B. UNE POLITIQUE EXTÉRIEURE OFFENSIVE

La politique étrangère constitue une priorité des présidences « Kirchner ». En tant que membre fondateur du Mercosur , l'Argentine s'est donnée pour priorité d'établir des liens de confiance avec ses principaux voisins.

Ainsi, une force militaire intégrée a été mise en place avec le Chili (« Cruz del Sur ») à l'image de la brigade franco-allemande. Une coopération privilégiée s'est substituée à la concurrence avec le Brésil, notamment dans le domaine du nucléaire civil. Quant aux relations avec l'Uruguay, elles demeurent, à certains égards, complexes et sont parfois l'objet de dissensions 15 ( * ) .

Après des années de soutien inconditionnel aux Etats-Unis , sous la présidence de Carlos Menem, l'Argentine a adopté une position plus critique dans le cadre de celle de Nestor Kirchner. Depuis lors, les relations bilatérales peinent à retrouver le niveau qu'elles avaient atteint dans les années 1990, en dépit de leur normalisation.

S'agissant des pays européens , la Présidente tend à nouer des liens non seulement avec l'Espagne mais également l'Italie, l'Allemagne et la France 16 ( * ) .

Alors que le trentième anniversaire de la guerre des Malouines avec le Royaume-Uni a été célébré en avril 2012, la revendication de ces îles demeure un sujet de dissension entre les deux pays. Après un certain apaisement des positions sous les présidences Alfonsi et Menem, l'Argentine maintient sa revendication de souveraineté sur ce territoire au nom des principes de continuité territoriale et du droit des peuples à la décolonisation. Elle a donc demandé l'ouverture de négociations avec le Royaume-Uni.

En ce qui concerne le Proche-Orient , les relations de l'Argentine avec l'Iran ont été marquées par l'attentat de 1994 contre la communauté juive à Buenos Aires, pour lequel plusieurs ressortissants iraniens sont poursuivis. La condamnation argentine du programme nucléaire iranien avait également conduit à la dégradation des relations entre les deux pays. Le dialogue avec Téhéran a toutefois été renoué le 29 octobre 2012 en Suisse. Si l'Argentine entretient traditionnellement de bonnes relations avec Israël, elle a néanmoins reconnu l'Etat palestinien en décembre 2010.

Sur le plan multilatéral , le pays tend à adopter une position spécifique en fonction des sujets . Ainsi dans le domaine du maintien de la paix, de la non prolifération et des droits de l'Homme, elle partage les objectifs des pays occidentaux.

A titre d'illustration, elle a promu avec la France l'adoption, en 2007, de la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, aboutissement de plus de vingt cinq années d'efforts de la part des deux pays ainsi que des familles de disparus.

La première réunion des Etats parties à la Convention s'est tenue le 31 mai 2011 à New York, sous la présidence de l'Argentine. Cette dernière y a été désignée avec neuf autres membres 17 ( * ) afin de siéger au sein du nouveau Comité des Nations unies, chargé de traiter les plaintes individuelles. Elle a été également élue au Conseil de sécurité des Nations unies pour 2013-2014 ainsi qu'au Conseil des droits de l'Homme.

En revanche, elle tend sur certains points à se montrer critique vis-à-vis des institutions financières internationales (Fonds Monétaire International, Organisation mondiale du commerce, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) à l'instar de nombreux pays émergents.

Au sein du G20, elle défend une vision plus sociale des relations économiques, s'appuyant davantage sur l'Organisation internationale du travail. Dans le cadre de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), elle soutient le groupe « Unis pour le consensus », emmené par le Royaume-Uni, l'Italie, le Pakistan et le Mexique qui plaident pour un élargissement du CSNU uniquement à la catégorie des membres non permanents.


* 15 Cf . conflit des usines de papeteries installées sur la rive uruguayenne du fleuve frontalier et la question du dragage du canal Martin Garcia.

* 16 Elle y a accompli en février 2007, de manière symbolique, son premier voyage sans son époux, alors qu'elle était encore Première dame.

* 17 France, Albanie, Allemagne, Espagne, Irak, Japon, Sénégal, Uruguay et Zambie.

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