articles 61, 62, 63, 64 et 64
bis
(nouveau) du projet de loi de finances
pour 2002 rattachés à ce budget.
Elle a enfin adopté trois amendements tendant chacun à
insérer un article additionnel après l'article 64
bis
.
EXAMEN DES ARTICLES RATTACHÉS
Art. 61
Augmentation du plafond majorable de la rente mutualiste du
combattant
Le
présent article vise à poursuivre le mouvement de revalorisation
du plafond majorable de la retraite mutualiste.
Les membres des sociétés mutualistes ayant la qualité
d'anciens combattants peuvent se constituer une rente mutualiste en
bénéficiant, en plus de la majoration légale
attachée à toute rente viagère, d'une majoration
spéciale de l'Etat égale, en règle générale,
à 25 % du montant de la rente résultant des versements personnels
de l'intéressé et qui est croissante avec l'âge.
Au 31 décembre 2000, le nombre de bénéficiaires de la
rente mutualiste est estimé à environ 360.000 pour une rente d'un
montant moyen de 5.700 francs.
Le total formé par la rente et la majoration spéciale de l'Etat
est limité à un plafond fixé en valeur absolue, dit
« plafond majorable », qui est visé par le
présent article.
L'article 107 de la loi de finances pour 1998 avait modifié les
modalités de revalorisation de ce plafond majorable en l'indexant sur
l'indice 95 de la pension militaire d'invalidité. Ce nouveau mode
d'indexation permet alors de faire évoluer le montant du plafond
majorable en application du rapport constant.
L'article 122 de la loi de finances pour 1999 a porté l'indice de
référence du plafond majorable de 95 à 100 points, puis
l'article 121 de la loi de finances pour 2000 l'a porté à 105
points et l'article 107 de la loi de finances pour 2001 à 110 points.
Le présent article vise à porter cet indice de
référence à 115 points.
Votre commission est tout à fait favorable à cette revalorisation
progressive, mais considère qu'il importe d'atteindre le seuil des 130
points dans les meilleurs délais.
Sous réserve de ces observations, elle a émis un avis
favorable à l'adoption de cet article.
Art. 62
(art. L. 52-2 du code des pensions militaires
d'invalidité
et des victimes de la guerre)
Augmentation de la
majoration des veuves de grands
invalides
Cet
article, qui modifie l'article L. 52-2 du code des pensions, vise à
augmenter la majoration spéciale accordée à certaines
veuves de grands invalides de guerre.
Les veuves des grands invalides, dont l'invalidité est au moins
égale à 85 %, ont droit à une pension de veuve, au
décès de leur mari, en application de l'article 43 du code des
pensions.
Cette pension peut faire l'objet d'une majoration spéciale si la veuve a
plus de 60 ans et si elle justifie d'une durée de mariage et de soins
donnés de manière constante pendant au moins quinze ans, en
application de l'article L. 52-2.
Cette majoration est actuellement égale à :
- 230 points d'indice (soit 19.078 francs) pour les veuves dont le mari
était aveugle, paraplégique ou bi-amputé ;
- 140 points d'indice (soit 11.613 francs) pour les autres veuves.
Le présent article tend à revaloriser de 120 points (soit de
9.954 francs) chacune de ces deux majorations spéciales.
Votre commission se félicite de cette disposition qui permettra
d'améliorer la situation souvent très précaire des veuves
des grands invalides, qui n'ont pu exercer d'activité professionnelle
pour les assister en permanence. Il s'agit donc là d'une légitime
marque de reconnaissance de la Nation à leur égard.
Votre commission observe cependant que cette mesure n'aura qu'une portée
limitée : en 1999, on ne comptait en effet que 1.421 veuves
relevant du champ d'application du présent article.
Elle regrette en outre que la « remise à plat » du
dispositif en faveur des veuves annoncé par le Gouvernement se
résume à cette seule mesure, rien n'étant prévu
pour les veuves de guerre ou les veuves d'anciens combattants.
Sous réserve de ces observations, votre commission a émis un
avis favorable à l'adoption de cet article.
Art. 63
(art. L. 256 du code des pensions militaires
d'invalidité
et des victimes de la guerre)
Attribution de la
retraite du combattant, dès l'âge de 60 ans,
aux
bénéficiaires d'une pension militaire
d'invalidité
Actuellement, en application de l'article L. 255 du code des
pensions, la retraite du combattant est versée à 65 ans aux
titulaires de la carte du combattant
« en témoignage de la
reconnaissance nationale ».
Il existe toutefois des dérogations à cette condition
d'âge. Peuvent ainsi bénéficier de la retraite du
combattant dès 60 ans :
- les anciens combattants résidant dans les départements et
territoires d'outre-mer ;
- les anciens combattants titulaires de l'allocation supplémentaire
du fonds de solidarité vieillesse ;
- les anciens combattants percevant une pension d'invalidité d'au
moins 50 % et une allocation d'ordre social.
Le présent article, qui modifie l'article L. 256 du code des pensions,
introduit une nouvelle dérogation.
Peuvent ainsi bénéficier de la retraite du combattant dès
60 ans, les titulaires d'une pension militaire d'invalidité,
c'est-à-dire ceux dont l'invalidité est au moins égale
à 10 %.
Votre commission, tout en regrettant la faible portée de
l'assouplissement apporté, a émis un avis favorable à
l'adoption de cet article.
Art. 64
(art. L. 114 bis du code des pensions militaires
d'invalidité
et des victimes de la guerre)
Rétablissement
de l'unicité de la valeur du point de la pension
militaire
Le
présent article vise à supprimer l'article L. 114
bis
du
code des pensions.
L'article 120 de la loi de finances pour 1991, qui avait introduit cet article
L. 114
bis
, avait institué un « gel » des
plus hautes pensions militaires d'invalidité en excluant du champ
d'application des revalorisations au titre du rapport constant les pensions
dépassant un indice correspondant à la somme annuelle de 360.000
francs.
Touchant des grands invalides gravement handicapés et nécessitant
souvent les soins continus de tierces personnes, cette disposition a
concerné près de 1.500 pensionnés entre 1991 et 1994.
L'article 78 de la loi de finances pour 1995 a supprimé la mesure de
« gel » à compter du 1
er
janvier 1995,
mais elle n'a pas procédé à la remise à niveau du
point de pension des invalides concernés, l'écart moyen né
du « gel » ayant pourtant atteint 7 % du montant des
pensions en question.
Ainsi, à l'heure actuelle, 1.258 pensions restent soumises aux
dispositions de l'article L. 114
bis
.
L'article 123 de la loi de finances pour 2000, puis l'article 106 de la loi de
finances pour 2001, avaient permis d'engager une revalorisation progressive (de
1,5 %, puis 3 %) de ces pensions.
Le présent article achève donc ce processus en permettant de
rétablir l'unicité de la valeur du point de pension par la
suppression de l'article L. 114
bis
.
Votre commission a émis un avis favorable à l'adoption de cet
article.
Art. 64 bis (nouveau)
Rapport sur les psychotraumatismes de
guerre
Cet
article a été introduit en première lecture à
l'Assemblée nationale à l'initiative de MM. Maxime Gremetz, Alain
Néri, Bernard Schreiner et Georges Colombier.
Il prévoit que le Gouvernement remettra au Parlement, avant le
1
er
septembre 2002, un rapport sur les victimes de
psychotraumatismes de guerre et précise le contenu de ce rapport :
évolution détaillée du coût de la mise en place des
centres de soins de proximité adaptés et évaluation des
coûts de formation des personnels compétents.
Votre commission observe que plusieurs travaux ont été
menés ces dernières années sur les psychotraumatismes de
guerre.
Ainsi, en 1983, était instituée une commission médicale
afin d'étudier l'existence d'une pathologie propre aux anciens
combattants d'Afrique du Nord.
En 1989, une nouvelle commission médicale était
créée pour étudier les troubles psychiques de guerre.
En 1999, un nouveau groupe de travail était mis en place pour
étudier les conditions d'une meilleure prise en charge des victimes des
psychotraumatismes de guerre.
En 2001, un nouveau groupe de travail devait se constituer pour examiner la
création d'un réseau départementalisé de
dépistage et de soins pour les anciens combattants.
Votre commission constate également que, jusqu'à présent,
les rapports de ces commissions et groupes de travail ont
débouché sur des améliorations de notre
réglementation permettant une meilleure prise en charge des
psychotraumatismes de guerre.
Elle a émis un avis favorable à l'adoption de cet article.
Article additionnel après l'article 64 bis
Partage de la
réversion des pensions militaires
d'invalidité
Le
présent article additionnel, qui reprend l'article unique d'une
récente proposition de loi présentée par M. Nicolas About,
vise à modifier les conditions actuelles de réversion des
pensions militaires d'invalidité.
Le code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la
guerre ne prend en effet en considération que très imparfaitement
la situation des conjoints divorcés des invalides de guerre.
Ainsi, la veuve divorcée et non remariée d'un invalide de guerre
ne peut bénéficier de la réversion de la pension de son
ex-époux, à son décès, si celui-ci s'est
remarié. Dans ce cas, seule la seconde épouse est en droit de
demander la réversion de la pension, quand bien même la
première épouse aurait assisté le défunt pendant de
très longues années.
Ce régime apparaît désormais très restrictif.
Le législateur a, en effet, institué, par la loi
n° 78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures
d'amélioration des relations entre l'administration et le public et
diverses dispositions d'ordre administratif, social et fiscal, un régime
de partage de la pension de réversion entre les conjoints survivants en
matière de pensions de retraite. Ainsi, le code de la
sécurité sociale et le code des pensions civiles et militaires de
retraite assimilent la veuve divorcée et non remariée à un
conjoint survivant en cas de décès du pensionné
s'étant lui remarié. Dès lors, la pension de
réversion est partagée entre les différents conjoints
survivants au
prorata temporis
de la durée respective de chaque
mariage.
Ce régime de partage de la réversion n'a pourtant pas
été étendu aux pensions militaires d'invalidité.
Les dispositions du code des pensions militaires d'invalidité
apparaissent aujourd'hui d'autant plus défavorables que la situation
matérielle des veuves des invalides de guerre est bien souvent
très précaire. La plupart du temps, celles-ci n'ont pu en effet
exercer une activité professionnelle car elles étaient dans
l'obligation d'assister en permanence leur mari. En cas de divorce, au moment
du décès de leur ex-époux, elles se retrouvent donc
fréquemment sans ressources.
Votre commission vous propose alors d'aménager, par cet article
additionnel, le régime de réversion des pensions militaires
d'invalidité en cas de pluralité de conjoints, survivants ou
divorcés.
Il prévoit que la pension de réversion est partagée entre
les conjoints non remariés au
prorata temporis
de la durée
respective de chaque mariage à compter de la date d'origine de
l'invalidité. Il convient en effet de ne prendre en compte que les
années de mariage à partir de l'invalidité car c'est
celle-ci qui fonde le droit à réparation et justifie en
conséquence l'existence d'une réversion.
Votre commission vous propose d'insérer cet article additionnel par
voie d'amendement.
Article additionnel après l'article 64 bis
Attribution de la
retraite du combattant aux anciens combattants ressortissants des Etats de
l'ex-Indochine
L'article 109 de la loi de finances pour 2001 a levé la
forclusion opposée aux demandes de retraite du combattant
présentées par les anciens combattants ressortissants des
anciennes colonies.
Mais cet article a curieusement oublié l'Indochine, en ne visant pas
l'article 170 de l'ordonnance du 30 décembre 1958 qui a fondé
cette forclusion.
Or, malgré la levée temporaire de la forclusion autorisée
par le précédent Gouvernement dans la loi de finances pour 1996
pour trois ans, il existe encore environ 1.500 anciens combattants de
l'ex-Indochine qui n'ont pu faire valoir leurs droits.
Le Gouvernement en est d'ailleurs conscient puisqu'il envisage de recourir
à une
« mesure de gestion »
31(
*
)
pour régler cette question.
Votre commission observe néanmoins qu'il serait préférable
de procéder à une modification législative, la forclusion
ayant elle-même pour origine une disposition législative.
Le présent article additionnel tend donc à réparer cet
oubli pour permettre aux ressortissants de l'ex-Indochine de
bénéficier également de la retraite du combattant, au taux
cristallisé.
Votre commission vous propose d'insérer cet article additionnel par
voie d'amendement.
Article additionnel après l'article 64 bis
Ouverture des droits
à pensions pour les ayants cause des anciens combattants des anciennes
colonies
Lors de
l'examen du budget des anciens combattants, l'Assemblée national, sur
proposition du Gouvernement, a majoré les crédits de
1,5 million d'euros
« afin de financer l'ouverture des droits
à pension relatifs au code des pensions militaires d'invalidité
pour les ayants cause des anciens combattants des anciennes
colonies ».
Pour autant, si le financement existe, la législation n'a pas
été adaptée en conséquence. Elle interdit donc
toujours l'attribution des pensions aux ayants cause.
Le présent article additionnel vise alors à lever cet obstacle
juridique en supprimant les actuelles interdictions législatives.
Le paragraphe I concerne l'Indochine.
Le paragraphe II concerne le droit commun de la décristallisation.
Le paragraphe III concerne l'Algérie.
Votre commission vous propose d'insérer cet article additionnel par
voie d'amendement.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DU MINISTRE
Réunie le jeudi 25 octobre 2001, sous la
présidence de M. Nicolas About, président,
la commission a
procédé à
l'audition de
M
.
Jacques Floch,
secrétaire d'Etat à la défense chargé
des
anciens combattants sur le projet de loi de finances pour
2002 (crédits consacrés aux anciens combattants).
M. Nicolas About, président
, a salué la
présence de M. Marcel-Pierre Cléach, président du groupe
d'études des sénateurs anciens combattants, dont les membres sont
traditionnellement conviés à l'audition, par la commission, du
secrétaire d'Etat aux anciens combattants.
Indiquant que le projet de budget des anciens combattants s'élevait
à 3,6 milliards d'euros pour 2002 et constituait toujours le
onzième budget de l'Etat,
M. Jacques Floch, secrétaire
d'Etat à la défense chargé des anciens combattants,
a
précisé que le périmètre du budget allait
évoluer en 2002 du fait de l'intégration de la valorisation des
rentes mutualistes. Il a néanmoins observé qu'à structure
constante, les crédits diminuaient de 1,9 %, cette baisse
étant principalement liée à la diminution du nombre
d'ayants droit pensionnés et aux nombreuses sorties du fonds de
solidarité. Il a toutefois signalé que la diminution des
crédits était plus lente que celle du nombre de pensionnés.
Il a ensuite insisté sur les mesures nouvelles proposées
indiquant qu'elles se montaient à 20 millions d'euros.
Il a ainsi souligné que le Gouvernement présentait des mesures
fortes en faveur du droit à réparation.
A ce titre, il a indiqué que le budget prévoyait la fin du
rattrapage de la valeur du point des plus grands invalides. Il a
également considéré que la hausse de la majoration des
pensions des veuves des grands invalides permettrait d'apporter une
réponse à un vrai problème social, tout en estimant qu'il
serait sans doute nécessaire d'aller au-delà à l'avenir,
en instituant un programme de revalorisation annuelle. Il a enfin
précisé que le projet de loi de finances permettrait de verser la
retraite du combattant à partir de 60 ans pour les titulaires d'une
pension militaire d'invalidité. A cet égard, il a indiqué
qu'il était impossible de généraliser le versement de
cette retraite à 60 ans dans le cadre de ce budget et qu'il n'avait pas
souhaité moduler l'âge ouvrant droit au bénéfice de
la retraite en fonction des revenus pour ne pas transformer la retraite du
combattant en une prestation sociale.
S'agissant du droit à réparation en général, il a
estimé qu'il serait à l'avenir nécessaire de fixer dans la
loi le contenu exact de ce concept, parfois trop flou, afin d'éviter
toute remise en cause éventuelle et de garantir son respect dans la
durée.
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants
, a également
considéré que le projet de budget n'oubliait pas la
reconnaissance et la solidarité. Il a ainsi précisé que le
plafond majorable de la rente mutualiste serait augmenté pour atteindre
115 points d'indice, soulignant par ailleurs l'ampleur de l'effort
consenti depuis 1998, date à laquelle le plafond n'atteignit que
l'indice 95. Il a aussi souligné la consolidation budgétaire des
crédits sociaux de l'Office national des anciens combattants et victimes
de guerre (ONAC), ces crédits relevant précédemment pour
partie de la réserve parlementaire. Il a à cet égard
insisté sur leur importance dans le cadre d'une politique de
proximité et de solidarité qui fait toute la force de l'ONAC.
Il a enfin observé que la politique de la mémoire
bénéficierait d'une majoration substantielle des crédits
de l'ordre de 20 %. Il a précisé que cette majoration
permettrait notamment d'accorder une aide exceptionnelle en capital aux
fondations de la mémoire de la résistance et de la
déportation et une augmentation significative des crédits
d'action pédagogique et de valorisation des lieux de mémoire.
Il a considéré que cette politique ne pouvait en aucun cas se
résumer à une simple repentance mais devait viser en
priorité à entretenir le souvenir des conflits passés,
à faire des anciens combattants les artisans de la paix, à
promouvoir les valeurs de la citoyenneté combattante et à
conforter l'esprit de défense dans notre pays.
Il a par ailleurs indiqué qu'il souhaitait revoir les conditions
d'application du rapport constant, rappelant que celles-ci étaient
critiquées depuis de nombreuses années notamment pour leur
opacité. Il a ainsi exprimé son souhait de choisir une nouvelle
base de calcul et un nouvel indice d'évolution. Il a estimé qu'il
proposerait de retenir l'indice général des salaires dans la
fonction publique calculé par l'Institut national de la statistique et
des études économiques (INSEE), considérant qu'il
présentait le double avantage de suivre au plus près
l'évolution économique de la nation et d'être
calculé mensuellement, ce qui permettrait alors d'éviter la
procédure trop complexe du rattrapage annuel.
M. Jacques Floch
a enfin
souligné les avancées
intervenues depuis cinq ans en faveur des anciens combattants. Il a ainsi
considéré que le Gouvernement avait permis de régler la
plupart des problèmes en suspens souvent depuis de longues années
et précisé que, sur la période, l'effort budgétaire
par pensionné avait augmenté de 12,6 %.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis,
a pour sa part regretté
qu'en dépit de plusieurs mesures positives intervenues pendant la
législature, de nombreuses questions n'aient pu être
résolues. Il a alors estimé qu'une meilleure utilisation des
marges de manoeuvre budgétaires induites par la diminution des
crédits liée aux évolutions démographiques aurait
permis de régler la plupart des difficultés qui demeurent.
Il s'est alors interrogé sur les intentions du Gouvernement en faveur
des veuves de guerre et des veuves d'anciens combattants, constatant que le
budget ne prévoyait de mesures nouvelles qu'en faveur des veuves des
plus grands invalides.
S'agissant des veuves d'anciens combattants
,
M. Jacques Floch,
secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens
combattants
, a indiqué qu'il ne souhaitait pas autoriser la
réversion de la retraite du combattant. Rappelant qu'une telle mesure
était actuellement la seule revendication exprimée par les veuves
d'anciens combattants, il a considéré qu'elle aurait pour
conséquence de transformer la retraite du combattant en une prestation
sociale et de l'exclure alors du champ du droit à réparation. Il
a jugé que, dès lors, la mobilisation des crédits sociaux
de l'ONAC apparaissait comme la seule solution pour améliorer la
situation des veuves en tenant compte de la réalité des
situations individuelles.
S'agissant des veuves de guerre, il a indiqué qu'il souhaitait
étudier en détail les niveaux de revenus de celles-ci avant
d'arrêter une quelconque mesure. Il a souligné que les pensions
des veuves de guerre représentaient déjà un tiers des
pensions versées et que leur montant variait de 23.000 à
73.000 francs par an, montant constituant souvent un complément de
revenu conséquent.
Il a néanmoins reconnu que leur situation restait parfois fragile et
qu'il serait nécessaire d'étudier à l'avenir de nouvelles
mesures en leur faveur. Il a ainsi estimé qu'il faudrait sans doute
revaloriser les pensions de réversion plus rapidement que le coût
de la vie et majorer progressivement le nombre de points dans le cadre d'un
programme pluriannuel.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis des crédits consacrés
aux anciens combattants,
a souligné les conséquences
dommageables de l'arrêté du 25 juillet 2001 qui entraîne une
importante diminution de l'indemnité d'hébergement des
pensionnés invalides de guerre effectuant une cure thermale. Il s'est
alors interrogé sur les conditions d'élaboration de cette
décision et sur une éventuelle remise en cause de cette mesure
à l'occasion de la discussion budgétaire.
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants,
a rappelé
que le
conseil d'Etat, suite à une action en justice engagée par un
ancien combattant à titre individuel, avait jugé que le
dispositif de prise en charge des frais d'hébergement était
dépourvu de base légale et, en conséquence, que les
anciens combattants devaient se voir appliquer le tarif de droit commun de la
sécurité sociale. Il a indiqué qu'il avait alors
engagé des négociations avec le ministère du budget afin
d'assurer un meilleur remboursement et que l'arrêté du 25 juillet
dernier était la conséquence des arbitrages
interministériels. Il a toutefois précisé qu'il
espérait pouvoir dégager des crédits
supplémentaires au cours de la discussion budgétaire afin de
porter ce remboursement forfaitaire aux alentours de 3.500 ou 4.000 francs
contre les 3.000 francs prévus actuellement par
l'arrêté.
Plus généralement, il a estimé que la prise en charge des
cures thermales devait faire partie intégrante du droit à
réparation mais que, dans le cas présent, il avait
été juridiquement impossible de la rattacher à celui-ci.
Il a alors considéré que cet exemple soulignait avec force la
nécessité de mieux définir dans notre législation
le contenu du droit à réparation.
M. Marcel Lesbros
s'est ensuite interrogé sur une
éventuelle revalorisation progressive du montant de la retraite du
combattant.
M. Jacques Floch
a observé que le nombre de
bénéficiaires de la retraite du combattant avait très
fortement augmenté ces dernières années
parallèlement à l'assouplissement des conditions d'attributions
de la carte du combattant et que cela s'était traduit par une forte
augmentation des crédits budgétaires ces dernières
années.
Il a néanmoins estimé que le montant actuel de la retraite
restait faible et qu'il serait nécessaire de trouver à l'avenir
des modalités plus performantes de revalorisation. Il a
considéré qu'il serait sans doute possible de revaloriser la
retraite du combattant dès que le nombre de bénéficiaires
sera stabilisé, c'est-à-dire en 2002 ou 2003.
S'agissant de l'attribution des titres, il a rappelé que le Gouvernement
avait fait un effort considérable depuis quatre ans et qu'il serait sans
doute difficile d'aller plus loin pour la troisième
génération du feu. Il a toutefois estimé qu'il fallait
porter une attention particulière à la situation des 30.000
anciens combattants ayant passé moins de quatre mois en Algérie.
M. Marcel Lesbros
s'est ensuite interrogé sur les perspectives
d'évolution en matière de décristallisation.
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants,
a jugé que la France
s'honorerait en levant cette injustice. Il a reconnu que la mise en place de la
commission prévue par la loi de finances pour 2001 avait
été très tardive mais qu'elle devait rendre prochainement
ses propositions. Il a estimé qu'il serait sans doute nécessaire
de revaloriser les pensions et retraites versées dans le cadre d'un
rapprochement des pouvoirs d'achat. A cet égard, il a jugé que
l'indice de parité des pouvoirs d'achat établi par l'Organisation
des nations unies pourrait servir de référence. Il a
néanmoins précisé que le nombre d'anciens combattants
concernés restait relativement limité : 30.000
pensionnés et 60.000 titulaires de la carte du combattant.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis des crédits consacrés
aux anciens combattants,
s'est interrogé sur la faiblesse des
concours budgétaires de l'Etat à l'entretien des
sépultures des morts pour la France dans les carrés communaux,
remarquant que l'Etat n'accorde depuis 1980 que 8 francs par tombe et par
an pour un coût annuel d'entretien de 38 francs.
M. Marcel-Pierre Cléach
s'est, pour sa part, interrogé sur
les conditions d'entretien des tombes des morts pour la France situées
à l'étranger et sur le financement budgétaire y
afférant.
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants
, a reconnu que la contribution
budgétaire de l'Etat par tombe était effectivement faible. Il a
toutefois précisé que 3,5 millions d'euros de crédits
seraient disponibles en 2002 pour l'entretien des tombes et que le chapitre
31-90 du budget de la défense comportait des crédits
nécessaires au recrutement du personnel d'entretien des
cimetières militaires français à l'étranger. Il a
également indiqué qu'il allait étudier
l'opportunité de la mise en place d'un service chargé de
contrôler l'entretien des nécropoles, voire d'équipes
régionales directement chargées de l'entretien.
M. Marcel-Pierre Cléach
a demandé au ministre de
communiquer le nombre de personnes ayant bénéficié de la
mesure instituée à l'article 109 de la loi de finances pour 2001
qui autorise les anciens combattants d'outre-mer à toucher la retraite
du combattant à taux cristallisé et d'indiquer si cette mesure
était applicable en Indochine.
M. Jacques Floch,
après avoir confirmé que la mesure
était applicable en Indochine, a précisé qu'environ
600 personnes en avaient jusqu'à présent
bénéficié.
M. Marcel-Pierre Cléach
a souhaité savoir si les anciens
combattants d'Algérie et d'Indochine ayant séjourné sur
les théâtres d'opérations peu après la signature des
cessez le feu et bénéficiant à ce titre du titre de
reconnaissance de la nation pouvaient accéder au fonds de
solidarité.
M. Jacques Floch
a indiqué que les conditions d'accès de
ces personnes au fonds de solidarité pouvaient varier selon les
départements mais que les textes actuels régissant le fonds de
solidarité ne leur permettaient théoriquement pas d'en
bénéficier. Il a alors souhaité un règlement rapide
de ces difficultés considérant qu'elles ne concernent que
quelques centaines de personnes pour des sommes minimes.
M. Marcel-Pierre Cléach
s'est inquiété d'un risque
éventuel de fiscalisation de la rente mutualiste du combattant indiquant
que certains services fiscaux l'avaient intégrée pour le calcul
de l'impôt sur le revenu.
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants,
a indiqué que des
instructions avaient été notifiées aux services fiscaux
afin de rappeler l'absence de fiscalisation de la rente mutualiste mais qu'il
importait de rester vigilant pour l'avenir.
M. Marcel-Pierre Cléach
,
rappelant que le ministre avait
cosigné une proposition de loi tendant à faire du 19 mars une
journée de recueillement et de mémoire en souvenir des victimes
de la guerre d'Algérie mais que cette question divisait
profondément le monde combattant, s'est interrogé sur sa position
actuelle sur ce sujet.
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants
, a estimé que le temps
était venu de discuter le plus sereinement possible d'une date pour
honorer les victimes de la guerre d'Algérie. Il a indiqué qu'il
allait proposer au Premier ministre d'inscrire, d'ici à la fin de la
session parlementaire, ladite proposition de loi à l'ordre du jour de
l'Assemblée nationale. Il a toutefois considéré qu'une
telle proposition nécessitait un très large consensus au sein de
la représentation nationale et ne devait pas diviser le monde
combattant. Pour ces raisons, il a précisé que le texte ne serait
soumis au Sénat que s'il était adopté par une très
large majorité des députés.
M. Gilbert Chabroux
, après avoir observé que le projet de
budget permettait de poursuivre et d'approfondir les nombreuses avancées
réalisées depuis 1998 et avoir souhaité que la commission
y donne un avis favorable, a désiré que l'inauguration du
monument en faveur des victimes de la guerre d'Algérie soit l'occasion
d'engager enfin un débat serein autour de ce conflit. Il s'est
également interrogé sur l'indemnisation des incorporés de
force dans les formations paramilitaires allemandes.
M. Jean-Louis Lorrain
s'est, à son tour, interrogé sur
l'indemnisation des incorporés de force dans les formations
paramilitaires allemandes.
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants,
a indiqué que le
mémorial de la guerre d'Algérie devrait être
inauguré au courant du dernier trimestre 2002 tout comme le monument du
Mont Valérien. Il a précisé que les travaux allaient
débuter très prochainement, l'appel d'offre devant être
lancé dans les jours à venir.
S'agissant des incorporés de force, il a exprimé le souhait que
la fondation « Entente franco-allemande » procède
à l'indemnisation, observant qu'elle disposait des moyens financiers
nécessaires. Il a ajouté que l'Etat était prêt
à apporter une aide administrative à la fondation pour
l'instruction des dossiers et pour le versement des indemnités.
M. Nicolas About, président,
a souhaité attirer
l'attention du ministre sur la situation des veuves divorcées non
remariées des grands invalides de guerre. Il a ainsi observé que
celles-ci ne pouvaient bénéficier de la réversion de la
pension militaire d'invalidité de leur mari à son
décès si celui-ci s'est entre-temps remarié. Il a
estimé que la législation actuelle laissait alors ces conjoints
survivants dans des situations matérielles souvent très
précaires. Il a alors indiqué qu'il venait de déposer une
proposition de loi afin d'autoriser le partage de la pension de
réversion entre les différents conjoints survivants au prorata
temporis de la durée de chaque mariage mais seulement à partir de
la date d'origine de l'invalidité.
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants
, a jugé cette proposition
intéressante car elle permettait de corriger une injustice tout en
prenant en compte la spécificité des pensions
d'invalidité. Il a ainsi jugé souhaitable de mieux prendre en
considération les conséquences du divorce dans le code des
pensions militaires d'invalidité. Il s'est toutefois interrogé
sur les conditions d'intégration de cette disposition dans un texte et
de son examen par le Parlement.
II. EXAMEN DE L'AVIS
Au
cours d'une première réunion tenue le mardi 30 octobre 2001, sous
la présidence de
M. Nicolas About, président,
la
commission a procédé à
l'examen du rapport pour
avis
de
M. Marcel Lesbros
sur le projet de loi de finances pour 2002
(crédits consacrés aux
anciens combattants
).
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis,
a présenté les
grandes lignes de son rapport pour avis (cf. exposé
général du présent avis).
M. Louis Souvet
a, à son tour, considéré que le
bilan du Gouvernement en faveur des anciens combattants était
très mitigé. S'il s'est réjoui de la meilleure
reconnaissance de la troisième génération du feu, il a
regretté la diminution des moyens budgétaires tout en
reconnaissant que cette tendance à la diminution était
déjà ancienne. Il a enfin jugé nécessaire
d'insister lors de la discussion budgétaire, sur la situation des
incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes, qui
ne bénéficient toujours d'aucune indemnisation, et sur la
fixation d'une date de commémoration des victimes de la guerre
d'Algérie, tout en observant qu'actuellement aucune date ne faisait
l'objet d'un consensus.
M. Gilbert Chabroux
s'est étonné de la présentation
très défavorable du budget par le rapporteur. Il a estimé
que les échéances électorales à venir devaient
contribuer à expliquer cette présentation qu'il a jugée
très injuste. Il a alors insisté sur les nombreuses
évolutions très positives prévues par le présent
budget mais aussi sur l'ensemble des mesures prises par le Gouvernement depuis
1997 en faveur des anciens combattants. Il a ainsi estimé qu'une
très grande partie du contentieux avait été
réglée. Observant que le secrétaire d'Etat
annonçait une augmentation de la dotation budgétaire moyenne par
« ressortissant potentiel » de l'ordre de 9 % depuis
1997, il s'est interrogé sur les analyses divergentes du rapporteur.
Mme Gisèle Printz
s'est inquiétée de l'absence
d'indemnisation des incorporés de force dans les formations
paramilitaires allemandes, indiquant que ces incorporés de force
étaient le plus souvent des femmes.
M. Marcel Lesbros
,
rapporteur pour avis,
a indiqué qu'il
avait souhaité dresser un bilan objectif de l'action du Gouvernement. Il
a estimé que les nombreuses mesures positives prises par le Gouvernement
depuis 1997 ne devaient cependant pas masquer les carences de son action, qu'il
s'agisse par exemple de la décristallisation, de la situation des veuves
ou de celle des incorporés de force.
Il a indiqué que la divergence entre les calculs du Gouvernement et les
siens tenait au champ de la population prise en compte. A cet égard, il
a regretté que le Gouvernement n'évalue son effort
budgétaire qu'au regard des seuls pensionnés, alors que ceux-ci
ne représentent qu'un peu plus de 10 % du nombre de ressortissants
de l'ONAC. C'est pourquoi il a estimé plus significatif de comparer
l'évolution des crédits à celle du nombre de
ressortissants de l'ONAC, ce qui l'avait amené à conclure
à une diminution de la dotation budgétaire par ressortissant sur
la période.
Il a précisé que le projet de budget n'apportait en l'état
aucune avancée en faveur de l'indemnisation des incorporés de
force dans les formations paramilitaires allemandes. Il a néanmoins
jugé souhaitable que cette question soit réglée rapidement.
M. Alain Gournac
a déclaré partager le point de vue du
rapporteur sur le bilan très mitigé du Gouvernement en faveur des
anciens combattants. Il a également souligné les graves
conséquences de la fermeture des maisons de retraite de l'ONAC, citant
en exemple la fermeture de celle située dans les Yvelines. Il a enfin
fait part de ses réticences sur la date du 19 mars, observant qu'il
y avait eu de nombreuses victimes après le 19 mars 1962 et qu'il
était, en conséquence, difficile de retenir cette date pour la
commémoration des victimes.
M. André Vantomme
est à son tour revenu sur la question
des maisons de retraite de l'ONAC. Il a ainsi jugé que le vieillissement
de la population des anciens combattants et le risque d'une
« ghettoïsation » de ceux-ci pouvaient justifier la
fermeture de certaines maisons de retraite.
M. Marcel Lesbros
,
rapporteur pour avis,
a indiqué
qu'entre 1999 et 2000, cinq des quinze maisons de retraite de l'ONAC avaient
été fermées, ce qui s'était souvent traduit par de
réelles difficultés pour leurs pensionnaires. Il a toutefois
observé que les personnes âgées privilégiaient de
plus en plus les maisons de retraite de proximité, ce qui n'était
pas sans incidence sur l'implantation et l'avenir des maisons de retraite de
l'ONAC.
M. Nicolas About, président
, a regretté l'absence de
mesures en faveur de la décristallisation. Il a considéré
que la France s'honorerait en faisant un geste fort en faveur de ses anciens
combattants d'outre-mer.
A l'issue de ce débat, la commission a décidé
d'émettre un avis défavorable à l'adoption des
crédits des anciens combattants pour 2002 et d'émettre un avis
favorable à l'adoption des articles 61, 62, 63 et 64 rattachés au
budget des anciens combattants.
*
* *
Au
cours d'une seconde réunion tenue le
mardi 27 novembre 2001,
sous
la
présidence de M. Nicolas About, président,
la
commission a procédé à
un nouvel examen du
présent rapport pour avis,
suite aux modifications apportées
en première lecture par l'Assemblée nationale.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis
, a rappelé que la
commission avait examiné, le 30 octobre dernier, le projet de
budget des anciens combattants pour 2002 et que celle-ci avait alors
donné un avis défavorable à son adoption.
Après avoir indiqué que son examen en première lecture
à l'Assemblée nationale s'était traduit à la fois
par une légère majoration des crédits et par l'adoption
d'un article additionnel rattaché à ce budget, il a
considéré qu'il importait de l'examiner à nouveau, non
seulement pour donner un avis sur le nouvel article rattaché, mais aussi
pour juger si les modifications intervenues étaient de nature à
remettre en cause l'avis adopté par la commission le 30 octobre
dernier.
Il a indiqué que la première modification résidait dans
une majoration des crédits à hauteur de 3 millions
d'euros : 1,5 million en faveur des crédits sociaux de
l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC) et
1,5 million afin de permettre la réversion des pensions militaires
d'invalidité aux ayants cause dans les pays où ces pensions sont
aujourd'hui cristallisées.
Il a jugé que ces majorations allaient, certes, dans le bon sens mais ne
devaient pas être surestimées puisqu'elles ne
représentaient que 0,08 % des crédits initiaux.
Il a alors estimé qu'elles n'étaient pas suffisantes pour
justifier une modification de l'avis de la commission sur les crédits
des anciens combattants pour 2002.
Abordant
l'article 64 bis nouveau
(rapport sur les
psychotraumatismes de guerre),
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour
avis
, a estimé que cette disposition permettrait de mieux
connaître les psychotraumatismes de guerre et d'explorer les
modalités pratiques d'une meilleure prise en charge, même si la
nécessité d'une disposition législative pour demander un
rapport ne lui apparaissait pas forcément évidente.
Il a enfin souhaité profiter de la réouverture de l'examen du
budget des anciens combattants pour présenter trois amendements portant
articles additionnels.
Le premier, issu d'une proposition de loi déposée par M. Nicolas
About, président, autorise le partage de la réversion de la
pension militaire d'invalidité entre les conjoints survivants.
Le deuxième vise à lever une difficulté d'application
née de l'article 109 de la loi de finances pour 2001, la
levée de la forclusion pesant sur l'attribution de la retraite du
combattant dans les anciennes colonies ayant oublié les Etats de
l'ex-Indochine.
Le troisième tend également à lever un obstacle d'ordre
juridique, le Gouvernement ayant inscrit les crédits budgétaires
pour la réversion des pensions dans les anciennes colonies, mais n'ayant
curieusement pas prévu de modification législative autorisant une
telle réversion.
M. Nicolas About, président
, a indiqué que la
possibilité de partage de la réversion de la pension militaire
d'invalidité entre les conjoints survivants était une mesure
d'équité et permettrait d'aligner le régime de ces
pensions sur celui des pensions de réversion de la fonction publique et
de la sécurité sociale.
M. Guy Fischer
a estimé que les amendements proposés par
le rapporteur pour avis étaient des amendements de « bon
sens », mais a regretté qu'il ne propose pas de prendre en
compte les modifications intervenues à l'Assemblée nationale pour
émettre un avis favorable à l'adoption de ce budget.
M. Claude Domeizel
a également considéré que les
amendements du rapporteur pour avis étaient des propositions
raisonnables. Il s'est toutefois demandé s'il n'était pas
possible de régler les difficultés des anciens combattants
résidant dans les pays de l'ex-Indochine par voie de circulaire. Il a
enfin estimé que le rapporteur pour avis avait reconnu implicitement les
avancées en faveur du monde combattant rendues possibles par le
présent budget.
M. André Vantomme
s'est, à son tour, prononcé en
faveur de l'adoption des amendements présentés par le rapporteur
pour avis et a insisté sur les mesures nouvelles adoptées
à l'Assemblée nationale.
Mme Gisèle Printz
a regretté, pour sa part, que le projet
de budget n'apporte aucune réponse à l'absence d'indemnisation
des personnes incorporées de force dans les formations paramilitaires
allemandes.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis,
a alors
considéré que cette absence d'indemnisation, indemnisation
pourtant demandée depuis plusieurs années par la commission,
constituait, entre autres, l'une des insuffisances de ce budget et a
justifié en conséquence sa proposition d'avis défavorable.
La commission a alors
confirmé son avis défavorable à
l'adoption des crédits relatifs aux anciens combattants.
Elle a
émis un
avis favorable à l'adoption de
l'article 64 bis.
Elle a enfin
adopté les trois
amendements présentés par le rapporteur pour avis portant chacun
création d'un article additionnel après
l'article 64 bis.
AMENDEMENTS ADOPTÉS PAR LA COMMISSION
ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS L'ARTICLE 64 BIS
Après l'article 64
bis
, insérer
un
article additionnel ainsi rédigé :
Il est inséré, après l'article L. 48 du code des pensions
militaires d'invalidité et des victimes de la guerre, un
article L. 48-1 ainsi rédigé :
«
Art. L. 48-1
. - Le conjoint divorcé non
remarié d'un pensionné lui-même remarié a droit
à pension dans les conditions prévues à
l'article L. 43.
« Lorsque, au décès du pensionné, il existe
plusieurs conjoints, divorcés ou survivants, ayant droit à la
pension définie à l'article L. 43, la pension est
partagée entre ces conjoints au prorata de la durée respective de
chaque mariage, à compter de la date d'origine de l'invalidité
indemnisée. Ce partage est opéré lors de la liquidation
des droits du premier d'entre eux qui en fait la demande.
« Au décès de l'un des bénéficiaires, sa
part accroîtra la part de l'autre ou, s'il y a lieu, des autres, sauf
réversion du droit au profit des orphelins dans les conditions
prévues à l'article L. 46. ».
ARTICLE ADDITIONNEL APRES L'ARTICLE 64 BIS
Après l'article 64 bis, insérer un article
additionnel
ainsi rédigé :
Le V de l'article 170 de l'ordonnance n° 58-1374 du
30 décembre 1958 portant loi de finances pour 1959 est ainsi
rédigé :
« V. - Par dérogation aux dispositions qui
précèdent, sont recevables les demandes d'attribution de retraite
du combattant, au tarif tel qu'il est défini au I. »
ARTICLE ADDITIONNEL APRES L'ARTICLE 64 BIS
Après l'article 64 bis, insérer un article
additionnel
ainsi rédigé :
I. - L'article 170 de l'ordonnance n° 58-1374 du 30 décembre 1958
portant loi de finances pour 1959 est complété par un paragraphe
ainsi rédigé :
« VI. - Par dérogation aux dispositions qui
précèdent, sont recevables les demandes d'attribution de pension
militaire d'invalidité d'ayant cause au titre du code des pensions
militaires d'invalidité et des victimes de la guerre. »
II. - L'article 71 de la loi de finances pour 1960 (n° 59-1454 du 26
décembre 1959) est complété par un alinéa ainsi
rédigé :
« Par dérogation aux dispositions qui précèdent,
sont recevables les demandes d'attribution de pension militaire
d'invalidité d'ayant cause au titre du code des pensions militaires
d'invalidité et des victimes de la guerre. »
III. - L'article 26 de la loi de finances rectificative pour 1981 (n°
81-734 du 3 août 1981) est complété par un
alinéa ainsi rédigé :
« Par dérogation aux dispositions qui précèdent,
sont recevables les demandes d'attribution de pension militaire
d'invalidité d'ayant cause au titre du code des pensions militaires
d'invalidité et des victimes de la guerre. »
1
Avant-propos du dossier de presse de
présentation du projet de budget des anciens combattants pour 2002.
2
Il est à noter que, jusqu'en 1995, les frais
d'hébergement étaient intégralement pris en charge
grâce à l'hébergement des pensionnés dans les
établissements militaires de cures thermales en application d'une loi du
12 juillet 1873.
3
« L'effort de solidarité nationale à
l'égard des anciens combattants », Cour des comptes, juin
2000, p. 95.
4
Idem, p. 293 et 294.
5
Rapport spécial n° 3320, annexe 8,
Onzième législature, Assemblée nationale.
6
203 millions d'annulations de crédits et 118
millions de disponibles en fin d'exercice.
7
174 millions d'annulations de crédits et
39 millions de disponibles en fin d'exercice.
8
Avant-propos du dossier de presse de présentation du
budget.
9
Avis n° 96 - tome VII, 2000-2001.
10
Ce taux de consommation tombe à 27 % en gestion.
11
Source : « Le défi de la
mémoire », rapport d'information de M. Jacques Baudot,
Sénat, n° 6, 1997-1998.
12
Cette participation de l'Etat, fixée par un
arrêté de février 1980, est inchangée depuis lors.
13
Rapport précité.
14
Rapport public particulier précité.
15
Réponse au questionnaire budgétaire de votre
rapporteur pour avis.
16
Avis n° 70, Tome VI, 1998-1999.
17
M. Jacques Floch, JO Débats AN,
3
ème
séance du 7 novembre 2001.
18
Proposition de loi relative au partage de la
réversion des pensions militaires d'invalidité, Sénat
n° 33, 2001-2002.
19
« Une politique au service du Monde
combattant », septembre 2001.
20
Dossier de presse de présentation du projet de budget des
anciens combattants.
21
Avis n° 70 - Tome VI - 1998-1999
22
Etude sur les ressortissants du département
ministériel, rapport de l'inspection générale des anciens
combattants, 1998.
23
Selon l'expression du Président Jacques Chirac, dans son
message du 25 septembre 2001.
24
Rapport n° 521, 1997-1998.
25
Avis n° 81 - tome IX -1995-1996.
26
Cette modification visait à prendre en compte non
seulement les mesures générales de revalorisation des traitements
dans la fonction publique, mais aussi les mesures catégorielles.
27
Premier des « Quarante engagements du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants pour 1998 ».
28
Réponse au questionnaire budgétaire de votre
rapporteur pour avis.
29
Une dotation de 5 millions de francs aurait ainsi permis
d'aboutir à un règlement.
30
Selon l'expression de M. Jean-Pierre Masseret dans
« Une politique au service du Monde combattant ».
31
Selon la réponse au questionnaire budgétaire
complémentaire de votre rapporteur.