II. L'ARMÉE LIBANAISE ET LA COOPÉRATION BILATÉRALE
A. L'ARMÉE LIBANAISE
L'armée libanaise poursuit sa mutation vers la professionnalisation, engagée en 2007. Ses besoins actuels vont essentiellement vers le transfert de compétence, étape préliminaire pour l'acquisition d'une véritable autonomie. En parallèle, l'acquisition d'équipements modernes, notamment dans le domaine de l'appui air-sol, figure désormais de façon logique parmi ses priorités. En complément de notre importante participation à la FINUL, nous sommes en mesure de l'assister étroitement dans la réalisation de ses objectifs.
1. Considérations générales
Le Liban traverse une période calme depuis la formation du gouvernement. La déclaration de politique générale du gouvernement de Saad Hariri qui a été formé le 9 novembre 2009, n'a suscité que de faibles oppositions et le vote de confiance a été obtenu avec une majorité record. Même le Hezbollah paraît adopter une position plus mesurée.
Sur le plan militaire, cette situation se traduit par un intérêt croissant des décideurs politiques pour leur armée : la fête de l'armée, le 1 er août, et celle de l'indépendance, le 22 novembre, ont mis en exergue, aux yeux de la classe politique, la popularité indéfectible de l'armée dans l'opinion publique, tous bords confondus.
Pour autant, la concurrence du bras armé du Hezbollah demeure problématique. La solution de l'élimination de cette milice par la force est de toute évidence définitivement abandonnée et le Liban s'oriente plutôt vers une contribution de la « résistance » à la politique de défense du pays, sous une forme qui reste à définir.
L'armée est une des institutions publiques les plus stables, malgré ou grâce à sa composition multiconfessionnelle, résultant des termes mêmes de la Constitution, et peut prétendre jouer un rôle de pilier de la nation. Sa cohésion se nourrit de sa mobilisation permanente face à des menaces sécuritaires policières ou militaires internes contre lesquelles elle est l'unique rempart.
Dans ce contexte, il est important de doter l'armée libanaise de moyens suffisants pour lui garantir l'efficacité et la crédibilité dont elle a besoin sur la scène nationale. A défaut, sa capacité à contrôler la totalité du territoire libanais, conformément à la résolution 1701 des Nations unies, se trouverait hypothéquée.
2. Revue de détail
L'armée libanaise dispose d'un effectif de 66 000 hommes. La répartition confessionnelle continue de constituer la règle pour le recrutement, quel que soit le niveau.
Ses principaux équipements sont des chars soviétiques de type T55 datant du milieu du siècle dernier et M 48 américains à peine plus modernes. Elle dispose également de véhicules blindés de type VAB (français) et M113 (américain). Son aviation comporte trois avions de chasse (de type Hawker hunter) et une vingtaine d'hélicoptères de tous types.
Son budget est de 412 millions d'euros dont 21 millions pour l'équipement.
L'armée libanaise souffre de la faiblesse de ses équipements, mais aussi d'une organisation interne qui ne correspond pas à son emploi.
S'agissant des équipements, la faiblesse du budget ne permet pas d'élaborer un plan d'équipement cohérent et les forces armées libanaises (FAL) privilégient souvent les acquisitions au coup par coup, en fonction des financements disponibles. La priorité semble s'orienter vers le domaine aéromobile, mais l'engagement sur la voie d'une réelle capacité reste subordonné à l'affectation d'un budget.
Pour ce qui est de l'organisation, les FAL doivent composer avec la dualité de leur mission. D'une part, les menaces les plus sérieuses auxquelles elles doivent faire face sont celles des groupes terroristes sévissant en périphérie des camps palestiniens, tels que celui de Nahr el-Bared. D'autre part, la résolution 1701 leur impose un déploiement plus traditionnel dans le sud.
Enfin, l'armée libanaise souffre de l'armement du Hezbollah et de l'armement palestinien, en dehors des camps de réfugiés, qui limitent considérablement la souveraineté de l'Etat libanais. Certes, la signature de l'accord de Taëf a mis un terme à la guerre civile libanaise et organise théoriquement le désarmement des milices héritées de la guerre civile (1975-1990). Mais ce désarmement n'a concerné ni le Hezbollah, ni les Palestiniens.
Dans le cadre du « Dialogue national », un accord a été trouvé en 2006 pour organiser le désarmement palestinien. Cet accord doit toutefois toujours être mis en oeuvre.
S'agissant du Hezbollah, dont le désarmement est mentionné notamment dans les résolutions 1559 et 1701 des Nations unies, il reste un enjeu politique majeur. Il est traité spécifiquement dans le cadre du Dialogue national, dirigé par le Président Michel Sleimane, dont les réunions, interrompues par le cycle des élections et de la formation du Gouvernement, doivent désormais reprendre pour discuter notamment de l'adoption d'une « stratégie de défense nationale ».