3. Les légionelles dans les réseaux de distribution
Les légionelles sont des bactéries qui vivent dans l'eau. On compte une quarantaine de bactéries de cette famille dont une pathogène, la légionnella pneumophila . Elles ne peuvent être éliminées durablement car quand elles sont éliminées (par stérilisation de l'eau ou chauffage au-dessus de 60°), elles reviennent. Elles se multiplient dans les réseaux de distribution des eaux quand elles rencontrent des conditions favorables, à savoir la stagnation des eaux, la présence d'un biofilm dans les canalisations et, surtout, une montée en température. Les légionelles sont très sensibles à la température de l'eau : elles végètent dans une eau inférieure à 15°/20°, elles se développent entre 25° et 40° et meurent à plus de 60°. Les légionelles se développent donc dans les canalisations où l'eau stagne près d'une source de chaleur (conduite à proximité de chaudières par exemple).
La légionellose est une pathologie induite par la légionelle, qui se caractérise par une fièvre suivie d'une infection pulmonaire aiguë mettant en jeu le pronostic vital dan 15 % des cas. La maladie doit être déclarée, mais cette procédure est encore rarement respectée (en 1998 seulement 1/3 des 1.200 cas de légionellose diagnostiquée avait été déclaré).
La légionellose se contracte par inhalation, et non par ingestion. Il est parfaitement possible de boire une eau riche en légionelle. En revanche, l'inhalation affecte les poumons. La légionelle se transmet donc par les circuits d'eau générant des embruns, qu'il s'agisse de circuits d'eau chaude ou de climatisation utilisant l'eau pour réduire la température ambiante, et de tous les systèmes utilisant la nébulisation (bains bouillonnants, jacuzzi, brumisateurs, équipements pour traitements respiratoires...).
La légionellose est une maladie opportuniste, ce qui signifie qu'elle a besoin d'un milieu favorable pour se développer. Ainsi, si la maladie peut affecter n'importe qui, elle se développe plus particulièrement sur un terrain favorable, constitué par une population à risques. Ces facteurs de risques sont liés au sexe et à l'âge (la légionellose est plutôt une maladie touchant les hommes de plus de 70 ans), à certaines maladies (cancer, insuffisance rénale) et surtout à l'immunodépression, quelle qu'en soit l'origine (rougeole, sida...).
En couplant les modes de transmission et les facteurs de risques, la légionellose trouve donc son terrain propice au développement dans les hôpitaux et les hôtels (la « maladie du légionnaire » a été ainsi nommée car elle a été identifiée pour la première fois à la suite d'un congrès d'anciens combattants américains -l'American legion- dans un hôtel de Philadelphie en 1976. Le facteur suspecté fut le système d'aération de l'hôtel, site de la convention). Ainsi, si les légionelles existent dans l'eau, la légionellose est une maladie du progrès, liée au chauffage et aux équipements de confort.
Les actions de prévention portent sur les installations de distribution des eaux, qui ne doivent pas être couplées au chauffage et qui doivent éviter les stockages, et sur une vérification des températures. Il faut en effet veiller à ne pas chauffer l'eau froide (pour éviter un développement bactérien à partir de 25°) et ne pas refroidir l'eau chaude qui doit être maintenue au-dessus de 60°.